[live report] lana del rey au studio 104

Publié le 28 novembre 2011 par Acrossthedays @AcrossTheDays


Je pense avoir été assez expansif sur mon amour pour Lana Del Rey (notamment dans cet article où j’expliquais ressentir la perte d’un être cher en même temps que le grand public apprenait à la connaître, ainsi que sur Twitter) pour ne pas avoir à expliciter de nouveau ici les sentiments que j’éprouve pour elle (surtout que ça serait rajouter une couche de niaiserie que j’estime assez superflue).

J’ai reçu, lundi à 17h30, un mail de Nolwenn m’expliquant la situation : elle a gagné deux places pour le concert privé de Lana Del Rey mercredi (via un concours sur Madmoizelle), et elle me propose de venir. On ne s’est vus qu’une seule fois il y a deux ans, à un concert de Air, mais elle a su se souvenir de mon « amour » pour Lana ; et j’en suis ravi ! Dans ces moments-là, généralement, une montée d’adrénaline s’empare de moi et je deviens surexcité d’un seul coup (le visionnage qui a suivi de l’atroce Twilight n’a qu’à peine entamé mes ardeurs, c’est dire). Je n’ai que pu répondre par la positive, et je me suis empressé de réserver deux billets de train : je quitterai Rennes à 9h, avant de repartir de Paris à 21h, quelques heures parisiennes qui ne feront pas plaisir à ma banquière mais qui se montreront inoubliables.

RDV est donné à midi en Gare du Nord avec Nolwenn (qui m’invite), Emilie (rédactrice chez Madmoizelle) et Marie (l’autre gagnante), qui invite Julien. On fait connaissance autour d’un café (Histoire de l’art et Anglais pour les uns, quand certains ont fait une prépa littéraire, et Sciences Po pour les autres; Lille, Lyon, Paris, Rennes, Nantes), avant de poursuivre par une dégustation de sandwich dans le RER qui nous mène aux studios de la Plaine Saint-Denis. Après un parcours quelque peu compliqué jusqu’au fameux Studio 104 de Canal+, et une attente qui m’a paru bien longue (était-ce à cause de notre avance ou à cause de mon impatience grandissante ?), nous prenons place au premier rang des gradins (déjà bien remplis d’une centaine d’âmes). On observe attentivement le décor kitsch à souhait et les caméras impressionnantes qui semblent nous scruter, on échange quelques mots avec l’équipe technique, on rigole un peu, on trépigne d’impatience mais on le cache.

Il nous est gentiment demandé d’enregistrer des applaudissements, et ce à huit reprises, et vu qu’on est reconnaissants d’être là, on se soumet à la demande. On tape des mains, on se met debout, on siffle un peu, on feint tous d’être super heureux de cette super chanson que super Lana vient de nous livrer alors qu’on a absolument rien vu. Et on fait ça huit fois. Cet exercice un peu étrange semble encore plus hors-propos après coup puisqu’on est sensés être de plus en plus contents du concert au fur et à mesure des prises, mais en réalité il y a certaines chansons qu’on applaudit forcément plus que d’autres (celles qu’on attendait le plus), et pas forcément celles qu’on était censées le plus applaudir. Ces quelques subtilités réglées, le concert peut enfin commencer.

Les musiciens entrent en scène, suivis de près par Lana Del Rey, enserrée dans une robe fourreau en dentelle noire et tissu chair (qui « souligne ses formes à merveille », comme on est dit quand on est distingué), juchée sur de hauts talons noirs (dont les étiquettes blanches sont encore collées aux semelles) et apprêtée à la perfection (longs ongles manucurés, cheveux volumineux et resplendissants).

