Port des Minimes : stop ou encore ?

Publié le 04 novembre 2011 par Blanchemanche
La justice se prononcera aujourd'hui sur la poursuite du chantier.
http://www.sudouest.fr/2011/11/04/port-des-minimes-stop-ou-encore-544283-706.php Par PIERRE-MARIE LEMAIRE

L'interruption du chantier serait lourde de conséquences pour la ville de La Rochelle. Financières, économiques, mais aussi environnementales. PHOTO PASCAL COUILLAUD
C'est Robin des Bois qui a décoché la première flèche. L'Association de protection de l'Homme et de l'environnement, puisque telle est sa dénomination officielle, a réclamé hier au juge des référés du tribunal administratif de Poitiers la suspension immédiate des travaux d'extension du port de plaisance des Minimes.
Son président, Jacky Bonnemains, est venu en personne plaider sa cause. Il s'est trouvé bien seul face aux avocats de la mairie de La Rochelle et aux représentants de la préfecture accourus en force pour demander le rejet de la requête et la condamnation de Robin des Bois à leur verser 3 000 euros pour procédure abusive. Le juge des référés, Didier Artus, doit rendre sa décision ce vendredi.
Risque de submersion
Un référé-suspension suppose qu'il existe un doute sérieux sur la légalité de l'acte administratif attaqué (en l'occurrence l'arrêté préfectoral du 27 mai 2010 qui a autorisé l'extension du port) et qu'il y a urgence à en suspendre l'application en attendant que le litige soit tranché sur le fond.
Pour Jacky Bonnemains, l'urgence tient à la protection des Rochelais face au risque de submersion marine. Les études d'impact datent d'avant Xynthia, affirme-t-il, elles n'ont pas intégré la possibilité d'un raz de marée comme celui qui a noyé le littoral charentais le 28 février 2010. « La baie de La Rochelle se trouve amputée de 20 hectares sur 300. Rétrécir l'entonnoir va modifier les courants et les mouvements des marées. » Si le plateau nautique des Minimes en est mieux protégé, quid de Port-Neuf et du Vieux-Port ?
Jacky Bonnemains juge l'étude complémentaire menée durant l'été 2010 « incomplète », « trop rapide » et peu fiable. « Elle a été réalisée par le même cabinet rochelais [Créocéan] qui avait conduit les études préalables. Il faut d'autres expertises, confiées à d'autres laboratoires nationaux, de préférence d'État. » Sous-entendu : et pas à un cabinet local, aussi réputé soit-il, dont le PDG, Jean-Marc Sornin, est adjoint au maire de Nieul-sur-Mer et siège à la Communauté d'agglomération de La Rochelle.
Irrecevable
Cette expertise, pourquoi ne pas l'avoir commanditée vous-même ? rétorquent de l'autre côté de la barre les avocates parisiennes de la mairie. Et où est l'urgence quand l'arrêté préfectoral attaqué date de mai 2010 et que les travaux ont commencé au printemps ? Tous les arguments sont bons. Mes Françoise Sartorio et Barbara Rivoire ironisent sur la raison sociale de Robin des Bois : « C'est la protection de l'Homme, avec un grand "H", pas les questions d'urbanisme. Votre requête est irrecevable parce que vous n'avez aucun intérêt à agir. » Elles s'interrogent : l'association s'est-elle bien acquittée des 32 € nécessaires désormais pour lancer une procédure ?
Plus sérieusement, elles rappellent les conclusions des études intégrées au dossier d'enquête publique. Elles ont pris en compte les effets de tempêtes encore supérieures à Xynthia et démontrent que l'extension du port n'aura « pas d'incidences sensibles sur la courantologie générale de la baie ». Mieux, « en situation future, les niveaux d'agitation obtenus par modélisation sont plus favorables qu'en situation actuelle pour l'ensemble des bassins existants ou futurs. »
En revanche, l'interruption du chantier serait lourde de conséquences pour la ville de La Rochelle. Financières, économiques, mais aussi environnementales : « Les travaux de consolidation en cours, s'ils étaient interrompus, feraient courir des risques à la population. »
« On sait qu'il peut y avoir des tempêtes au bord de la mer, a conclu le président Artus. La question est donc de savoir si l'extension du port crée un risque supplémentaire ? » Réponse aujourd'hui.