Le Havre

Publié le 15 novembre 2011 par Mg

Le hasard du calendrier veut qu’à quelques semaines de distance, deux films sortent en brassant les mêmes thématiques, et la même ville. Entre LA FEE d’un trio international, et ce HAVRE d’un Kaurismaki exilé, la ville du Havre (donc) devient la ville du cinéma indépendant à la française, et celle d’une féérie peu classique, coincée entre des espoirs permis, et un contexte socio-politique clairement dénoncé ici.

Car oui, LE HAVRE de Kaurismaki va loin dans l’introspection sur notre mode de vie. La ville, frontière irréelle vers un nouveau monde pour les immigrés clandestins en route vers le Royaume Uni, devient l’endroit des luttes. Magnifiquement porté par un André Wilms touchant, l’histoire de Kaurismaki joue avec peu d’effets pour mettre en avant l’inconsistance des législations par rapport aux situations humaines. Tout ceci n’a rien de trop critique, et joue plutôt sur les situations, malicieux à souhait en pointant Jean-Pierre Darroussin ou Jean-Pierre Léaud en collaborateurs d’un pouvoir en place assez sournois.

Finalement, ce HAVRE est une pièce de théâtre en mouvement, une histoire au cœur de la ville avec beaucoup de sensibilités, de nostalgie sur une époque révolue. Si Kaurismaki cherche à remettre l’humain au centre de l’histoire, via cet enfant africain en perdition, et cette femme dans le coma. Mais le HAVRE ne se veut pas dépressif, et concentre l’espoir dans la lutte contre un système froid et obscur. Moins magique que LA FEE, mais tout aussi merveilleux dans son traitement, LE HAVRE sait exploiter le réel pour en faire une fiction réussie. Kaurismaki sait toujours partir du concret pour en faire une évasion réussie.