ASM Clermont : la Sud Connection

Publié le 23 novembre 2011 par Sudrugby

A l’occasion du centenaire de l’ASM fêté lors du dernier match de H Cup opposant les auvergnats aux italiens d’Aironi, Sudrugby vous propose de faire une rétrospective de tous les sudistes ayant marqué l’histoire de ce club. Pour cela carte blanche à Simon, supporter des jaunards qui se lance dans son premier article.

On va mettre tout de suite les choses au clair : Pierre Mignoni bien que Toulonnais n’est pas inclus dans le décompte des sudistes de l’ASM alors Jaque Fourie aurait pu, lui, en faire partie… Le centenaire de l’ASM, fêté au passage contre une franchise créée il y un an, a permis de retrouver quelques têtes connues des fans auvergnats. L’ASM a depuis 1978 régulièrement intégré des joueurs de l’Hémisphère Sud dans son squad. De Fred Moore à Sitiveni Sivivatu en passant par Tony Marsh, revue d’effectif, volontairement élargie aux pays non “traditionnels” du rugby (USA, Canada, Maroc, Japon etc…).

Les pionniers:

Joe Karam

Arrivé en 1972, Ashley Moore (AUS, 2ème ligne) est suivi l’année suivante par un All Black aux 42 sélections : Joe Karam (NZL, Arrière). Autant vous le dire tout de suite, si le premier a 25 matchs répertoriés avec l’ASM, le second n’en a aucun malgré une très belle carrière (bien répertoriée sur le site www.allblacks.com). Quelques années plus tard et 34 ans après le D-Day, Fred Moore (USA, 2ème ligne) débarque sur les plages de Clermont. Ce solide deuxième ligne (1m95 pour 106kg, bon d’accord Jauzion a les mêmes mensurations) est né à San Francisco en 1952. Il s’impose après une première saison plutôt difficile. La suite est bien plus réjouissante avec deux finales (perdues vous vous en doutez) de championnat de France et une place de choix dans le très fameux « monstre à 16 pattes ». Il faut attendre pas moins de 30 ans (excepté l’épisode Ferguson) pour retrouver trace d’un sudiste à l’ASM… Et pas si sudiste que çà finalement…

Tony Marsh

Le français:

Arrivé en provenance des Crusaders avec deux titres de Super 12 au palmarès (Crusaders 1998 et Blues 1997), il s’impose d’entrée et accède à la finale du championnat. Encore une fois vous connaissez l’issue du match… La suite est une succession de saisons pleines. Il est LE patron de la ligne de trois quart montferrandaise. Il atteint une nouvelle fois la finale du championnat en 2000/2001 contre Toulouse. L’année suivante, il connait la première de ses 21 sélections avec la France contre l’Afrique du Sud. Indiscutable, il remporte le Grand Chelem 2002. L’année 2003 est toute en contraste avec le diagnostic d’un cancer des testicules en mars et une demi finale de RWC. Il décide de mettre un terme à sa carrière internationale en 2004 et cette même année l’ASM joue à la fois les play-down et la finale du Bouclier Européen… 161 matchs, 37 essais et 1 pénalité (^^) plus tard, sa carrière à Clermont s’achève comme un symbole au Stade de France en 2007 (Finale du Top14 perdue face au Stade Français). Il restera un des joueurs marquants de l’ASM mais aussi de l’Equipe de France. Drôle de revanche pour un indésirable chez les Blacks…


Les oubliés:

Daisuke Ohata, recordman mondial d

Le propre des oubliés est qu’on les oublie. Logique me direz-vous mais nul doute que certains supporters de l’ASM auront un doux regard malicieux et amusé à l’évocation de certains noms qui suivent…Commençons par un autre pionnier, invisible celui-ci. Il s’agit de Scott Ferguson (AUS, 2ème ligne), 5 matchs en 1981-1982. Rien de bien intéressant à raconter… Revenons aux années 2000 et au mythique « pilier » zimbabwéen Nelio de Sa, auteur de 2 matchs pendant la saison 01/02 (pour un carton jaune) et qui a laissé un grand vide dans la mêlée clermontoise. L’année suivante, l’ASM se donne une petite touche asiatique en engageant l’ailier japonais Daisuke Ohata qui a revêtit le maillot jaune et bleu à 2 reprises pour….. 4 essais inscrits ! Et tous dans le même match (un 8ème de finale de Coupe de la Ligue à Colombes devant 150 spectateurs…Une vraie star on vous dit). Au poste de pilier le marocain Mohamed Ouasmia (03/04) n’a pas non plus été « omniprésent », avec seulement 6 matchs joués. Derrière, Dries Schlotz (AFS, centre, 04/05) et Seti Kiole (TON, ailier, 05 -> 07) ont fait des passages éclairs (4 et 6 matchs respectivement). Pourtant le tongien affiche un physique plutôt impressionnant avec ses 120kg sur la balance…Dernièrement Simms Davison (NZL, pilier) a fait un passage anonyme (08/09). Il n’entre pas dans la catégorie des fiascos cependant parce que même aux Chiefs ce n’était pas un cador. C’est dire pour un pilier. Enfin la réussite du recrutement argentin ne dois pas faire oublier les cas Augustin Creevy (talonneur) et Alejandro Campos (3ème ligne), passés en coup de vent et repartis sans dire au-revoir vers d’autres cieux

