18 kilomètres à pieds… ça use, ça use…

Publié le 01 décembre 2011 par Stephaniehk

C’est l’histoire d’une balade que j’ai découverte en parcourant les cartes de randonnées.

Connaissant déjà un peu le coin, j’avais très envie de découvrir cette partie là: sur le papier les paysages étaient prometteurs.

Le ‘hic’: le Plover Country Trail, matérialisé en rouge sur la carte, mesure 15.5km, auxquels il faut encore ajouter les 2 km du barrage. Bref, près de 18km, même avec nos héros de gamins, ça semblait un peu long pour une sortie en famille.

J’ai réussi à décider 2 copines (il parait que je ne suis pas bonne commerciale, il ne faudrait pas annoncer le nombre de kilomètres ) et nous nous sommes lanceés avant-hier, faisant confiance à la météo très engageante.

Le point de départ de la balade se situe à Wu Kau Tang, le même endroit que pour l’une de mes balades préférées, celle ci.

Dès le départ, cela grimpe, mais le chemin est agréable, naturel (comprendre: pas bétonné) et nous savons que le dénivelé de la promenade n’est pas énorme (le point culminant n’est qu’à 311 mètres).

 

En prime, dès le premier ‘sommet’, nos efforts sont récompensés: la vue est exceptionnelle et je sens que nous allons manquer de superlatifs!

Nous prenons aussi conscience de la dimension du challenge du jour: dans quelques heures nous serons juste en face, sur le petit barrage puis enfin sur le grand à droite…

Comme nous marchons sur la crête de la colline, nous pouvons aussi admirer le paysage côté nord: Wu Kau Tang, notre point de départ, le groupe d’iles de Double Haven, et l’ensemble du Plover Cove Country Park.

Régulièrement, des panneaux nous mettent en garde contre le précipice. Il est vrai qu’on a du mal à l’imaginer car la végétation reste abondante.

 

Nous en prenons plein les yeux: le soleil est écrasant et blanchit un peu l’horizon mais le spectacle est à couper le souffle. N’oublions pas que nous sommes à 1h de voiture de Central!

C’est pour faire face aux besoins croissants en eau, dus à l’explosion démographique des années 1950, que le gouvernement britannique a décidé de construire cet immense barrage. Les travaux se sont déroulés entre 1960 et 1968. Les ingénieurs ont tiré profit de la géographie particulière du site: des collines en arc de cercle et un plan incliné vers la mer, la baie de Plover Cove. Il a suffi de fermer cette baie pour constituer une réserve de 230 millions de litres (d’eau douce, après vidange de l’eau de mer). 8 villages ont été ensevelis pour les besoins de ce projet, le gouvernement a relogé toutes les familles dans 10 immeubles de 7 étages spécialement construits à cet effet à Tai Po.

En 1978, un second barrage de ce type (sur la mer) a été construit sur High Island, au dessus de Sai Kung. Il surpasse le Plover Cove en terme de capacité puisqu’il atteint les 273 millions de litres! La capacité totale des lacs de retenue de HK est de 586 millions de litres. Ces 2 lacs sont donc les principales réserves du territoire.

En 1963, une sécheresse majeure avait entrainé un rationnement terrible – 4 heures d’eau tous les 4 jours. Cette situation était exceptionnelle mais le rationnement en eau faisait partie du quotidien des hong kongais dans les années 60. Le Plover Cove reservoir a permis de supprimer le rationnement jusqu’en 1977, et le High Island Reservoir a contribué au rétablissement du service continu. Aujourd’hui, ce type de soucis semble bien loin et pourtant HK reste largement dépendant de la Chine pour son eau potable. 70% de l’eau potable est en fait importée de Chine voisine et pas plus tard qu’en 2010, HK a encore du faire face à une importante sécheresse qui a mis à sec ses réserves.

Au passage, petite anecdote: savez vous que plus de 80% des toilettes de HK fonctionnent avec de l‘eau de mer?

 

 

Derrière nous, la crête s’allonge petit à petit, tandis que devant nous ce panneau indique une zone ‘challenging’. Il faut comprendre que le terrain est un peu difficile, le risque de chute est à prendre au sérieux et il vaut mieux être bien équipé (on en reparlera plus tard…)

 

En attendant, nous décidons de faire notre pause pique-nique ici: qui pourrait rêver d’un meilleur décor?!

