Berlin alexanderplatz

Par A_girl_from_earth

 

BERLIN ALEXANDERPLATZ

   traduit de l'allemand par Zoya Motchane

Il y a des livres avec lesquels la fusion ne se fait pas et qu'on hésite à présenter car on n'en a, finalement, pas grand chose d'intéressant à dire.

C'est le cas avec ce roman considéré, très certainement à juste titre, comme un des grands classiques de la littérature allemande. Je me suis sentie complètement extérieure à tout ce qui s'y passait, à tel point que je tournais les pages en pensant à d'autres choses.

Ça commençait mal dès le début, avec le prologue de l'auteur, Alfred Döblin, qui résumait l'histoire de son personnage principal, Franz Biberkopf, en dévoilant sa fin. Pas plus de scrupules dans la quatrième de couv' qui dépeint le contexte du récit en annonçant la fin. Pourquoi faut-il toujours que l'histoire d'un grand classique soit considérée connue de tous et qu'on y aille à grands coups de spoilers?? On a le droit de prendre plaisir à découvrir l'histoire d'un classique pour la première fois, boudiou! En cela, ça m'a beaucoup fait penser à  L'assommoir d'Emile Zola.

Ceci étant dit, l'ambition de ce récit n'étant clairement pas dans le suspense insoutenable de son intrigue, on s'en remet vite, mais bon, ça gâche un peu la découverte, je trouve.

Non, ce récit détonne dans sa dimension épique qui l'assimile à une immense fresque sociale dépeignant Berlin dans la fin des années 20. Berlin Alexanderplatz, c'est le théâtre de la vie populaire berlinoise de cette époque, avec son lot de misères, d'injustices, de survie, de tendresse, de violence, de politique, de fatalité. C'est foisonnant, bruyant, grouillant, vivant, à s'y perdre presque.

Ce qui m'a agréablement surprise, c'est le style de l'auteur, oscillant entre déboussolant et délectable.

Déboussolant car le style est un peu spécial, rien de classique ou ordinaire là-dedans, comme s'il n'y avait pas de règles, ni de comparatifs réels possibles, hormis les auteurs non lus, tels Joyce, Dos Passos, Céline (cf 4è de couv'). Le ton est résolument moderne, un poil théâtral, et de nombreuses références bibliques et mythologiques laissent entendre qu'il y a là matière à de nombreuses études de texte riches en élucubrations diverses.

Ajoutons à cela l'incursion de l'auteur dans sa narration en voix off, ses réflexions, parfois déroutantes, sur ce qui se passe, et là on passe à la partie délectable, emplie d'un humour inattendu, je pense entre autres à ce passage où il illustre par la loi de Newton le coup de Franz porté à Ida (excellent!), et il y en bien d'autres. 

Malheureusement, cela n'a pas suffi à m'accrocher au récit dont je me suis désintéressée assez vite, mon esprit vadrouillait ailleurs, ça traînait en longueur (620 pages de développement d'un résumé incluant la fin annoncé dès le début), quelques passages arrêtaient mon attention, ces paragraphes originaux, mais très vite les personnages se mélangeaient, les événements m'indifféraient, j'avais l'impression qu'on n'avançait pas, qu'on remuait toujours la même soupe (bien froide au bout d'un moment).

Page 350, je pensais abandonner, avec la certitude d'avoir eu une bonne vue d'ensemble du sujet et du style, j'ai continué quand même en diagonale jusqu'à la fin pour la forme et dans l'espoir de tomber encore sur ces petits passages qui valent le détour mais j'ai été prise d'une grande lassitude et d'une envie de passer à autre chose vers la fin.

Curiosité satisfaite cela dit, même si le coup de coeur n'est pas au rendez-vous, je sais maintenant de quoi il retourne, ce que je ressens toujours comme le sentiment du devoir accompli et une petite victoire sur la montagne de livres à découvrir absolument, surtout côté classiques.