Intouchables (2011) de Éric Toledano et Olivier Nakache

Publié le 13 novembre 2011 par Flow

Intouchables.

(réalisé par Éric Toledano et Olivier Nakache)

Toi + Moi.

Je ne vais pas vous ressortir ma vieille rengaine sur le cinéma français, à force vous la connaissez par cœur. On m'a un peu forcé la main pour celui-ci mais je ne regrette pas, tant c'est une bonne surprise. Ce n'est pas le film de l'année, loin de là, mais il n'a rien de honteux en plus de divertir.

Drice est un jeune black de cité qui vit de ses assedics, sur le dos du système. Philippe est tétraplégique et fortuné. De leur rencontre hasardeuse va naître une amitié véritable et intouchable...

J'ai toujours du mal à aborder notre cinéma national. Manque de références pour comparer, dégout presque naturel... Je ne suis certainement pas le mieux placer pour évoquer ce long-métrage mais je vais tout de même essayer. Certains n'y verront qu'une comédie dramatique franchouillarde de plus, au fond plus démago que pertinent, dans la lignée d'horreurs comme Bienvenue chez les ch'tis. Ils auront tout à fait raison. Pourtant, premier opposant de ce genre de cinéma, j'ai bien aimé...

Une question aussi simple qu'essentielle vous vient alors: pourquoi? Oui, pourquoi? Je vous répondrais que ça ne tient qu'à une seule composante du film: son interprétation. François Cluzet et Omar Sy se donne à fond pour leur rôle. Bien sûr, l'absence de véritables enjeux psychologiques (on sait dès la première image comment le film va se terminer) les empêche de s'élever au-delà de la caricature mais qu'importe. Le premier parvient à très bien faire passer une certaine compassion pour son personnage sans bouger autre chose que sa tête. Son blues, lié à son veuvage et à son ennui ne concerne en rien son handicap (ceux partis pour voir un film sur ce sujet délicat seront déçus) mais nous touche quand même. Le second campe un jeune de banlieue archétypal. Sa vie est misérable - partagée entre la grisaille de la cité, une famille nombreuse et son implication dans des affaires peu nettes – mais ne parvient pas à entacher son enthousiasme et sa bonne humeur. Le cinéma populaire est bien incapable de dépasser ce topos trop largement enfoui dans les représentations collectives du jeune de cité. Lui demander de le faire est certainement tout aussi stupide. Vaut mieux s'en accommoder. Ou du moins essayer. De l'association de ces deux acteurs assez différents naît une étonnante alchimie, une complicité voire une complémentarité quasi naturelle. Elle permet au film de s'élever au dessus de ce qu'il est afin de vraiment divertir, voire même d'attendrir. Autant dire que sans leur présence, il n'est pas si évident que le film aurait pu fonctionner. Personnages secondaires inexistants (la fille de Philippe par exemple), scénario convenu avec sa garantie histoire vraie, bons sentiments outranciers et humour drôle (ahah) mais sur la corde raide (faut apprécier les vannes constantes sur les handicapés).

Je m'arrête là mais vous avez saisi l'essentiel. Un film porté par ses interprètes qui parviennent à transcender le quasi-vide qui les entourent. Mais c'est déjà pas si mal et ça fonctionne bien. Et puis vaut mieux allez le voir lui que donner des thunes à Clavier et à sa bouse raciste (argument inattaquable).

Note: