Avenir de l'audiovisuel public : vous avez entendu parler d'Internet ?

Publié le 29 février 2008 par Anthony Hamelle

La commission pour la nouvelle télévision publique, présidée par Jean-François Copé, président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, a été mise en place afin de réfléchir à l'avenir du service public de l'audiovisuel après l'annonce faite, non sans fracas, par le Président de la République début janvier.

Nicolas Sarkozy s'est en effet prononcé en faveur de la suppression de la publicité sur les chaînes du groupe France Télévisions et de Radio France, et ce afin de doter la France d'un service public de l'audiovisuel libéré du joug de l'audience.

Passons rapidement sur la question finalement contingente de savoir s'il y aura ou non de la publicité sur les chaînes publiques. La réponse est simple, et tient en deux principes, l'un chronologique, l'autre matériel - sans vouloir ni pouvoir bien évidemment préjuger des résultats des réflexions de la commission présidée par M. Copé.

Dans le temps. C'est certainement sur une période de quelques années que la publicité disparaîtra progressivement des chaînes publiques. Ceci permettra de compenser les pertes de recettes et de combler les besoins en financement pour les programmes de remplacement sans que la posologie (augmentation de la redevance, suppression de postes, etc.) soit trop brutale.

L'intérêt général. Vraisemblablement, les chaînes publiques devraient toujours autorisées à abriter des clips publicitaires pour des causes qui justifient d'un intérêt public suffisant : campagnes d'intérêt général (sécurité routière, lutte contre la toxicomanie, etc.), mécénat culturel et, espérons-le, des formats courts officiels pour les mouvements politiques, même en dehors des périodes électorales.

Au-délà de cette question contingente, il est essentiel de s'interroger avant toute chose sur les objectifs que nous assignons au service public de l'audiovisuel au XXIe siècle. S'agit-il de proposer aux Français une information et des programmes de qualité ? Certes, mais c'est une vision à courte vue que de ne s'intéresser qu'à ce que le service public peut apporter "à la masse". A une époque où, pour reprendre une expression plutôt que cent autres qui la valent, nous passons des médias de masse aux médias des masses, il est surprenant que les profondes mutations que cristallisent les nouveaux usages en communication n'aient pas occupé une plus grande place dans les débats qui se sont engagés.

Le service public de l'audiovisuel, s'il doit indéniablement être le service de la qualité, doit sans doute être celui du débat, de la participation, de l'exercice critique de la raison, et plus simplement celui de la passive attention.

Il est heureux que la commission mise en place comporte un minimum de membres sans nul doute conscients du potentiel des technologies participatives pour l'avenir des médias - il s'agit d'un représentant de DailyMotion ainsi que d'un représentant de la très innovante BBC.

Il est encore plus heureux que le débat soit déjà bien engagé - dernier exemple en date, celui de six35 repris chez i&o, mikiane, Samsa, Benoît Raphaël ou encore Blogging The News.
Pour une ébauche d'opinion sur ce sujet, voir mon commentaire chez i&o...