Lettre à Steve

Publié le 11 octobre 2011 par Ogenius @Macaficionados

Cher Steve,

J’ai rassemblé mon courage et mes forces pour t’écrire ces quelques mots d’hommage…

Comme la plupart des gens, l’annonce de ton grand départ a eu sur moi un effet retentissant…Oui, comme beaucoup d’entre nous, je redoutais ce moment. On dit qu’il y a peu de mots pour exprimer la douleur que l’on ressent lorsqu’on perd un être cher. Cette séparation douloureuse que vivent tes proches, je la ressens, comme des centaines de milliers de personnes à travers le monde. Ni tes images qui déferlent en vagues comme des perles de mantras sur Internet, ni les photos inédites qui te sont adressées, pas même cette vidéo de ton discours mythique à Standford ne peuvent me consoler.

Ton départ

Comme beaucoup d’entre nous, j’ai le sentiment profond de t’avoir connu…
Oui je sais… Étrange sentiment, lorsque nous ne nous sommes pourtant jamais rencontrés et que nous n’avons jamais échangé. Non, certes pas de manière formelle.

Mais tout comme des millions d’individus, nos destins se sont pourtant croisés. Oui,  comme beaucoup d’entre nous, je crois.
Les témoignages de reconnaissance qui se succèdent de jour en jour, pour honorer ta mémoire, en provenance d’hommes et de femmes, de jeunes et d’adultes montrent à quel point tu étais aimé et apprécié, à ta juste valeur.

J’ai dû prendre beaucoup de recul avant de t’adresser ces quelques mots…

Oui, je crois qu’il est des êtres d’exception qui entrent dans nos vies, par un matin de printemps ou une nuit d’hiver et qui leur donnent une autre tournure, une lueur nouvelle, empreinte d’espoir. J’aime me rappeler sans cesse cette citation que mon meilleur ami m’avait laissée, le même mois que celui de ta propre disparition, à seulement quelques jours d’intervalle:

«Vous êtes aussi jeunes que votre foi, aussi vieux que votre doute, aussi jeune que votre confiance en vous, aussi vieux que votre peur. Vous resterez jeunes tant que vous resterez réceptifs à ce qui est beau, grand et bon. Réceptifs aux messages de la nature, de l’homme et de l’infini»…

Steve

J’ai appris à te connaître à travers ton sens du détail et cette quête de la perfection qui s’exprimait dans le moindre de tes produits. Tous ceux qui ont un jour possédé un Mac, un iPod, un iPhone ou un iPad savent de quoi je parle. Ce sentiment de posséder entre ses mains un outil précieux, une pièce rare sur laquelle nos empreintes se déposent.

L’amour qui te liait à Apple est indicible. Quant à moi, comme un élève discipliné, je te suivais et apprenais chaque fois un peu plus de toi.
Véritable artisan dans l’âme, travailleur acharné, tu savais venir chercher ce qu’il y a de meilleur en tes collaborateurs et mener à bien vos projets communs. On avait l’impression que tout ce que tu touchais se transformait en or, tant cela paraissait facile.Tu as redressé une compagnie au bord du gouffre et l’a placée sur un piédestal. Tu es un leader charismatique d’une grande rareté et un visionnaire de ce siècle.

Ta vision

Comme tu le disais si bien toi même: «My job is to not be easy on people. My job is to make them better. My job is to pull things together from different parts of the company and clear the ways and get the resources for the key projects.» (traduction libre «Mon travail consiste à ne pas être tendre avec les gens. Mon travail consiste à les rendre meilleurs- dans leur travail-. Mon travail est d’assembler les meilleurs éléments de la compagnie et de dessiner les voies en obtenant les ressources nécessaires à la réalisation des projets importants).

Tu nous a tous touchés, Steve: à travers tes discours, à travers tes produits, par ta vision du monde. Tu nous a démontré qu’avec de la volonté, conjuguée aux efforts collectifs et dosée d’une foi inébranlable en l’avenir, nous sommes bien capables du meilleur.

Quant à ce monde dans lequel nous vivons et que tu quittes, qu’en disent les gens, tu l’auras pourtant bien changé: de l’informatique (premières souris commerciales)  à la musique (introduction d’iTunes) en passant par les arts, le commerce électronique et la cinématographie (ton studio Pixar), tes empreintes numériques nous suivront encore longtemps.

Toy Story, par les studios Pixar, de Steve Jobs

Ton Combat

Tu as placé Apple sur les plus hauts sommets: la compagnie de technologie la plus prospère au monde et la plus appréciée. En humanisant les rapports entre l’homme et la machine, jusqu’à la rendre « user friendly« , amicale comme un jeu d’enfant, tu nous a permis de rêver, et d’y croire, jusqu’au bout.

Tes plus grands rivaux ont salué tes combats, entrepreneur éclairé.
Mais ce dernier combat, tu l’as livré seul, derrière les écrans, par delà les articles de prestiges ou les jugements de tes plus féroces compétiteurs. Je salue ta patience et ton courage, ton endurance et ta foi, tout comme je salue ces inestimables qualités de mon défunt ami. Jusqu’au bout tu auras tenu et te seras battu. Si le monde a perdu un génie, j’ai perdu un bâtisseur de rêves. Si le monde a perdu un repère, j’ai perdu un phare et un mentor. Ton départ me rappelle à quel point la vie doit être vécue pleinement, chérie et protégée.

La communauté d’entrepreneurs, d’artistes et d’artisans, de producteurs et de cinéastes, de musiciens et d’écrivains, d’architectes et de designers te salue haut et fort, Steve…

L’Avenir

Je vois poindre un jour nouveau. Je sais que nous devons laisser derrière nous tout ce qui nous empêche réellement d’avancer et de nous réaliser: la peur de la mort, des échecs et des critiques, des hésitations et des regrets, pour trouver refuge dans l’essai. Car qui ne tente rien n’a rien. Tu auras poussé l’innovation jusqu’à la révolution. The Mothership, ton dernier projet, présage le meilleur: une communauté de passionnés qui iront, j’en suis sûr, au bout de leurs rêves, tout comme toi!

Comme chacun d’entre nous, tu es et resteras irremplaçable.
Merci Steve d’avoir tracé ta propre voie et d’avoir ouvert celle de beaucoup d’entre nous.

Wall●E et moi te disons merci…

OGenius

Fondateur, Mac Aficionados

Wall E Pixar