Du 8 au 19/11/2011 à 20h30 sauf les mercredis à 19h30 (relâche les lundis et dimanches) au Grand Varia
D'Alessandro Genovesi.
Mise en scène: Dominique Pattuelli.
Avec: Audrey D'Hulstère, Hervé Dubois, Gudule, Sébastien Hébrant, Marie-Sylvie Hubot, Florence Roux, François Saussus, Geoffrey Seron, Marie Van R, Lucka.
"Happy Family, c’est l’histoire de deux familles qu’au départ tout oppose. Elles sont amenées à se rencontrer par le projet de mariage de leurs enfants respectifs: deux ados d’à peine quinze ans. Pour l’occasion, un repas est organisé. Les deux mondes vont devoir partager le repas et passer une soirée d’été sous un même toit."
Lorsqu’il s’agit d’une œuvre aussi subtile, on ne regrette pas d’y avoir été lors de l’avant-dernière représentation. Parce que mieux vaut tard que jamais. Et qu’on ne peut jamais être certain que l’occasion se représentera ultérieurement.
Happy Family fait l’unanimité : fable fantaisiste, légère, délicate, décalée mais pas trop… Tous ces bons mots furent jetés en guise de bouquet fleuri à la fin de la représentation et il va de soi que nous ne pouvons qu’abonder en ce sens. Mais cet enthousiasme ne reflète pas toujours la grave beauté du travail que représente sa création.
Grave, oui, car tellement complexe mais pourtant ingénieusement orchestrée. Tellement bien orchestrée qu’elle nous paraît presque, au sortir de la salle, exister, sorte d’enfant dodu qui serait simplement le fruit d’Alessandro Genovesi et de Dominique Pattuelli.
Ce qui la rend si harmonieuse ? Son anarchie en tous points maîtrisée. Car il s’agit essentiellement de ça. Alessandro a pondu un texte qui part, littéralement, dans tous les sens. Il a fait d’Happy Family une histoire qui bondit, qui explose, se démultiplie et passe d’une focalisation à une autre, d’un personnage, d’un caractère à l'autre sans crier gare… se joue d’oxymores et de symboles sans jamais - ô grand jamais ! - garder la même optique. Et les acteurs se meuvent dans cet enchevêtrement d’anecdotes et de sentiments avec l’aisance de véritables poissons dans l’eau, endossant l’un ou l’autre rôle, passant du monologue au dialogue et de l’inaction à la tempête sans sourciller, ou presque. La cerise sur le gâteau? le décor et les tenues: simples et astucieux de symbolisme…
Que rajouter, dès lors, sinon qu’on félicite tous ceux qui ont participé à cette aventure? Car même les abhorrateurs d’« happy ending » ou d’« happy family » ne pourront le renier : cette création diablement bien ciselée porte incontestablement la marque du talent et du savoir-faire.