Polisse, film de Maïwenn

Par Mpbernet

On sort de la séance totalement groggy. On sent que les situations décrites sont issues de la réalité, et cette réalité fait peur.

Fillettes abusées par leur père, jeunes filles forcées à travailler par leur oncle, chef de clan roumain, misère de ces mères qui confient leur enfant à la police pour qu'il ne couche plus dans la rue mais auxquelles on est dans l'incapacité de trouver une solution d'hébergement avec leur enfant...Le quotidien de la Brigade des mineurs.

Avec ses succès et ses échecs, une vie en communauté dans le stress quotidien qu'il faut de temps en temps évacuer...On sort ensemble, on a des histoires de coeur, on se raconte ses problèmes personnels, on se laisse manipuler, on devient violent ...Et il y a de quoi.

On danse aussi : une scène superbe. Quel que soit le milieu, l'inceste touche toutes les catégories sociales. La notion du bien et du mal chez certains parents et certains enfants est complètement pervertie...

Maïwenn continue de régler certains comptes personnels, mais met en scène son propre père dans une scène de déjeuner familial. Elle filme avec sensibilité, et surtout un rythme palpitant. On se croit vraiment au coeur d'un reportage caméra au poing. L'équipe des comédiens joue à la perfection : Karine Viard faible et vulnérable, Marina Foïs si forte en apparence mais boulimique et suicidaire en réalité, Nicolas Duvauchelle tendre, Antony Delon entrevu quelques instant en flic de terrain et surtout, surtout JoeStarr, tendre, violent et séducteur. Est-ce vraiment un rôle de composition ?

Maïwenn joue aussi, dans la sobriété. Elle est la photographe. Elle regarde et participe. Un pied en dehors et un pied en dedans. Etrange et efficace.

Elle n'a pas usurpé le prix qu'elle a récolté au festival de Cannes. Ni ses 2 millions d'entrées déjà engrangées. Son film fera référence. Et on pensera davantage à la maltraitance des enfants...