Call of Duty: Modern Warfare 3

Publié le 15 novembre 2011 par Gameinvaders

Depuis le départ de ses 40 employés suite à un conflit avec Activision, le studio d’Infinity Ward s’était retrouvé avec un trou dans sa coque. Néanmoins, il put être repêché par le tout nouveau Slegehammer Games qui, lui aussi, travaillait sur un autre projet de la franchise. Ce dernier a finalement pris le devant la scène et l’on retrouve aujourd’hui un Call of Duty: Modern Warfare 3 à l’effigie de ces deux développeurs. MW2.5 ou une nouvelle claque de la série à succès ? Nous allons voir ce que cette conclusion (supposée) de la trilogie Modern Warfare a dans le ventre.

Une campagne toujours aussi spectaculaire à la Michael Bay.

Commençons par le mode solo par lequel j’ai commencé. Que ce soit Infinity Ward ou Sledgehammer qui en est le responsable, la campagne épique d’un Call of Duty est intacte et bien là. Les développeurs du soft n’ont pas perdu la main pour ce qui est de la maîtrise du rythme de jeu et de la mise en scène. Si aucune de ces phases n’offrent quelque chose d’inédit et beaucoup donnent une sensation de déjà-vu, la plupart ont été retravaillées pour que l’on y ressente suffisamment de fraîcheur. Comme pour chaque épisode, on visite divers lieux à travers divers personnages. Les niveaux sont cependant un brin trop linéaires (même pour la série) alors que les précédents titres d’Infinity Ward arrivaient parfois à la combattre. Encore une fois, l’inspiration cinématographique ne manque pas et on peut y discerner des films comme Battle Los Angeles, Transformers, l’éternel Chute du Faucon Noir, Blood Diamond, Air Force One et j’en passe. Sans surprise, on peut achever l’aventure en seulement 4 heures et demi (difficulté 2nde classe). L’histoire exploite efficacement les deux premiers épisodes de la série dérivée tout en nous bombardant de moments épiques et/ou émouvants (surtout pour nous les parisiens). On retrouve tout de même quelques problèmes d’incohérences (plot hole) de façon similaire à Modern Warfare 2 et tout comme les blockbusters hollywoodiens typiques, certains moments sont assez prévisibles. Infinity Ward et Sledgehammer signent là une nouvelle balade spectaculaire et mémorable à la James Bond (en même temps, le scénariste est celui des deux derniers).

Le mode survie est un ajout sympa mais on aura du mal à rester concentré à cause de sa facilité initiale.

À la partie Opérations Spéciales, présente depuis MW2, s’ajoute un mode survie et un système de progression qui va de pair. Ce nouveau mode se joue sur les cartes multijoueur du jeu et vous met face à des vagues d’ennemis dont la puissance augmente graduellement (ce qui n’est pas sans rappeler un certain mode Horde ou Zombie). Tous les modes coopératifs sont de nouveau limités à deux joueurs. La progression (séparée du multijoueur) influera sur la disponibilité des armes en mode survie ainsi que le déblocage de nouvelles missions coop. Ce nouveau mode survie devient assez vite lassant : plutôt facile pour un bon nombre de vagues, il vous paraîtra moins dynamique que le mode zombie de Treyarch. Les missions quant à elles reprennent seulement des passages de la campagne solo avec des objectifs différents mais elles restent plutôt sympa.

Poisson à volonté chez le multi de MW3 !

Pour ce qui est du multijoueur, les Call of Duty d’Infinity Ward n’évoluent qu’entre leurs épisodes et celui-ci ne fait pas exception à la règle : on a ici une amélioration de MW2, plutôt que de Black Ops. Même s’il reprend quelques uns des killstreaks et modes issues des matchs à paris (seulement disponible en parties privées) de ce dernier, MW3 remanie surtout les systèmes de bonus et atouts de son prédécesseur. Les killstreaks sont maintenant appelés des “équipements de combat” et les bonus d’éliminations d’affilés sont répartis en trois catégories : assaut, soutiens et spécialiste. L’assaut regroupe les bonus “traditionnels” qui font bobo aux ennemis (soutien aérien, drone Predator, tourelle) ; soutiens concerne tout ce qui est “passif” (ou presque) comme les drones de reconnaissance ou les bombes IEM mais le compteur ne se réinitialise pas à chaque fois ; et enfin, spécialiste vous permet d’empiler de nouveaux atouts au fur et à mesure de vos éliminations d’affilés. Quelques uns des atouts ont été rangés dans le nouveau système de progression d’arme qui donne un niveau de maîtrise pour chacune d’elle. Vous pouvez maintenant leur assigner une compétence, un accessoire (deux si vous avez la compétence correspondante) et un camouflage qui sont débloqués lorsque vous montez en niveau dans le maniement de chaque arme. Ces modifications ne sont que très légères et il ne s’agit que de remaniements ou de quantifications plus explicites mais certaines idées sont intéressantes.