La setlist est la suivante :

  • China Doll/Without You

  • Blue Jeans

  • Born To Die

  • Radio

  • Million Dollar Man

  • Video Games

  • Off To The Races

  • You Can Be The Boss

    // + acoustique //

  • Video Games

  • Born To Die

Ces huit morceaux sont les huit seuls morceaux qu’elle a joué sur sa tournée jusqu’ici, ce qui me laisse craindre que son album à paraître en janvier (dont le titre sera Born To Die, ce qu’elle a annoncé elle-même sur le plateau de Taratata) ne contienne que ces huit titres (Edit : Il en contiendra finalement plus, puisqu’il lui en reste 4 à produire et on peut supposer qu’elle en a déjà enregistré plus que 4). La set-list mêle donc les formidables tubes qui l’ont révélée au public (Video Games en tête, ainsi que Blue Jeans), quelques anciens morceaux qu’elle a réadapté (Million Dollar Man et You Can Be The Boss), de nouvelles chansons (China Doll/Without You (les deux titres circulent), Radio et Off To The Races), ainsi que son prochain single (Born To Die) dont le clip a été réalisé par Woodkid et sortira dans les semaines (jours ?) à venir.

Un mois et demi après son premier passage à la télé, Lana Del Rey a pris de l’assurance, elle semble moins crispée quand les caméras la filment, et même si on sent encore son énorme timidité transparaitre, elle a beaucoup gagné en confiance depuis son live sur le plateau de Jools Holland.

Ses musiciens, eux, ont l’air complètement détendus, et il faut avouer qu’ils ne se privent pas de regards complices et de sourires en tous genres. Le groove des nouvelles chansons de Lana, c’est eux qui l’apportent, et de la plus belle manière. Appliqués sans être démonstratifs, je suis impressionné par leur joie, qu’ils ne cachent pas quand ils jouent, et leur talent manifeste.

Lana est là et heureuse d’être là, elle sourit timidement, mord sa lèvre inférieure, tire la langue. Elle se montre mutine, presque joviale, ce qui contraste parfois avec l’ambiance distillée dans ses chansons, mais la rend plus sympathique que l’image « papier glacé »/Barbie qu’elle pourrait donner.

Je me rends compte de la chance que j’ai d’être là, que je pourrais tendre le bras pour la toucher, c’est si étrange, d’être là, à sa hauteur, de l’entendre chanter ses chansons, toutes plus belles les unes que les autres. Elle fascine, maintenant plus que jamais. Et il faut le dire : elle est bien plus belle en vrai. Ses lèvres (trop) refaites sont moins imposantes, son visage est plus attirant, elle est en fait sublimée par la réalité.

A peine disparue, Lana Del Rey est revenue pour deux titres en acoustique (c’est à dire avec son groupe, expurgé du bassiste et du batteur), à savoir Video Games et Born To Die, ce qui a permis de faire taire les mauvaises langues (notamment la mienne) qui disaient que son live ne dépasserait pas la demi-heure. Je me suis surpris à penser que ces deux musiciens manquaient, qu’ils ajoutaient un intérêt non négligeable à ces morceaux. Sans eux, les morceaux, même si peut-être plus touchants parce que plus directs, semblent manquer d’un supplément d’âme. Il faut quand même reconnaître qu’en acoustique, la beauté des chansons est soulignée, et Lana semble encore plus habitée par les paroles.

En applaudissant, je reste là, le sourire aux lèvres mais mon esprit est déjà ailleurs. Je disais que ma Lana Del Rey finirait en lambeaux ? Ces lambeaux de ma Lana m’ont offert des chansons revisitées de la plus belle des manières, soulignées par des mélodies sublimes et voir ceci de la part d’une artiste (que j’apprécie particulièrement) aux portes de la gloire m’a donné un sourire aussi large que les talons de ladite artiste sont hauts.

En sortant de là, nous somme tous assurés du talent de la belle, et rêvassons encore quelques temps, la tête dans ses chansons. Après avoir dit au revoir et uns et aux autres, je retrouve mon meilleur ami Paul qui m’offre des Reese’s, cette merveille uniquement américaine qu’il a réussi à dénicher à Paris. Où comment clore le plus beau des orgasmes auditifs par le plus beau des orgasmes gustatifs.