Les (Suda)fiascos:

Breyton Paulse

Les sud-africains ont un passif assez impressionnant en terme d’échecs à Clermont. Tout a commencé par LA première recrue star de l’ASM : Breyton Paulse (AFS, ailier, 05/06). En provenance des Stormers, fort de ses quelques 60 sélections et plus de 20 essais à l’époque, il devait être le « plus » de la ligne d’attaque. Malheureusement il fut plutôt le « moins », ne s’est jamais réellement imposé dans cette équipe et est reparti comme il venu. Enfin non il n’a pas oublié son dû… Dans la lignée, Grant Esterhuizen (AFS, centre/ailier, 06 –> 09) fut, dans une autre mesure cependant, une déception. Présent trois saisons en Auvergne il ne sera aligné qu’une quarantaine de fois. Un centre sudaf’ dans ce qui se fait de plus « pur », si on peut dire, 7 sélections tout de même. Les avants ne sont pas en reste avec Jacobus « Bees » Roux (pilier, 08/09) et Willie Wepener (talonneur, 09 -> 11). Le premier a été invisible (joker médical de Martin Scelzo) et l’UBB lui a depuis octobre offert asile après une sordide affaire de meurtre sur un policier qui s’est soldée par un arrangement financier. Le second a été un remplaçant honnête de Ledesma pendant deux saisons avec cependant une fâcheuse tendance aux lancers manqués…

John Smit

Mais la palme va sans doute au capitaine des champions du monde 2007, John Smit (talonneur/« pilier » (sic), 07/08). Il fait partie du contingent sud-africain post RWC 2007 recruté par des clubs français (avec Ashwin Willemse, Percy Montgomery, etc…). Il garde certainement un souvenir ému des supporters clermontois, unanimes vis-à-vis de ses performances. Ajoutons à cette brochette de Springboks un petit kiwi : Tasesa Lavea (NZL, ouvreur/centre, 09 -> 11). Venu pour soulager Brock James, il ne s’est jamais réellement imposé étant régulièrement écarté dans les grands matchs. Un bilan médiocre pour un joueur de sa trempe et de sa réputation. Il est depuis devenu international Samoan et a participé au dernier mondial.

Les réussites:

Afrique du Sud: Elles sont nombreuses les intégrations réussies au pays auvergnat, réputé pourtant pour son herméticité au monde étranger. Commençons pour contrebalancer un peu par les sud-africains. De valeureux combattants notamment au niveau des avants : Hottie Louw (2ème ligne, 2003 -> 2005), Selborne Boom (2ème ligne, 2000 -> 2002) ou encore Brent Moyle (pilier polyvalent, 03/04). Deux passages marquants pour deux internationaux sud-africains. L’ancien briviste Gerhard Vosloo s’inscrit à merveille dans la lignée des avants sudafs’. Concernant les trois-quarts, comment ne pas citer Marius Joubert (Centre), qui a formé avec Aurélien Rougerie la paire de centres menant l’ASM à son premier titre. Le « meilleur centre de sa génération » a malheureusement subi des blessures récurrentes au(x) genou(x). Brent Russell (Ailier/arrière) n’est pas non plus en reste en ce qui concerne les blessures. Revenu de nulle part alors qu’il croupissait aux Saracens, il a à de nombreuses reprises montré son immense talent sur des actions hors-normes.

Brock James

Australie: La colonie australienne est elle représentée évidemment par Brock James (ouvreur). Dégotté de la Western Force où il ne s’est jamais imposé, international à 7, l’australien a certainement été le joueur clé des 5 dernières années. Peut être le meilleur coup de l’histoire de l’ASM. Au centre, Pat Howard (03/04) international à 20 reprises entre 1993 et 1997, n’est resté qu’une saison. Il a régulièrement été aligné en tant que titulaire aux côtés de Thomas Soucaze. Les deux saisons de Troy Jaques (2ème ligne, 2001 -> 2003) furent également pleines. Enfin comment ne pas citer Marco Caputo (pilier, 2003/2004), d’origine italienne et international australien.