 

De ce point de vue, on pourrait imaginer que l’on est à la moitié ( le barrage est juste en face de nous), mais les panneaux ne confirment pas du tout cette impression!!

 

Wu Kau Tang, c’est le point de départ, Tai Mei Kuk c’est l’arrivée: nous avons fait un peu plus du tiers, seulement!

Le panneau disait vrai, nous devons descendre un ‘mur’ en prenant pas mal de précautions: la terre est extrêmement sèche et il faut se tenir aux branches pour éviter de dégringoler. Rien d’infaisable au final, ce qui nous embête le plus c’est qu’on voit bien, au loin, qu’il va falloir remonter!

Encore une fois, nous nous retournons sur le trajet déjà effectué: sur la photo de gauche, la crête entre le réservoir et Double Haven/le nord du Plover Cove Country Park, sur la photo de droite, le sentier qui sépare le réservoir du Tolo Channel – la mer.

 

Les températures n’en témoignent pas mais nous sommes fin novembre: les rayons du soleil sont déjà bas et les contrastes s’affirment…

Ai-je déjà dit que c’était BEAU?!!

 

Ce qu’on voit au milieu de l’eau est un parc à huitres. Je ne sais pas s’il est encore utilisé car la ferme à perles située à droite, au milieu de la photo (cliquez pour apercevoir les bâtiments), est abandonnée depuis une vingtaine d’années. Vous trouverez de très belles photos des ruines sur ce site.

Au loin, photo de droite, on aperçoit très nettement le Ma On Shan qui culmine à 702 mètres.

Le barrage semble encore loin!

 

Au fond à droite se situe l’entrée du Tolo Channel, le bras de mer qui nous sépare de la péninsule de Sai Kung et qui est en réalité une faille majeure: la constitution géologique de part et d’autre de ce passage est complètement différente.

Une barrière de contrôle a été mise en place dans les années 90 afin de ralentir la vitesse des bateaux pénétrant dans ce passage et d’en contrôler le contenu (beaucoup de contrebande d’appareils électriques à l’époque) et pour éviter aussi l’immigration clandestine depuis la Chine (sur bateau ou à la nage). Bien que ces risques soient aujourd’hui très réduits, la barrière existe toujours et nous avons aperçu plusieurs patrouilles-bateaux.

 

Le barrage semble interminable: 2100 mètres. Ce qu’on n’imagine pas, c’est la hauteur de l’édifice: 28 mètres, c’est à dire environ 9 étages!

Devant nous, le Pat Sin Leng me rappelle une autre très belle ballade.

Nous voici enfin à Tai Mei Tuk, le point d’arrivée. Un centre de loisirs permet de louer des vélos, des rosalies ou encore des barques. De nombreux étudiants profitent des derniers rayons du soleil pour se balader à vélo le long du barrage. Pour les barques, il semble qu’il soit trop tard, mais l’ensemble est vraiment très photogénique:

 

 

Encore une magnifique promenade, le plaisir des yeux et la satisfaction de faire de l’exercice en se faisant plaisir.

Au final, les kilomètres ne doivent pas faire peur car 2 jours après je n’ai aucune courbature. En fait, il y a très peu de dénivelé et surtout très peu de marches. Le plus éprouvant dans les randonnées hong kongaises, ce sont vraiment les escaliers, les marches inégales et surtout jamais adaptées à la taille de nos jambes! Des balades comme les Twins ou le Lantau Peak sont beaucoup plus physiques pour cette raison.

Ce qu’il faut prévoir, c’est du temps, de l’eau et de la nourriture… et de bonnes chaussures

Car je ne peux conclure ce billet sans tirer mon chapeau à Géraldine, à qui le titre est dédié: 18 kilomètres à pieds, ça use… les souliers!!!

Chronique d’une mort annoncée – car les semelles ont été découragées par la balade environ 10 mètres après le point de départ (non, je n’exagère pas, j’ai une photo-preuve sur laquelle on voit encore les barrières du parking!!). Voilà ce qui peut arriver quand on oublie des chaussures quasi neuves dans un placard bien humide de Hong Kong!!

 

Ok, on aurait pu (du?) renoncer, mais c’eut été bien dommage, non?!