Ententes illicites, évasion fiscale, corruption : l'Europe des "affaires" se porte trop bien

Publié le 27 février 2008 par Danielriot - Www.relatio-Europe.com

LE BULLETIN DE WILLIAM PETITJEAN

Le scandale de la Société général n’est pas encore complètement élucidé, mais l’attention est attirée vers d’autres « affaires »… Subitement, on découvre des ententes illicites. Cela fait scandale parce que cela touche des produits de grande consommation… On se moque de qui et de quoi ?

Comment oublier, en effet, que ce type d’affaires est courant, en France et dans l’Union européenne ; 11 cas recensés l’an dernier et 11 en 2006, en France. Chauffent, chauffent les prix !!!
Toutes les ententes illicites ne sont pas dénoncées comme elles le devraient. Pour cause : Il n’y a pas toujours un « repenti » qui lève le lièvre…Et les services de la Commission ne sont pas équipés pour déceler tout ce qui est « dysfonctionnement ».
Subitement encore, à la faveur d’un scandale qui dépasse les bornes en Allemagne, on redécouvre que le Liechtenstein fait sa fortune grâce aux fraudeurs…. Qui l’ignorait ? D’ailleurs cette principauté coincée entre Suisse et Autriche n’est pas la seule terre bénie des coffres-forts respectables qui servent de lessiveuses à l’argent sale. En l’occurrence, les paradis fiscaux sous les Tropiques n’ont en rien supprimé les coins de paradis d’Europe… Les maîtres du Liechtenstein ont leur bonne conscience avec eux : « Nous voilà des années que nous opérons ainsi. C’est ailleurs que les taxes ne cessent d’augmenter »… D’où plus de 96 000 sociétés domiciliées dans le Principauté pour 35 000 habitants…

Les réactions outragées des autorités politiques, financières et commerciales seraient plus rassurantes si ce type d’affaires rendues publiques ne constituait pas que la partie visible de l’iceberg.... Et si des mesures sérieuses et courageuses étaient prises partout où paradis fiscaux prospèrent, où les  terres à « sociétés-écrans » sont généreusement labourées, et où les ententes illicites ou masquées ne se comptent plus. Le « libre concurrence» a ses règles, de transparence, d’équilibres du marché, d’égale position…Le libéralisme, trop défiguré, n’est pas la loi de la jungle… Et n’a rien à voir avec l’Hyper-capitalisme en vigueur…
  Deux mesures, au moins, s’imposent aux niveaux européens et nationaux :
1) Un renforcement des pouvoirs de la police et de la justice financière et la création d’une Europe politique de la Justice qui inclut toutes les formes de délinquances, y compris contre les consommateurs… Car une entente illicite entre distributeurs se fait toujours sur le dos des producteurs et des consommateurs.
2) Une moralisation des relations entre les milieux politiques et les milieux financiers. De ces relations qui sont cachées mais bien réelles  dans nombre de pays et qui s’étalent de plus en plus avec cynisme dans le rubriques « pipoles » et très rarement, « faits divers » ou « justice »

Ces deux mesures effectives permettraient sans doute d’éviter l’explosion d’un certain nombre d’affaires de moindre envergure mais révélatrices du climat très malsain qui règne actuellement dans cette « géofinance » mondiale bien servie par des défauts de visions de la sphère politique.
L’affaire Suez-Albert Frère, révélée par Relatio, n’est ni une histoire de paradis fiscal, ni une affaire d’entente illicite. Mais comment peut-on ainsi laisser un parfum de « pacte de corruption » flotter au-dessus du mariage contesté entre SUEZ et GDF et des relations d’amitié entre le locataire de l’Elysée et un milliardaire belge ? L’ITW de Jean-Marie KUHN et la gravité du dossier mis au point, exige au moins quelques explications de la part des personnalités interpellées…
Jusqu’où la loi du silence, jusqu’à quand l’omerta ? Nous savons, à RELATIO, que ce « dossier KUHN » est complexe, dense et très difficile à résumer en un petit article comme la presse les aime de plus de plus… Mais nous savons aussi que bien des anomalies mises en relief posent de sérieuses questions. Ne serait-ce que parce que le ministère de finances a incité le plaignant à déposer une plainte… Original, non ?
Quand trop d’affaires s’ajoutent aux affaires et quand tant affaires peuvent en cacher d’autres, le climat de confiance si indispensable pour la croissance, devient difficile à établir. Pour gagner plus, travailler plus ou tricher davantage ?...
William PETITJEAN