Une enveloppe contenant des résultats d’examen a bouleversé la vie de la famille. Ils avaient rêvé d’un avenir tranquille, dans la maison qu’ils avaient fait construire pour sortir de l’immeuble et de la ville, se réservant les travaux de finition pour que cette maison soit vraiment leur maison. Et voilà que le fils, Mehdi, encore au collège, souffre d’une maladie (jamais nommée dans le livre, mais Clavel l’a sans doute désignée) qui oblige à tout remettre en question. Et d’abord, il faut décider qui restera à la maison avec Mehdi. Les circonstances font que c’est le père qui laissera son travail. Et la lecture du livre nous fait oublier qu’il est écrit par une femme. On entre dans les préoccupations d’un homme, un imprimeur, un ouvrier, du jour au lendemain père au foyer, un peu perdu dans ces nouvelles conditions de vie et qui s’accroche à tout ce qu’il peut pour être à la hauteur. Pour être vivant et attentif, pas un héros du quotidien, non, un homme confronté à l’impensable et qui regarde et qui s’efforce de faire ce qu’il faut. Mais sait-on ce qu’il faut faire, en dehors des recommandations du médecin ? Il ne nous cache rien de ses accès de faiblesse, son manque de courage, parfois, pour finir les travaux commencés dans la maison, son besoin d’aller faire un tour (au bout du lotissement) pour respirer un bon coup, sa honte de ne pas travailler à l’imprimerie tandis que ses collègues lui affirment leur solidarité. Tout est devenu difficile, et le quotidien est sans horizon. Pourtant, c’est un récit traversé d’amour de part en part et qui nous interroge sur le travail, la famille, la réussite sociale, le fait d’être un homme, un humain et pour quoi nous vivons.