[report] festival inrock black xs

Publié le 10 novembre 2011 par Acrossthedays @AcrossTheDays

Une fois de plus, le magazine Les Inrocks organise le dernier festival de l’année, et sillonne la France. Parmi les heureuses villes élues, Nantes, qui a accueilli ce week-end  dans la salle fraîchement inaugurée de Stereolux, James Blake, Cults, Laura Marling et La Femme le samedi soir, ainsi que Friendly Fires, Miles Kane, Foster The People et Morning Parade le lendemain. Live review pour savoir quoi dire au prochain hipster qui croisera votre chemin.

Jour 1 

La Femme

En studio, les Biarrots distillent une pop légère, un truc à écouter après une longue journée de surf, en se faisant masser sur la plage, les derniers rayons du soleil couchant caressant vos muscles endoloris (hé, ils sont pas Basques pour rien). Sur scène, c’est une autre affaire. Tout de blancs vêtus, cheveux peroxydés et disposés en ligne, leur pop prend sur scène des tonalités martiales, l’atmosphère se teinte de noir mais la sauce prend plutôt bien. Les pas de danse de la seule chanteuse hypnotisent certains garçons dans le public, d’autres se contentent de disserter sur le look du groupe. Au final, c’est un peu répétitif, et même si le tout est très chic, on s’ennuie quand même un petit peu, même si la tentative de mise en scène est intéressante.

Cults

Sur scène, le duo aux cheveux longs embauche quelques musiciens. A l’entrée sur scène, je n’ai qu’une seule pensée « Mais bordel, qui s’est occupé des balances, sérieux ? ». J’ai ma petite idée sur la réponse (« un mec pressé ») vu l’état de mes tympans. Mais les problèmes acoustiques sont vites résolus, et puis ça devient bien. En guise d’accompagnement visuel, des extraits d’un vieux film en noir et blanc. Quant à Cults, ils réussissent à sublimer leurs chansons mais ils semblent parfois un peu trop statiques, c’est dommage car on sent le plaisir qu’ils ont à jouer leurs chansons, mais ils manquent parfois d’un petit sens du show.

Laura Marling

Tous les ans au festival des Inrocks, une grave faute de goût menace de gâcher une des deux soirées. Cette année, Laura Marling a décidé d’entrée de jeu de bien nous refroidir après l’excellent set de Cults. Qu’elle nous gave de folk ou nous fasse chier avec sa country, impossible de s’intéresser à cette fille. Comme il est risqué de venir à une soirée remplie de hipsters en étant mal habillée, elle essaie de se donner un peu de street cred en changeant de guitare entre chaque morceau. Systématiquement. Ca fait très chic mais ça sert à rien, il faut brancher et rebrancher à chaque changement, c’est absolument ridicule. Quant à la musique, c’est la même soupe indie-country qu’on essaie de faire passer pour du folk depuis vingt ans. Sortez les chevaux des écuries, nouez votre chemise bûcheron au dessus du nombril, enfilez un mini-short, et attrapez le premier chapeau venu, sans oublier le lasso. On s’y croirait presque, mais je n’y vois aucun intérêt. Certains appellent au génie, je ne vois qu’un jeu de scène inexistant et une minette mal fringuée au songwriting répétitif.

James Blake

Qu’on le décrive comme « le jeune anglais à la voix d’or » ou « le nouveau génie de la scène electro », James Blake captive et ne laisse personne indifférent. Sur scène, accompagné de deux musiciens, ses morceaux prennent une toute autre dimension. Les mélodies sont délicates mais puissantes, et sa voix fascine la salle. Parfois, les basses se font plus fortes que jamais, histoire de dire « tu la sens, ma grosse influence post-dubstep ?», mais on ne lui en tient pas rigueur tellement le show, travaillé à la perfection, nous comble les oreilles. N’hésitant pas parfois à adresser un petit mot à la salle, il rentre toujours très vite dans ses morceaux et nous donne à voir un concert captivant.

Jour 2

Morning Parade

Si le groupe intéresse par son concept et sa méthode de travail draconienne (enfermés en studio par leur producteur jusqu’à ce que le résultat soit satisfaisant, ce qui a pris deux ans), en live c’est une toute autre affaire. Il est vrai que les morceaux sont efficaces et que les musiciens se donnent à fond (fait rare à 19h, mais la salle était bien plus remplie que prévue), mais la sauce a un petit peu de mal à prendre. Est-ce l’aspect « mini-U2 », ou le côté Robbie Williams du chanteur ? Difficile à dire (c’est lié, de toute façon), et le groupe ne s’applique que trop bien à chauffer la salle. Quelques spectatrices s’inventent groupies, Morning Parade se la joue un peu, au final tout le monde en rigole.

Foster The People

Le groupe qui devait être à l’origine la révélation labellisée « Inrocks 2011 » s’est retrouvé en haut des charts avec un peu d’avance, tant et si bien que la salle les a attendus avec autant d’impatience que si Mick Jagger se préparait backstage. En parlant de backstage, on ne sait pas quoi à quoi ils carburent mais il ne doit pas y avoir que de la Red Bull dans leur vodka… Ils sautillent, s’agitent, grimpent, sautent. Ils envoient, ils profitent de la vie en même temps qu’ils distillent les meilleurs morceaux de leur album, alternant les tubes indéniables (Pumped Up Kicks en tête) et les morceaux plus « difficiles », se permettant même un passage entièrement instrumental de cinq minutes en milieu de set. Une réussite totale, d’un groupe qui sait y faire en live.

Miles Kane

L’an dernier on avait eu droit à Carl Barât le meilleur pote (enfin…) de Pete Doherty, cette année c’est à Miles Kane, meilleur pote d’Alex Turner de faire crier les groupies. Musicalement honnête, l’homme au slim blanc semble en faire parfois un peu trop. Si ça suffit à faire plaisir à ces demoiselles et à lancer quelques pogos dans la fosse, Miles Kane se la joue peut-être un peu trop rockstar pour être honnête. La musique est efficace bien que presque trop calculée. C’est con Miles, un peu plus de spontanéité aurait été un peu plus classe (oh et puis arrête de te remonter ton slim toutes les trente secondes et achète toi une ceinture, sérieux).

Friendly Fires

J’avais entendu des bruits de couloir disant qu’ils étaient très bons sur scène, je n’y avais prêté qu’une demi-oreille, et à tort. Ils ne sont pas « très bons », ils sont tout simplement hallucinants. Le chanteur Ed mouille la chemise (non, je veux dire littéralement qu’en deux morceaux sa chemise s’est transformée en piscine), il se donne totalement. Il est en transe tout au long du set, prend un petit bain de foule (je suis sûr que c’était une stratégie pour essayer de sécher sa chemise sur les corps de groupies en furie), frappe contre son crâne avec le micro (les « knock knock » résonnent encore dans ma tête), et se donne à fond avec son petit déhanché à croquer. Fascinant, je serais tenté de dire que c’est presque plus qu’un concert qui se déroule sous nos yeux, mais une réelle expérience musicale. C’est l’occasion de voir un homme s’offrir entièrement à sa musique, et c’est chose rare. Un cadeau précieux que tout le monde a apprécié.

 Au final, c’est un festival qui, sans réellement révéler de groupe, a su confirmer le talent de certaines nouvelles têtes, tout en restant pointu, les légers écarts étant pardonnés au vu du reste de la programmation de qualité, qui a offert au nouveau-né Stereolux des prestations que Nantes n’oubliera pas de si tôt !

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