Lofofora @La Maroquinerie – 16/11/2011

Publié le 22 novembre 2011 par Bullesonore

Voilà dix ans que ça dure et Lofofora est toujours là, frais comme au premier jour ! Le combo parisien qui doit son nom au peyotl, un cactus hallucinogène mexicain, fait pourtant figure aujourd’hui de dernier survivant de la vague fusion des années 90. Normal, Lofofora est incontestablement le meilleur groupe de hardcore français qui mêle les influences à tout va.

La maroquinerie affiche complet depuis déjà plusieurs semaines, ce qui donne déjà le ton de la soirée : ça sera un concert à la maison entouré de vieux fans comme les nouveaux qui ont succombé à leur dernier album Monstre Ordinaire.

Reuno débarque et envoie la sauce sur « Utopiste », le premier titre de Monstre Ordinaire. Nous étions déçu du son de Mémoires de singes … qui était trop propre et manquait un peu (beaucoup même) d’agressivité mais Lofo sait faire taire les petits râleurs comme nous ! « Utopiste », un son énorme, puissant, et la plume de Reuno qui arrive à parler (et chanter du coup) autour de la vie actuelle sans tomber dans le pathos. Le groupe enchaîne avec « Les Evadés », chanson d’amour violente qui nous fait jubiler avec les riffs à la fois puissants et mélodiques de Daniel Descieux. Devant la scène et un Reuno concentré arborant un magnifique T-shirt Satan is gay, la foule se déchaîne et les pogos ne tardent pas à déchirer le public. L’ambiance est survoltante, Reuno décide de jouer l’album Monstre Ordinaire en entier et selon ses dires « Après, on verra«  !

Nous sommes surpris de voir le public reprenant quelques chansons par coeur, alors que l’album n’est sorti que depuis trois semaines (c’est Paris, faut nous comprendre, dès qu’on remarque un public chaleureux et qui reprend des chansons -la main sur le coeur- on s’étonne). C’est l’heure de l’« Elixir », gros coup de foudre et on se sent bien ! « J’appuie sur le bouton pour m’injecter la dose, je me sens bien… » c’est tout simplement splendide que ça soit la musique, le texte ou la rage qui nous brûle avec cet élixir. Une chanson qui nous permet d’oublier tous les tracas de la vie quotidienne, que demander de plus ? Sans surprise on retrouve, comme sur le disque, « Les Conquérants ». Dérangeant ? Pas vraiment, « Les Conquérants » où comment Reuno et ses compères arrivent avec brio à décrire toute l’horreur de la mondialisation. Riffs de guitare très lourds, Vincent Hernault excellent depuis le début du concert est un monstre ! On ne s’attendait pas à tomber sur un batteur aussi épatant avec un jeu de batterie aussi impeccable (qui dit impeccable, dit un jeu de gros bourrin très efficace qui nous a fait siffloter les oreilles pendant deux jours … mais ça nous a pas déplu !). L’ambiance est toujours de folie et Lofofora nous envoie un morceau très rentre-dedans « La Merde en Tube » et son refrain -comment dire…- qui reste des heures dans ta petite tête !

« Plus c’est gros et mieux ça passe !!!»

La folie -autre terme qu’on adore dans l’univers de Lofo- vient nous hanter le temps de deux chansons : « Le Visiteur » et « Ma Folie ». Cette dernière est d’une beauté indescriptible. Cette manière qu’utilise Reuno, avec une voix très claire, pour (nous) parler d’un personnage qui s’adresse à sa propre folie et qui lui demande de l’emmener encore plus loin si elle l’ose.

Le groupe enchaîne avec les dernières chansons du disque « Un mec sans histoires », « Cannibales », « Frustrasong » et « La beauté et la bête ». Reuno crache ses tripes sur cette ôde à la bêtise humaine, finalement il a bien raison …« Moitié poètes, moitié ratés, nous sommes la bête et la beauté. Il ne faut pas que ça vous inquiète, nous sommes la beauté et la bête. ».  Lofofora nous quitte, pour un instant, sur cette chanson qui s’imposait comme la conclusion de l’album ! Une grosse claque dans la gueule, et on reste un peu à réfléchir à ces paroles qui disent que nous sommes toujours capables du meilleur comme du pire, on est la beauté et la bête, on est les deux à chaque moment de notre vie …

La clique revient sur scène et on fait un bond en arrière de 15 ans. Jouissif ! On se retrouve à sautiller sur « L’œuf » et son slogan jamais oublié  «Une seule race pour plusieurs couleurs, nous sommes une seul race pour plusieurs couleurs.». Un peu fatigué, on manque quelques chansons, fallait bien s’hydrater -à la bière- non ? et on jubile quand on entend plus tard « Macho blues ». Les paroles sont très crues sans concessions…

Regarde dans les yeux celui qui te souille.
Fais un voeu et coupe-lui les couilles
Fais un voeu et coupe-lui les couilles
Coupez!

Les tubes s’enchaînent, le public à la Maro est en délire malgré une chaleur étouffante en ce soir de novembre à la con ! « Mémoires de singes », « Le fond et la forme » puis le groupe clôture cet incroyable concert sur l’excellent « Auto-pilote » avec son refrain très planant :

Je me surprends à rêver, à décoller du sol,
Ignorant les signaux, les appels qui m’ordonnent de redescendre.
Sans pilote et sans manuel, je finirai en cendres.
Que m’importe alors de m’écraser pourvu que je m’envole ?

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Crédit Photo : SLG Photographies

Remerciements :  JF Wang de Nomad Muzik