Sur le lac Inle

Publié le 29 février 2008 par Jean-Michel Frappier

L'année dernière, à la même période, la trentaine d'hôtels de Nyaung Shwe près du lac Inle affichaient tous complets. Cette année, on a croisé à peine une vingtaine d'autres touristes! Le matin à l'aube on a l'impression d'être les seuls au milieu du lac à observer les pêcheurs sortir des prises énormes de l'eau calme.

De père en fils, les habitants de la région se transmettent une technique de pêche ancestrale assez étrange. En équilibre sur un pied, au bout de leur longue barque en tek, ils pagaient avec une rame coincée entre le genou et la cheville de leur autre jambe, les mains libres pour s'occuper de leur ligne et de leur grosse cage conique qu'ils lancent rapidement dans l'eau peu profonde pour capturer les poissons. De vrais acrobates.

On quitte le lac principal pour naviguer sur les canaux qui traversent des villages sur pilotis, des jardins flottants et des ruines de stupas magnifiques jusqu'à une localité située sur une rive éloignée. Aujourd'hui, c'est jour de marché et toutes les différentes ethnies qui peuplent les montagnes environnantes sont descendues vendre leur récolte. Il n'y a rien pour attirer les touristes, ce qui rend le tout encore plus agréable. On ne semble pas déranger personne et on peut flâner entre les échoppes improvisées sans problèmes.

On fait le tour de quelques boutiques où les gens nous montrent un peu leur métier avec l'espoir de nous vendre un petit quelque chose. Forgeron, bijoutier, tanneur, mais le plus impressionnant, le tissage de lotus, un travail d'une minutie incroyable, mais malheureusement hors de prix. Il y a aussi la fabrique de cigares où on a mis nos talents à l'épreuve.

On flâne au bord de l'eau, dans les petits cafés et avec les charmants propriétaires de l'hôtel qui nous suggèrent de faire un tour de canot loin des sentiers battus. À l'embarcadère, on reste surpris par notre batelière, une femme qui pourrait bien être notre grand-mère. On se sent un peu cons de ne pas ramer nous-mêmes, mais elle insiste, no problem, no problem!!!! Lentement, mais en parfait contrôle de l'embarcation, elle nous conduit jusqu'à un monastère en bois qui aurait plus de 175 ans. On fait la rencontre d'un ermite qui y médite seul depuis 28 ans. Est-ce que ce serait le moine tant espéré de Bagan ?

À défaut de nous offrir l'immortalité, il partage quelques bananes avec nous en regardant le coucher de soleil, puis prend le temps de discuter un peu avant de retourner à ses mantras, nous laissant une impression magique pleine de simplicité.