La crise : ce que personne ne dit (suite N°)

Publié le 06 novembre 2011 par Dubruel


par Louis Dalmas (son site) mercredi 2 novembre 2011

lu sur le site Agora vox

Mais pourquoi la confiance disparaîtrait-elle ? Parce que la transformation de l’argent en monnaie virtuelle a engendré un monde de manipulateurs de la virtualité, le monde d’une nouvelle féodalité, celle des seigneurs de la finance, celle des banques. Ce monde détaché de la réalité est un monde élitaire et un monde opaque. Henry Ford, le célèbre industriel automobile, a dit un jour : “Si la population comprenait le système bancaire, je crois qu’il y aurait une révolution avant demain matin.” Il disait vrai, car dans le monde virtuel, non seulement tout se déroule dans le secret des initiés, mais tout devient possible pour ceux qui savent le manipuler. Ceux-là sont aujourd’hui les maîtres de notre Occident. Ils constituent le nouveau pouvoir mondial : le pouvoir des banques. Ce pouvoir comprend la domination sur la société, l’assujettissement des politiciens, la garantie de privilèges exorbitants, les spéculations hasardeuses et les escroqueries.

Comment se manifeste ce pouvoir ? L’assujettissement des politiciens ne repose pas seulement sur la vénalité de certains d’entre eux. Charles Quint disait avec mépris : “Un homme politique incorruptible est seulement un peu plus cher que les autres.” Il avait raison en partie, mais en partie seulement, car là encore, il ne faut pas généraliser. En fait, la pression des banques est beaucoup plus subtile que la corruption directe. Elle s’exerce sur les carrières, la présence dans les médias, les décisions gouvernementales.

Un petit rappel historique du droit de création monétaire va nous montrer à quel point elle est efficace.

Le 23 décembre 1923, le Congrès des Etats-Unis a donné à la FED, la banque centrale américaine, le droit de fabriquer de la monnaie. Décision dramatique, car la FED, qui a l’apparence d’une banque nationale, est en fait une banque privée composée de l’association des banques du pays. C’était priver la nation du droit de créer son propre argent. Le président de l’époque, Woodrow Wilson, de nombreux sénateurs, et l’ancien secrétaire du Trésor, Salmon P. Chase, ont gardé toute leur vie le remords d’avoir laissé passer cette loi. Salmon Chase a écrit : “Ma contribution au passage de la loi sur les banques nationales fut la plus grande erreur financière de ma vie. Cette loi a établi un monopole qui affecte chaque intérêt du pays. Cette loi doit être révoquée, mais avant que cela puisse être accompli, le peuple devra se ranger d’un côté, les banques de l’autre, dans une lutte telle que nous n’en avons jamais vue dans ce pays.”

En 1963, le président Kennedy essaiera de s’affranchir de la tutelle bancaire en exigeant l’impression d’une monnaie fédérale. Il sera assassiné juste avant que les nouveaux billets ne soient mis en circulation et ces derniers seront détruits juste après sa mort.

Après Bretton Woods, le dollar n’était plus étalonné sur l’or, mais il pouvait être échangé contre de l’or, comme c’était inscrit sur chaque billet. Le 15 août 1971, le président Nixon a mis fin à cette convertibilité. A partir de là, “les banques américaines pourront fabriquer autant de dollars qu’elles le voudront. Et pour que le monde ait besoin de dollars, il suffira de développer les échanges entre tous les pays.” C’était le début de la mondialisation.

En France, la date fatidique dont on ne parle jamais, est le 3 janvier 1973. Jusqu’alors l’Etat pouvait emprunter à la Banque de France à taux zéro, c’est-à-dire sans payer d’intérêt. Une situation normale, puisque la Banque de France était la France. Ce jour-là, le président Pompidou, un ancien responsable de la banque Rothschild, a fait adopter à l’Assemblée – dont les députés étaient sans doute encore engourdis par les fêtes de fin d’année – la décision catastrophique d’interdire à la France de créer sa propre monnaie, ce qui l’obligeait à emprunter aux financiers et aux banques privées. Si l’on calcule le cumul des intérêts des emprunts que la France a du payer au marché privé depuis ce jour malheureux, on arrive à un total de 1.500 milliards d’euros, une somme correspondant à notre dette nationale. Autrement dit, sans cette loi honteuse, la France ne serait pratiquement pas endettée aujourd’hui.

Passons sur le scandale des crédits immobiliers, les titres hypothécaires pourris, le racket des subprimes, le garrottage de la Grèce par les vautours de Wall Street, les spéculations insensées. Ces symptômes ravageurs du cancer financier qui a fait exploser le système, ont inondé tous nos journaux. Contentons-nous d’évoquer une des escroqueries qui est à la base du pouvoir des banques : la possibilité de fabriquer de l’argent ex nihilo, c’est-à-dire à partir de rien.

Le mécanisme est simple. Vous négociez un prêt avec votre banque pour acheter une voiture ou un appartement. Il suffit au banquier de taper la somme sur son ordinateur. Vous lui remboursez la somme au bout d’un certain nombre de mensualités et la dette est électroniquement effacée. Mais ce qui n’est pas effacé, et qui est réellement encaissé par la banque, ce sont les intérêts que vous lui avez payés. Ca, c’est de l’argent frais, nouveau, fabriqué de toutes pièces. Reportez le processus à l’échelle mondiale, et vous aurez une idée de l’enrichissement de votre brave banquier.

Maurice Allais, prix Nobel de science économique en 1988, disait crûment : “Par essence, la création monétaire ex nihilo que pratiquent les banques est semblable – je n’hésite pas à le dire pour que les gens comprennent bien ce qui est en jeu ici – à la fabrication de monnaie par des faux-monnayeurs, si justement réprimée par la loi. Concrètement elle aboutit aux mêmes résultats. La seule différence est que ceux qui en profitent sont différents.”