Nouvelle Zélande: La première réussite néo-zélandaise de l’ASM est sans doute Sam Broomhall (3ème ligne). De 2005 à 2008 l’international à 4 reprises réalisent 3 saisons pleines, véritable taulier du paquet d’avants. L’an dernier Sione Lauaki a fait un passage remarqué au poste de N°8. Adepte du : « je percute et je passe à une main comme un pizzaiolo », il ne parvient pas à s’entendre sur sa prolongation et va voir à Bayonne si l’herbe (sic) est plus verte. Arrivé en 2009, Kevin Senio (1 sélection) occupe lui un poste de remplaçant idéal à Morgan Parra. Enfin Regan King est arrivé cette année de Llanelli avec un début de saison déjà satisfaisant. Mais le plus emblématique néo-zélandais n’est pas un joueur mais évidemment Vern Cotter, entraineur depuis 2006 et venu en tant que double vainqueur en titre du Super 12 puis Super 14 avec les Crusaders. Inutile de rappeler le reste : titre, etc…Il fait partie de la short-list des possibles successeurs à Graham Henry…Sa récente prolongation s’est accompagnée semble-t-il d’une clause en cas de nomination à la tête des All Blacks.

Seremaia Bai

Islanders: La filière polynésienne est elle aussi régulièrement utilisée par l’ASM. En la matière Johnny N’Gauamo (TON, Centre) fait figure de pionner avec ses quatre saisons pleines de 1999 à 2003. Arrivés ensemble en 2006, Seremaia Bai (ouvreur/centre) et Vilimoni Delasau (ailier) ont également connu leurs heures de gloire. Joueur polyvalent de complément parfait pour le premier, ailier capable de tout en attaque et de rien en défense pour le 2nd. Avec Napolioni Nalaga (ailier), l’ASM change complètement sa politique et entend maintenant accueillir les jeunes iliens dès le plus jeune âge. Bien leur a pris puisqu’ils ont fait éclore celui qui a été un joueur clé des dernières années de l’ASM. Tels deux jeunes amoureux qui se quittent en disant toujours qu’ils s’aiment, on le reverra sans doute un jouer sous le maillot de l’ASM. Les jeunes pousses Kini Murimurivalu (ailier/arrière) et Noa Nakaitaci (ailier) s’inscrivent portent la lourde tache de lui succéder. Les samoans ne sont pas en reste avec Ti’i Paulo (talonneur, 2009 -> ?), George Pisi (centre, 10/11), Gavin Williams (centre/arrière, 2009 -> ?) et surtout John Senio (07 -> 09), frère de. Peuvent également entrer dans cette catégorie les iliens français : Abraham Tolofua (pilier, 00 -> 03) qui a réussi trois belles saisons, Jean-Jacques Taofifenua (pilier, 02/03) et Lyonel Vaitanaki (2ème ligne, 02 -> 05) lui aussi auteur de trois saisons satisfaisantes. Il est assez rare que trois joueurs français polynésiens soient alignés ensemble dans la même équipe…

Martin Scelzo & Mario Ledesma

Argentine: Mis à part les cas des « oubliés » précédemment exposés, les argentins ont toujours laissé une trace indélébile du côté de Marcel Michelin. Le plus mythique et désormais sanctifié Mario Ledesma (6 saisons pour 161 matchs), à la fois joueur, arbitre et second entraineur, est sans doute le symbole de cette intégration réussie. A ses côtés Martin Scelzo a calé à lui tout seul la mêlée clermontoise 6 saisons et 120 matchs durant. En troisième ligne, Gonzalo Longo (2004 -> 2007) a lui aussi marqué l’esprit des supporters clermontois. Enfin la ligne de trois quart n’est pas en reste avec Hernan Senillosa (ailier, 2004 -> 2006) qui a réalisé une première saison pleine. Gonzalo Canale a beau être Argentin, il a préféré représenter l’Italie!

Autres: Les autres c’est Jamie Cudmore (CAN, 2ème et 3ème ligne) qui n’a pas fait le voyage transatlantique pour rien. Depuis 2005, pas moins de 13 cartons jaunes et 3 cartons rouges récoltés. Ajoutez à cela les jours de suspension, çà fait beaucoup pour un seul joueur. Son ardeur au combat contrebalance ce bilan jaune et rouge, les mêmes couleurs que Le Corvec… Mais bon au final c’est une figure emblématique du club. De toute façon chaque club doit avoir son boucher. A Clermont, Cudmore s’est désigné sans hésiter.

Un grand merci à l’excellentissime www.cybervulcans.net pour leur aide dans la recherche de ces glorieux (ou moins) sudistes. Leur base de données fut une aide précieuse…