[Critique DVD] Le chinois

Par Gicquel

C’est un beau thème que celui de la vengeance ancestrale. A la fin du XIX ème siècle, alors que la main d’œuvre chinoise s’affère à la construction du chemin de fer américain, un contremaître néerlandais règne en despote sur son équipe. 300 ouvriers vont mourir de ses mains ; un enfant est le témoin de sa brutalité. Sa mère n’en reviendra pas.

Un siècle et demi plus tard, toute la descendance du bourreau est décapitée. Une femme, Brigitta Roslin, échappe au massacre qu’elle ne comprend pas. En marge de l’enquête de police, elle part sur les traces de l’assassin …

On peut déjà sourciller un brin face à cette histoire improbable, mais le cinéma est aussi fait pour nous conduire dans ces contrées impénétrables, qui recèlent quelques vérités.

Et le réalisateur Peter Keglevic y croit tellement, que pendant trois heures il déroule un scénario ficelé pour une série TV .La manière de ramener par intermittence toujours les mêmes plans est significatif de cet état d’esprit, mais ce n’est qu’un détail. Le fond du problème demeure dans son absence d’audace à aborder  frontalement un sujet qui demande plus d’énergie et de concision dans la mise en scène.

Ici elle prend tout son temps et s’égare  dans des digressions cinématographiques sympathiques, mais préjudiciables au suspense. Il faut attendre la seconde partie du film (DVD 2) pour que celui-ci donne enfin la juste mesure d’un récit hors-norme. Et que la fougue de notre héroïne, parfaitement incarnée par Suzanne von Borsody , trouve de quoi alimenter le mystère qui entoure le meurtre de ses parents.

Nous sommes cette fois à Canton ;  la traque qui s’organise entre les assassins présumés et la victime donne alors du fil à retordre à nos scénaristes. Mais  la vigueur, voire la violence inhérente au genre triade qui se profile dans les rues de la capitale font défaut. On voit aussi que le sujet de la vidéo surveillance taraude notre cinéaste, qui pourtant ne s’appuie jamais sur les ressorts de ces caméras espion et de ce voyeurisme coupable du patron de l’hôtel où réside Brigitta. Il effleure beaucoup de sujets, mais en traite si peu. J’imagine soumettre un tel film à un cours de cinéma synthèse. Ramenez moi tout ça à 90 minutes chrono dirait le professeur et les élèves en feraient un excellent polar.