De la nostalgie dans le Sud... un coup de cœur tardif.

Par Hectorvadair @hectorvadair

La maison d'ether
Christian Durieux, Denis Larue
Futuropolis
Août 2009
Tout d'abord, la couverture aux tons pâles jaune gris et rose , montrant un homme en train de couvrir une femme endormie dans la  rue intrigue. Puis la maquette soignée, avec ses culs de lampe floraux en tête de chapitre, ainsi que le dessin rond aux couleurs douces très agréables finissent d'attiser notre curiosité.
C'est une histoire de nostalgie, de recherche d'homme, de "frère", comme on a déjà eu l'occasion d'en voir, dans d'autres œuvres, mais celle-ci se passe au Maroc, via Bruxelles à son tout début.
Martin Mesner vit en Belgique avec sa femme Anna et leur petit Leo. Mais il est hanté par un souvenir d'adolescence à Tetouan et va précipitamment s'y rendre en avion pour retrouver les fantômes qui l'oppressent...
Christian Durieux est déjà bien implanté dans le milieu de la Bande dessinée avec plusieurs titres chez divers éditeurs en tant qu'auteur ou dessinateur. Il nous offre ici un récit intéressant tout en poésie sourde, dans une atmosphère qui m'a personnellement beaucoup fait penser au film "Un balcon sur la mer" de Nicole Garcia, ou le même genre de quête (se déroulant à Oran) avait déjà abordé la thématique du souvenir devenu flou, des faux semblants, du temps qui efface les détails...
Un autre titre Fururopolis "Les Marins perdus" (Clément Belin et JC Izzo, 2008) abordait aussi de belle manière un genre un peu similaire, dans un registre plus "maritime" puisque basé sur la dérive sentimentale de marins en rade a Marseille... Du coup on est tenté de se demander si le sud et les villes portuaires de passage et de brassages ne sont pas plus soumises à cette thématique de la nostalgie et de l'oubli que d'autres endroits. (...)
En tous cas le dessin inoubliable et très agréable de Denis Larue, dont on pourrait rapprocher le style de celui de l'espagnol Ruben Pellejero*, et que l'on avait perdu  l'habitude de voir depuis bien longtemps (en fait quelques récits de la revue A suivre) surprend par son intemporelle et douce faculté à nous happer dans son univers éthéré et humain.
 Ce qui, ajouté à ce scénario bien construit, fait au final de la Maison d'Ether un album très attachant.