Marine le Pen invoque le peuple pour mieux le berner

Publié le 24 novembre 2011 par Jeunegarde

Un discours qui s’articule autour du peuple.
Après avoir invoqué la liberté dans son allocution aux universités d’été du Front national, c’est le peuple qui occupe une place centrale dans le discours de présentation du programme présidentiel de Marine Le Pen. C’est le mot le plus employé de cette allocution. « La voix du peuple, l’esprit de la France, tel est mon credo » déclare-t-elle. Elle dit vouloir entendre et défendre la voix du peuple, seul souverain dans les urnes. Décider par, pour et avec le peuple serait sa méthode de gouvernement.

Le peuple est opposé aux élites, au système, à « l’oligarchie », aux « technocrates européistes » qui n’ont gouverné que pour la défense de leurs propres intérêts. Elle pointe également du doigt les syndicalistes, les intellectuels.

La politique se ferait donc contre les intérêts populaires. Marine Le Pen dénonce notamment l’arrivée au pouvoir, en Grèce et en Italie, de technocrates issus de Goldman-Sachs et « inféodés aux marchés financiers ».

Une France fermée et repliée sur elle-même.

Lorsqu’elle évoque le peuple, c’est exclusivement du peuple français que Marine Le Pen parle. Son intérêt, sa souveraineté sont toujours opposés aux autres peuples du monde, l’intérêt du peuple français devant prévaloir sur la solidarité avec les autres peuples du monde, y compris les peuples européens. La coopération avec les pays en voie de développement ne s’envisage que conditionnée à l’arrêt des flux migratoires. En résumé, elle préconise la concurrence entre les peuples plutôt que la solidarité et le co-développement.

L’union européenne est vouée aux gémonies et accusée de tous les maux. Toutefois, Marine Le Pen appelle de ses vœux la création d’une structure pan-européenne incluant la Russie et la Suisse mais dont la Turquie ne pourrait être membre. On voit, en creux, l’attachement aux racines chrétiennes et l’expression d’une islamophobie qui ne dit pas toujours son nom.

Marine Le Pen invoque les mânes de la démocratie directe.

Elle souhaite l’instauration de la proportionnelle à toutes les élections. Elle prône également le recours au référendum pour trancher les grandes questions et veut favoriser les référendums d’initiative populaire. Il s’agit cependant d’un affichage de façade. En effet, le Front national se caractérise par un anti-syndicalisme virulent et une défiance envers le monde associatif accusé de dilapider l’argent public et d’être à la solde des « féodalités locales » que sont les régions et les départements. Elle stigmatise et veut mettre de côté ces deux acteurs essentiels de la démocratie et ne crée nullement les conditions de la mise en place de débats approfondis, préalables nécessaires avant le vote. C’est la porte ouverte au populisme. Les deux sujets qu’elle souhaiterait mettre aux voix sont la restauration de la peine de mort et le respect de la vie dès les premiers instants, autrement dit une remise en cause grave du droit à l’avortement.

Marine Le Pen se moque des conditions de vie du peuple.

Dans un discours de plus d’une heure, Marine Le Pen n’a pas dit un mot sur les salaires, le SMIC, l’emploi ou les retraites. Pas plus que des luttes en cours. On notera que les élus FN en région PACA, on refusé de voter la résolution de soutien aux Fralib, adoptée par tous les autres conseillers régionaux, du Front de gauche à l’UMP.

Les salariés, les retraités, les privés d’emploi – Français ou non – n’ont rien à attendre du Front national.

Le protectionnisme comme réponse à la désindustrialisation de la France.

Le Front national fait le constat de la baisse de l’importance de l’industrie dans l’économie française.  Cet « effondrement », notamment de la sidérurgie et de la filière textile, est analysé comme étant une conséquence de la soumission « à l’euro fort et à une concurrence européenne et mondiale totalement incontrôlée ». Pour y remédier, Marine Le Pen souhaite la sortie de l’Euro et la « mise en place de protections intelligentes aux frontières face à la concurrence internationale déloyale (droits de douane ciblés et quotas d’importation), c’est-à-dire vis-à-vis des pays qui nous concurrencent de façon déloyale (par exemple la Chine ou certains pays d’Europe de l’Est).

Une « armée de bénévoles » pour aider à la réindustrialisation

Pour réindustrialiser la France., Marine Le Pen « pense à tous nos retraités de l’industrie, ouvriers, ingénieurs, chercheurs, mais aussi à tous nos seniors, jetés du marché du travail beaucoup trop tôt. [Elle est] convaincue, il y aura l’armée des volontaires bénévoles, qui ne demanderont rien, mais qui seront simplement désireux et heureux de pouvoir transmettre leurs talents aux jeunes générations, celles qui feront la France rayonnante et industrielle de demain.[1]» Une main d’œuvre bénévole, même Laurence Parisot n’ose pas le proposer…

L’accent est mis sur les PME/PMI

Marine Le Pen pointe également les difficultés des PME/PMI plus imposées que les grands groupes et ayant des difficultés à se financer. Elle milite pour la création d’une véritable banque publique de financement des PME/PMI et pour la révision de la fiscalité sur les entreprises. On notera toutefois que nulle part n’est mentionnée une conditionnalité de l’attribution de crédits, des aides ou des allègements fiscaux à la création d’emplois, aux formations et encore moins à la démocratie sociale.

Dumping social et fiscal à la française.

Afin d’assurer la bonne santé de la nouvelle industrie française et de toutes les entreprises, il faudrait leur permettre d’être les plus libres possible, avec moins d’impôt, de taxes et de contraintes afin qu’elle puisse combattre au sein du marché mondial. Ce n’est ni plus, ni moins que du dumping fiscal et social dont les salariés seront les premières victimes.



[1]   Discours aux universités d’été du Front national, 2011.


Tags: avortement, FN, Marine Le Pen, peine de mort, peuple