Novartis: est-ce aux politiciens ou aux patrons de diriger les entreprises?

Publié le 14 novembre 2011 par Francisrichard @francisrichard

Le 25 octobre 2011 la société Novartis annonçait la suppression sur un effectif de 120'000 personnes, présentes dans 140 pays, de 2'000 postes dans le monde, dont 1'100 à Bâle et 320 à Prangins près de Nyon. Les médias et les politiciens ont aussitôt été offusqués par l'annonce de ces licenciements ici, faite le même jour que l'annonce d'excellents résultats de l'entreprise ici. Ils ne comprennent pas qu'une entreprise puisse licencier alors qu'elle est en bonne santé, encore en bonne santé.

Depuis lors médias et politiciens n'ont de cesse de faire pression sur Novartis pour qu'il reconsidère sa position sur les suppressions d'emploi envisagées. Ils ne sont pas convaincus par les arguments de Novartis qui estime nécessaire de prendre ces mesures "en vue de maintenir la santé de la société dans un environnement imposant des baisses de prix conjuguées à l'augmentation de la dette publique de nombreux pays, aux fluctuations des devises et aux incertitudes économiques".

Les médias et les politiciens ne veulent évidemment pas entendre ce que leur dit le CEO de Novartis, Joseph Jimenez :

"Les collaborateurs potentiellement concernés seront assistés dans leur recherche d'emploi. Nous ferons tout notre possible pour leur assurer une transition en douceur malgré les circonstances, ce qui comprend également un plan social responsable."

Ils ne voient qu'une chose : des emplois seront supprimés alors que l'entreprise se porte bien. Ils ne voient pas qu'elle risque de se porter moins bien si elle ne le fait pas. Faut-il attendre qu'une entreprise se porte mal pour accepter qu'elle licencie ? Question qui peut se reformuler ainsi : faut-il attendre qu'il soit trop tard ?

Depuis l'annonce du 25 octobre 2011 une fronde émotionnelle s'organise contre Novartis ici :

- manifestation samedi 12 novembre 2011 en présence de nombreux élus de quelques milliers de personnes à Nyon - c'est la deuxième depuis trois semaines ici [d'où provient la photo]

- boycott de Novartis organisé par un rhumatologue genevois

- révélations par un tabloïd que des médicaments du groupe bâlois ne sont pas fabriqués en Suisse alors qu'une de ses publicités prétendrait le contraire.

A ma connaissance seules deux personnes dans la presse ont fait preuve de bon sens dans cette affaire. Elles ont toutes deux écrit des articles sensés, qui montrent que, dans un pays de libre entreprise, ce n'est pas aux médias, aux politiciens, aux syndicats, aux employés de diriger les entreprises mais aux patrons. Coïncidence, ils ont publié le même jour - le 11 novembre 2011 -ces deux articles, dont je n'ai pris connaissance qu'aujourd'hui après deux jours de repos (à la suite d'un examen médical éprouvant effectué le jour de leur parution).

Ces deux articles sont réconfortants. Leurs auteurs n'ont pas cédé à un populisme facile qui peut rapporter gros à ceux qui s'y livrent, mais qui apporte surtout la preuve de leur incompétence en matière d'économie et de leur irresponsabilité. Il s'agit de Philippe Barraud qui signe un article intitulé La récession de 2012 sur son site Commentaires.com ici et Marie-Hélène Miauton qui signe un article intitulé Chacun son boulot dans Le Temps ici.

Que dit cette dernière ?

"Dans le canton de Vaud, tous s'y sont mis, même les plus libéraux parmi les élus cantonaux et nationaux, pour lancer un appel ferme à Novartis à revoir sa décision. Mascarade ! Leur boulot [...], c'est surtout de veiller à améliorer les conditions-cadres faites à l'économie afin que le marché de l'emploi reste aussi sain qu'il l'est aujourd'hui."

Que dit le premier sur la récession prévisible en 2012 ?  

"Des craquements dans de grandes entreprises ont sonné l'alarme, voire la mobilisation politique générale, dans le cas de Novartis à Nyon. [...] Ces entreprises ont dégagé beaucoup de profit et généré beaucoup d'emplois pendant des années, et tout le monde en a profité. Il est peut-être un peu court de leur tomber dessus aujourd'hui, alors que les affaires vont moins bien, et qu'elles prennent, logiquement, des mesures stratégiques destinées à assurer la viabilité de l'entreprise à long terme."

Philippe Barraud met en garde contre l'immixtion de l'Etat "dans la gestion économique des entreprises" et défend "la plus grande souplesse possible en termes de main-d'oeuvre" :

"Que se passe-t-il si cette souplesse est entravée par des contraintes politiques ? Les entreprises n'embauchent qu'au compte-goutte, sachant qu'elles auront mille difficultés à revenir en arrière. Et si décidément les commandes exigent un accroissement de la production, elles n'hésiteront pas à la délocaliser sous des cieux moins procéduriers."

Au final écrit-il à ce propos :

"On est en droit de considérer que c'est injuste, cynique, pas sympa : sans doute, mais une entreprise vivante vaut toujours mieux qu'une ancienne entreprise tuée par les contraintes sociales."

Les médias, les politiciens, les syndicats, les employés devraient méditer cette vérité économique...

Francis Richard