Dans une salle (je ne sais plus laquelle) tout un tas de reproductions lapidaires d'animaux plus ou moins réalistes avec une tendance à réprésenter ceux qui s'affrontent (et se tuent) comme pour souligner que la nature est plus cruelle que l'art (chargé de l'adoucir ?). Des têtes, des bustes voire des statues complètes qui sont autant de "souvenirs" de physiques anciens et pourtant rendus présents par le miracle d'une sculpture qui fige dans l'instant (ce qu'on pourrait appeler une "pompéïsation" des corps). On se surprend à se demander qui on aurait été, ce qu'on aurait été dans un monde où les corps, les monuments étaient ainsi. Pour moi qui m'intéresse à des notions abstraites dans la philosophie grecque, latine et arabe, ce type de voyage me permet d'être en présence de la présence physique des êtres, des murs, des monuments et de me dire: comment pensait-on quand on avait cela en face des yeux ? Certes, l'abstraction des concepts fait qu'ils gardent une vérité par delà les époques et qu'ils peuvent être des outils de pensée dans des contextes différents, reste que c'est face à des colonnes que le grec ou le romain pensait, que c'est aux thermes qu'il discutait. Quant aux arabes, même un philosophe peu religieux comme Razi entendait le muezzin cinq fois par jour et ce genre de faits mis bout à bout compte dans la reconstitution d'une pensée.