Man On The Moon

Publié le 23 novembre 2011 par Olivier Walmacq

La vie plus ou moins réelle d'Andy Kaufman, improvisateur reconnu ou detesté à cause de ses provocations contre le système, rôle principal de la série Taxi et présumé mort en 1984. 

La critique lunaire de Borat

Milos Forman a peu tourné ces vingt dernières années. Seulement trois films et le dernier, Les fantômes de Goya, n'a pas eu une distribution exemplaire. Il semblerait que comme le Hollandais violent aka Paul Verhoeven, le cinéaste a connu quelques projets avortés et Hollywood lui a tourné le dos après lui avoir ouvert les portes. Pour son avant-dernier film, il continue dans le biopic (il sortait de Larry Flint, biographie sur l'autre magnat de la revue pornographique) avec Man on the moon.
Ici pas de compositeur, ni de pornographe, mais la vie d'un artiste oublié, Andy Kaufman. Pour l'incarner, Forman fait appel à l'électron libre des années 90, à savoir Jim Carrey qui avait convaincu vraiment tout le monde avec ce rôle de victime de la téléréalité dans The Truman Show. Dans les rôles de ses collaborateurs, on retrouve Danny DeVito (qui, comble du comble, a tourné avec Kaufman dans la série Taxi), Paul Giamatti et Courtney Love, ainsi que Vincent Schiavelli.
A noter que l'on retrouve le catcheur Jerry Lawler et Christopher Lloyd (retrouvant Forman des décennies après Vol au dessus d'un nid de coucou et également acteur de la série Taxi), ayant réellement connu Kaufman et jouant leur propre rôle.

Le film sera récompensé à la Berlinade avec l'Ours d'argent et Carrey sera récompensé aux Golden Globes. REM, qui avait déjà rendu hommage au personnage avec la chanson donnant le titre de ce film (qui est sublime au passage), composa également la BO. Kaufman peut être défini comme un ovni de la scène humoristique ricaine. Il avait vraissemblablement le don de se créer des rôles totalement inattendu. Ainsi il est passé d'un imitateur d'Elvis à l'attardé Lacka, en passant par le vulgaire Tony Clifton et le catcheur misogyne par excellence.
Le but de cet artiste était d'aller toujours plus loin et de s'enfermer dans ce rôle pendant un certain temps. Le mec avait véritablement compris les règles de l'entertainment. Une sorte de rebellion contre le conformisme incomprise à l'époque mais prenant tout son sens dans ce biopic. Sauf que ce phénomène ne plaira à plus personne, le public ne supportant plus ses gags. Il verra même virer de son club de spiritisme.
Si bien que quand il annonce qu'il a un cancer du poumon, personne ne le croit surtout qu'il n'est pas fumeur.

Pourtant à sa mort en 1984, tout le monde semble le croire avant que l'innénarable Tony Clifton ne refasse son apparition. Une ambiguité qui fait que beaucoup croient que Kaufman est encore vivant ou est mort après sa mort annoncée. C'est d'ailleurs sur ce postulat que Forman termine son film avec le titre mythique de Gloria Gaynor, à savoir I will survive (très réaliste sur le coup).
L'ami Jim se révèle tout aussi touchant que dans le Peter Weir. Il est non seulement ressemblant à l'artiste mais il lui insuffle clairement son pouvoir comique et ses rares faits d'armes sont hilarants.
Voir son passage au Saturday Night Live où il chante uniquement le refrain de Supersouris, l'autre où il lit Gatzby le magnifique devant des lycéens ronflants, son dernier show (grand moment de music hall) ou la scène où il réussi à battre une catcheuse professionnelle! Définitivement il s'impose comme un acteur sachant allier émotion et humour. Il est totalement investi dans ce rôle d'illuminé dans un monde pareil.En dehors de lui, le film peut compter sur les mémorables prestations de Giamatti, DeVito et Love.

Un vibrant hommage à ce comique de l'absurbe incompris qu'était Andy Kaufman.

Note: 17,5/20

 
Man on the Moon (B.A)