Berlin - Jason Lutes

Par Emmyne

Livre Premier : La cité des pierres - Livre Deuxième : ville de fumée

- Delcourt - collection Outsider -

Ce roman graphique en deux tomes raconte la République de la Weimar et la montée du nazisme entre 1928 et 1930  travers deux personnages principaux : Kurt Severing, journaliste, et Marthe Müller, dessinatrice.

Il s'agit sans aucun doute d'une véritable fresque historique, d'un ouvrage ambitieux, pour lequel, hélas, ma lecture a été laborieuse. J'en attendais beaucoup. Je ne peux pas écrire que j'ai été déçue, non, mais il m'a manqué une émotion.

Ce que je veux dire, c'est que ce double ouvrage est réussi, c'est certain, mais qu'il m'a laissée à distance. La peinture sociale et politique est à la fois humaine et documentée, les séquences pertinentes, développées avec un réel sens du récit qui alterne et intègre des monologues intérieurs à une narration extérieure touffue; une chronique dans laquelle se croise de nombreux personnages secondaires et leurs préoccupations quotidiennes, des scènes choisies qui rappellent que la reconstruction de l'Allemagne n'a que dix ans et que déjà cette histoire là est complexe; presque un reportage qui évoque les premiers affrontements entre communistes et nationalistes, la puissance que prend la voix politique sur la vie de tous les jours. Pourtant cette fiction, impressionnante tant elle semble un témoignage sur la ville et l'époque, ne me marquera pas car rien ne m'y a accrochée, certainement parce que je m'y suis déjà intéressée à cette période, dans cette ville. Le panel de personnages, leurs origines, leurs situations ( des anciens dignitaires de l'Empire aux ouvriers en passant par la jeunesse dorée et la famille immigrée juive ) est évidemment choisi pour développer tous les aspects sociétaux.

Des pages en noir et blanc pour un trait classique qui livre des portraits expressifs, des décors fouillés. L'ensemble m'a semblé manquer de caractère, un peu trop lisse, un peu trop convenu et donc un peu trop long. J'ai regretté que le crayon ne s'attarde pas plus sur les paysages urbains, de ne pas profiter de plus de vignettes agrandies ( en cela, le second tome, est plus généreux ) qui m'auraient permis de plonger visuellement dans cette atmosphère si particulière de ce Berlin en pleine chute. C'est étrange, ce récit, particulièrement intéressant parce que particulièrement attaché à la dimension humaine, m'a paru impersonnel.

Finalement, c'est bien le gris qui définira pour moi cette lecture.

- L'excellent billet très complet de David sur IDBD par lequel j'ai découvert ce Berlin -

- avec Mango

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