Club de lecture des bloggeuses : "Je, François Villon" @

Par Valériane

François Villon ! Le thème était plein de promesses : du poète, nous sont parvenus quelques vers à peine, mais sa légende a commencé de s'écrire de son vivant ...
Né quand mourrait Jeanne d'Arc, François Villon, parisien orphelin élevé par un chanoine, fait des études pour devenir clerc. S'il développe un don exceptionnel pour la poésie, c'est accompagné d'un goût certain pour l'irrévérence.
L'époque est agitée : guerre, famine et épidémies, manifestations étudiantes et répressions policières (eh oui !) ; François Villon fait rapidement l'école buissonnière (Mais quoy ! je fuyoië l'escolle / Comme fait le mauvaiz enffant) et se trouve mêlé à diverses rixes et larcins. A-t-il rejoint les Coquillards, sorte de "mafia" de l'époque ? Quittant Paris où il devient un peu trop recherché pour ses méfaits, on le retrouve à Blois à la cour de Charles d'Orléans, comme courtisan-poète ! Ensuite, sa trace se suit de nouveau grâce à des procès-verbaux : Villon est emprisonné à plusieurs reprises. Après quoi il décide de retourner à Paris où il se trouve aussitôt emprisonné pour rixe et larcin de nouveau. Condamné à être pendu, il fait appel et sa peine est commuée en 10 ans de bannissement. On perd sa trace ici ... il s'est tout simplement évanoui dans la nature !
Voilà un personnage dont la vie elle-même est déjà un roman. Une vérité historique mâtinée de suppositions et de fantasmes, voilà qui ne pouvait qu'inspirer largement l'auteur Jean Teulé. François Villon, grand inspirateur des romantiques était un artiste vraiment "rock'n roll" si vous me passez l'anachronisme ... mais, de là à en faire cet espèce de psychopathe sadien que Teulé nous décrit !
Car, oui, de descriptions nous en sommes abreuvés. Tortures, meurtres, viols, le texte dégouline littéralement d'hémoglobine et de m... Le moyen-âge a été violent et sale certes, mais ici il est exclusivement réduit à ses aspects les plus "trash". Teulé nous offre les Chants de Maldoror de François Villon.
Et pourtant je l'ai lu jusqu'au bout. Parce qu'au milieu de la prose complaisante de Teulé on peut lire la poésie savoureuse de François Villon. Et pour moi cela a été une superbe découverte. Dans sa nature originale que je me prenais à lire à haute voix, quel délice que d'entendre chanter la sonorité gracieuse de ces vers médiévaux. Dans sa traduction en français moderne, quel plaisir que d'apprécier l'humour subtile de ces ballades trucculentes. De la subtilité... C'est exactement la qualité qui manque à ce roman.

Jean Teulé Je, François Villon
* Julliard 2006, ISBN-13: 978-2260016830, Prix éditeur: 20,00 €
* Pocket 2007, ISBN-13: 978-2266166539, Prix éditeur: 7,10 €