LE PACTE DES VIERGES, de Vanessa SCHNEIDER

Par Geybuss

Roman - Editions Stocks - 191 pages - 17 €

Parution en Août 2011

RENTREE LITTERAIRE SEPT 2011

L'histoire : Gloucester, côte Est des États-Unis. En 2008, 17 gamines d'un même lycée tombent enceintes en même temps. Elles auraient passé un pacte. Stupeur dans la ville, excitation des médias....

Tentation : Le pitch, la curiosité

Fournisseur :Price Minister, lors du Match de la Rentrée. Merci pour l'envoi !

Mon humble avis :Vanessa Schneider s'appuie sur un fait divers réel pour ce roman. Ensuite, a -t-elle recueilli elle même les témoignages des jeunes filles, s'est elle documentée pour un déduire certaines choses et "broder" cette histoire ? Je l'ignore. Mais en tout cas, cela sonne sacrément vrai et désespérant en même temps. 17 jeunes filles se sont accordées pour tomber enceintes en même temps, avec pour tout projet et à priori toute motivation que d'élever ces bébés ensembles, sans avoir réfléchi le moins du monde aux conséquences que l'on imagine. Devenir mère à 16 ans n'est plus vraiment dans l'ordre des choses à notre époque.

Le pacte des Vierges alterne le témoignage de 4 des 17 adolescentes tombées enceintes en même temps. Ces témoignages sont "brut de pomme" comme on dit,  les filles n'y vont pas par  quatre chemins... même si elles prétendent le contraire. Elles font preuve d'une naïveté, d'une immaturité incroyable. D'ailleurs, sous leurs grands airs, on découvre plus de fissures que celles qu'elles ignorent elles même, puis pensent cacher et enfin, commencent à avouer. Ces 4 filles, toutes plus écervelées les unes que les autres, pourraient ne mériter qu'une bonne paire de gifles si la situation n'était si grave. Car au fil du livre, on leur trouve des circonstances atténuantes qui les ont menées dans une solitude et un isolement social indélébile. Trois d'entre elles proviennent de milieux sociaux on ne peut plus défavorisés. Il y a Lana, la forte gueule limite garçon manqué qui peine à lever sa mère abreuvée d'antidépresseurs et de télé depuis le départ du père alcoolique. Il y a Cindy, qui après le foyer, vit chez sa tante. Son père est en prison et sa mère est partie sur la côte Ouest avec son nouvel amant, laissant là ces deux enfants de 12 et 8 ans. Il y a Kylie, ex minimiss, seule avec sa mère débordée qui rêve toujours de devenir une star... Enfin, Sue semble la plus encadrée des 4. Elle vit chez ses parents, qui sont très souvent à la paroisse, malgré une histoire louche non élucidée à propos de son père...

Le ton du livre est très factuel, et c'est sans doute voulu. D'ailleurs, je peine à lui octroyer le nom de roman... Témoignage, documentaire ou reportage conviendrait presque mieux. En effet, ne manquait que les images et le son pour que je m'imagine devant ma télévision à mirer une émission qui s'intitulerait : "grand reportage, ces enfants qui font des enfants," ou "enquête exclusive (l'affaire de Gloucester)" ou encore un mélange de Confessions intimes et Zones Interdites. Sauf que là, ce n'est pas drôle du tout. Il s'agit de gamines qui vont être mères sans réaliser une seconde dans quoi elles se sont engagées, qu'elles responsabilités les attendent. Et d'une génération future, directement concernée, qui se trouve bien mal partie...

Ce livre est il bien écrit, bien conçu ? Oui, puisqu'il se dévore et peut se lire presque d'une traite. Par contre, j'ai du mal à distinguer réellement le talent de l'auteur. C'est sans doute le risque lorsque la plume mime la parole de l'autre, que l'auteur n'intervient jamais. J'ai en effet l'impression que Vanessa Schneider a recopié scrupuleusement ce que son dictaphone a pu lui recracher après l'enregistrement des témoignages qui, par leur alternance, donnent un bon rythme à ce livre. Mais le talent de Vanessa Schneider est peut-être là : donner cette impression alors que sans doute, Le pacte des Vierges résulte d'un travail laborieux. En tout cas, il me laisse une sensation de lecture étrange. Oui, je l'ai dévoré, mais de loin, comme si un écran de télé laissait une distance entre ces jeunes filles et moi. Vraiment curieux...

Quand aux émotions... Et bien elles sont presque absentes des récits des jeunes filles qui jouent aux dures. Elles restent (ou paraissent rester) presque aussi distantes que nous de leur histoire. Alors, celles du lecteur deviennent de l'effroi devant autant d'irresponsabilités aux conséquences aussi graves. Malgré leurs grossesses, ces filles continuent à boire, à fumer, et pas que des cigarettes. Enfin, je regrette que l'enquête auprès de ces filles ne soit pas plus poussée. Le sens profond de leur motivation n'apparaît pas clairement alors que leurs mesquineries de cours de récrée sont plus poussées. Cela aurait peut-être développer mon empathie. A moins qu'il n'y ait juste pas de sens du tout. Monde, monde, triste monde, si on t'appelait Raymonde... Comme chante Maxime le Forestier.

L'avis deLyiah, de Joelle, de Lystig