Racing-Métro 92 : Un problème à résoudre.

Publié le 14 novembre 2011 par Lben

Chronique du lundi 14 novembre 2011.

Le Racing-Métro perd souvent en ce moment. Pire même, l’équipe Parisienne donne l’impression de manquer d’âme et de se laisser dominer par ses adversaires. Inquiétant ?

Les joueurs doivent se reprendre en main :

Que ce soit contre Toulon ou contre Cardiff, ce week-end, les joueurs ciel et blanc ont montré une certaine passivité, remplissant leur tâche mais sans plus, se contentant d’expédier les affaires courantes jusqu’à quelques minutes de la fin de la rencontre où, là, une prise de conscience de la défaite inévitable fait effet d’électrochoc. D’un coup, et pour quelques minutes, le Racing-Métro retrouve son vrai niveau, plein de détermination, avec la capacité de peser sur la défense adverse, mais il est largement trop tard, le match étant perdu depuis longtemps.

Cette réaction épidermique n’est pourtant pas anecdotique. Les dernières minutes montrent le véritable niveau du Racing-Métro et tout le reste de la rencontre révèle le manque d’implication des joueurs. Est-ce grave ? Suffisamment pour qu’il y ait besoin d’une véritable prise de conscience et d’une volonté de changement car, sinon, cette équipe restera capable de réactions ( victoire à Brive et à Castres, victoire à Edimbourgh ?) mais pas de constance. Elle a un potentiel important, c’est sûr, mais si, individuellement, les joueurs n’ont pas la capacité de se dépasser et de s’investir à fond pour l’équipe, les résultats seront en dents de scie toute la saison. C’est ce qui s’est passé à Biarritz, ces dernières années, où les joueurs se sont trop souvent reposés sur leurs qualités individuelles et n’arrivaient plus à reproduire collectivement des performances qui auraient assuré des victoires à la hauteur du potentiel de l’équipe.

Les joueurs doivent s’expliquer entre eux et être capable de reconnaître leur manque d’implication de manière à repartir sur des bases plus saines afin de tout donner pour l’équipe. L’avantage, c’est que Lionel Nallet vient de rentrer et, qu’apparemment, avec son expérience néo-zélandaise, il connaît les ingrédients nécessaires à une telle prise de conscience. En tout cas, il est maintenant urgent que les joueurs arrivent à passer ce cap de la psychanalyse collective…

Les raisons du malaise :

Difficile d’avoir des certitudes à ce niveau-là, mais il est possible d’identifier 2 raisons majeures : le raté de la demi-finale de la saison précédente et un effectif en perpétuelle évolution. La défaite contre Montpellier, en demi-finale, a obligatoirement laissé des trâces. Alors que tout le club se voyait battre le petit poucet Montpelliérain et accéder à la finale, cette défaite a certainement eu des implications psychologiques qui peuvent encore hanter les travées de Colombes. Le principal risque, c’est une remise en cause inconsciente du discours de l’entraîneur par les joueurs. En effet, celui qui les avait mené du ProD2  jusqu’aux portes de la finale a, à leurs yeux, connu l’échec alors que, jusque-là, le parcours du club s’inscrivait toujours dans la progression. Il y a donc l’obligation de faire le deuil de cette défaite pour être capable d’écouter, à nouveau, le discours de Pierre Berbizier et de s’investir à fond dans les sacrifices demandés. Sans cela, les joueurs garderont une certaine réticence face à un entraîneur exigeant, voire intransigeant, et leur manque d’investissement se traduira par une performance collective médiocre. Chacun sera capable d’assurer le minimum demandé mais l’équipe manquera de ce supplément d’âme indispensable pour assurer un niveau de performance à la hauteur des ambitions.

L’autre raison possible vient d’un effectif toujours en expansion et dont les particularités rendent sa gestion plus difficile. C’est vrai dans tous les clubs mais cela l’est peut-être un peu plus au Racing-Métro où il faut composer avec des recrues stars plutôt protégées : Steyn, Hernandez, Chabal, Nallet, des communautés ethniques assez marquées : les Fidjiens ( Bobo, Vakatawa, Qovu,… ), les Italiens ( Dellape, Cicero, Bergamasco,… ), les Argentins ( Orlandini, Gallindo, Hernandez,…), les Sud-Africains ( Steyn, Cronje, VanDerMerwe, Le Roux,…), les  Français historiques ( Wisnieski, Chavancy, Noirot, Vaquin, Lorée,… ) et les Français récents ( Fall, Estebanez, Germain, Boussès,… ) et des disparités entre des postes très fournis ( centres, arrière, ouvreur, 3ème ligne ) et des postes qui le sont moins ( 2ème ligne, talonneur ). Autant dire que l’adage « Diviser pour mieux régner » semble parfaitement s’appliquer ici. Le problème, c’est qu’il s’agit de construire une performance collective en gommant toutes ses particularités pour se mettre au service de l’équipe. Et là, l’alchimie peut être difficile à créer et ce, d’autant plus, que certains joueurs, une petite dizaine, ont raté toute la préparation et le début de la saison pour cause de Coupe du Monde. Si le Racing-Métro n’est pas beaucoup plus handicapé par ces problèmes de gestion d’effectif que d’autres clubs comme Toulouse ou Toulon, il est possible, pourtant, qu’en ce moment, les turbulences rencontrées par le club se cristallisent plus particulièrement et créent de véritables perturbations dans les résultats. Si c’est le cas, cela devrait rapidement rentrer dans l’ordre. Par contre, si c’est la première raison évoquée qui prédomine, il va falloir une forte implication des joueurs pour passer outre l’échec de la saison passée.

Le rôle du président :

Jacky Lorenzetti n’est pas content et le fait savoir. Comme tout président de club, et encore plus que les autres par le fait qu’il investit son propre argent dans la structure, le président Parisien veut des résultats et ajoute une pression importante dans le quotidien de l’équipe. Du coup, toute période de trouble peut être dangereuse car la pression présidentielle se rajoute à celle naturelle du manque de résultats. Pierre Berbizier est tenu à faire le tampon entre son président et ses joueurs, ce qui rajoute un niveau de difficulté dans le simple rôle d’entraîneur. A ce niveau, l’ancien capitaine de l’équipe de France possède l’expérience et le vécu de situations psychologiquement difficiles. Le problème, c’est que celles-ci ne sont jamais totalement rationnelles et reposent sur un ressentit émotionnel des personnes. D’où le risque toujours présent d’une déstabilisation par l’intérieur.

Néanmoins, il n’y a, pour le moment, rien de grave dans les résultats en dents de scie de l’équipe. Celle-ci reste capable d’aller gagner n’importe où, à Castres et pourquoi pas à Cardiff ou Clermont, et elle ne fait, pour l’instant, que subir une période qui était de toute façon pleine de complications pour tout le monde. Les joueurs doivent se remobiliser pour une série victorieuse qui passe obligatoirement par des succès à Edimbourgh, contre Biarritz, le Stade Français et les London Irish pour, enfin, lancer une saison pleine. Ils en ont les moyens, à condition qu’ils n’attendent pas les 5 dernières minutes pour montrer leur énorme potentiel…

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