Ces masques de hokey vous font tripper ? Ce n'est pas une personnalisation d’apparence malheureusement...

L’équilibrage est un poil meilleur que dans Modern Warfare 2 mais on a toujours droit à une foire aux killstreaks et quick scopes (d’ailleurs le maniement des snipers n’est pas terrible dans ce jeu). Sous cet aspect là, Call of Duty 4 et Black Ops restent mieux élaborés. En dehors des matchs à mort, les modes à objectifs ne sont pas devenus plus intéressant qu’auparavant avec ce Call of Duty. Les développeurs ont tout de même tenté d’encourager la complétion des objectifs en faisant compter ces manœuvres comme points pour les bonus de soutiens. Mais au final, ce sont les kills qui parlent pour les scores et cela ne fait pas évoluer la mentalité des joueurs Call of Duty, concentrés sur les éliminations, même en mode à objectif. On regrette aussi la dose de personnalisation esthétique qu’offrait Black Ops, surtout pour un jeu à phénomène social comme Call of Duty. On voit toujours des problèmes qui persistent depuis Call of Duty 4 tels que les latences, encore pires que dans les épisodes précédents (même avec la barre de ping à son meilleur état) ou la visée assistée qui revient par moment même si on l’avait désactivé, sans parler de la mêlée avec une portée excessive. Bref, s’il ne s’agit que du multijoueur, vous feriez peut-être mieux de passer ce tour en restant sur un Modern Warfare 2 assez identique ou sur le Black Ops qui lui aussi profite de la plate-forme Elite.

Ça ne se voit pas sur les screenshots, mais le moteur de MW a encore du jus à faire éclater (du moins en solo).

Graphiquement, MW3 reste plutôt joli et agréable à regarder. Certes, il n’y a pas eu énormément de progrès depuis le dernier opus mais on a tout de même droit à des graphismes soignés et une fluidité propre à Infinity Ward. Les effets de lumière ainsi que de particules sont également bien gérés et le décor est plus garni que jamais. Les visages des personnages sont très détaillés avec des expressions faciales qui vont de pair (on est cependant pas au niveau de la performance capture de Black Ops). Néanmoins, on remarque par moment le coup de vieux qu’a pris le moteur, nous rappelant le premier Modern Warfare (Call of Duty 4). On aperçoit aussi quelques baisses de frame-rate qui se font remarquer mais celles-ci ne sont pas énormes au point de nous déranger. De toute façon, arrivé à cette période de maturité de notre génération de consoles, on ne peut plus améliorer considérablement sans sacrifier quelque chose (ici la fluidité). Bref, ça reste plutôt beau dans son ensemble mais il ne faut pas approcher les textures baveuses de trop près. Ça c’était pour le mode histoire. En ce qui concerne le multijoueur et le mode coopération c’est une toute autre chose : le tout paraît bien pâle et la différence entre ces modes se fait ressentir plus fort que jamais. Au moins, ça ne rame pas de ce côté là.

Le sons pètent bien dans ce nouveau Modern Warfare et ça s'entend dès le premier niveau.

Les sons d’armes ont cette fois plus de punch que les bruits un peu plastiques des précédents titres d’Infinity Ward, et les développeurs ont intégré un système audio spatial avec occlusion à la manière de Treyarch. Le doublage en français est pour une fois assez correct mais les voix originales sont sans doute, encore une fois, meilleures avec les accents des différentes nationalités représentées pour que l’on s’y retrouve. La voix française de Soap n’a pas autant d’impact que celle de l’écossais Kevin McKidd mais le doublage français du capitaine Price par Marc Alfos reste toutefois excellent. Malheureusement, Activision reste sur sa position des jeux entièrement et exclusivement localisés, n’offrant pas de changement de langue même en modifiant celle de sa console. La bande-son parfois épique, parfois émouvante, et parfois les deux à la fois, concorde parfaitement avec les émotions que nous véhicule la campagne de ce MW3. Et elle a été composée par Brian Tyler, et non Hans Zimmer (eh oui, une musique peut être héroïque sans porter la patte Zimmer).

Pour les personnes qui le préjugeait comme une expansion à 70€ (moi y compris) : Modern Warfare 3, malgré ses maigres améliorations (surtout en multi), en a suffisamment pour se clamer sans honte en tant que nouveau titre. Même sans ses fondateurs, Infinity Ward et ses nouveaux camarades de Sledgehammer Games ont prouvé qu’ils pouvaient conserver la qualité d’un Modern Warfare. Il s’agit maintenant de savoir s’ils pourront faire évoluer la série tel que l’Infinity Ward d’avant 2009 l’avait fait. Peut-être avec le projet en suspens d’un Call of Duty action-aventure et à la troisième personne par Sledgehammer Games ?

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