Conte soufi : Empressement et respect

Publié le 12 novembre 2011 par Unpeudetao

   Musa Farawani dit à Daud, fils de Zulfi :
   “J'ai servi Sharif Abdalmalik pendant vingt ans, et il ne m'a témoigné que de l'indifférence. J'ai persévéré cependant, espérant comprendre un jour pourquoi il faisait si peu attention à moi, mais je n'ai jamais pu résoudre ce mystère.”
   Daud, fils de Zulfi, répondit :
   “Le servais-tu avec le même empressement que tu aurais montré s'il avait été le roi ?
   - Je ne crois pas.
   - Le servais-tu aussi fidèlement qu'un artisan sert l'oeuvre qui sort de ses mains ?
   - Je ne crois pas.
   - Le servais-tu avec l'empressement que tu aurais montré s'il s'était agi d'un fonctionnaire de haut rang ou d'un chef militaire, toi n'étant qu'un fonctionnaire subalterne ou un simple soldat ?
   - Je ne crois pas.
   - Eh bien, il attendait que tu manifestes ces formes de service. Le sharif, serviteur du Très-Haut, ne pouvait accepter un service moindre que ce qui est manifesté aux niveaux inférieurs.

   “Tu appelles “mystère” ce que tu ne veux pas voir. Tu appelles “service” ce qui n'est pas le service. Tu n'as pas encore commencé de servir : tu ne peux donc demander pourquoi ton “service” inexistant n'a pas été accepté.”

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