Le Secret, de Frédéric Lenoir

Par Litterature_et_chocolat @HeleneChoco

 On n’a pas fini d’être déçu par la nature humaine.

La littérature regorge de secrets, c’en est même l’une des thématiques phares. Celui de Frédéric Lenoir est de toute beauté, révélé par un conte philosophique porté par un suspens inattendu et un héros dont on envie le calme et la plénitude. Un petit bonheur à s’offrir!

RÉSUMÉ :

Pierre Morin a disparu durant deux jours. Lorsque sa mère et des villageois le retrouvent, le jeune garçon a changé, comme empreint d’une nouvelle force intérieure. Et surtout, il s’est passionnément attaché au terrain d’un voisin, une terre aride, remplie de caillasse, et semble prêt à tout pour l’acheter. Forcément, pour les villageois, Pierre y a découvert un trésor qui ferait sa fortune. Mais les soupçons et la jalousie vont plutôt creuser le lit de son infortune.

MON AVIS : une très belle fable, pleine de douceur et de lucidité

On aimerait y croire, à la solidarité entre les habitants des campagnes, cette fraternité dont les habitants des villes sont persuadés qu’elle existe encore, retranchée dans les derniers bastions de verdure des petits villages. Faut-il aller la chercher dans les pays bouddhistes, cette sagesse qui unie les hommes, cette joie de vivre dénuée de jalousie et d’envie? Ne peut-on pas trouver dans notre culture occidentale, chrétienne, dans la patrie des Droits de l’homme et des Humanités, des fragments d’une richesse intérieure qui prévaudrait sur les biens matériels?

Frédéric Lenoir ne laisse pas le lecteur se bercer d’illusion, et l’emmène dans ce qui semble être un conte qu’on se racontait lors des veillées, une fable un peu sombre sur la vie de village et la perversité des hommes, des femmes et même des enfants qui torturent des animaux pour le plaisir. Derrière une belle écriture sobre et douce, très agréable à lire, Frédéric Lenoir porte un regard implacable et inexorable sur les choix et les valeurs qui guident notre existence. C’est cependant habilement suggéré puisque l’auteur laisse nous le choix de lire ce petit roman comme un polar campagnard ou une parabole sur les valeurs qui prédominent dans nos vies, dans notre société.

Quelle que soit la lecture retenue, l’issue inéluctable laisse comme une amertume, des regrets et une inquiétude : est-ce vraiment cela, l’humanité?

Un autre avis chez Argali

JE VOUS LE CONSEILLE SI…

… vous rêvez de vivre à la campagne (comme moi) : faut-il préférer l’anonymat de la ville ou les regards suspicieux et les sourires mielleux des voisins? Les débats sont ouverts…
… vous ne comprenez rien aux agissements de certaines personnes, portées par des motivations qui vous dépassent. Et si c’était d’une simplicité confondante?

EXTRAITS :

La nature humaine est ainsi faite (souvent) :

Si la plupart des villageois médisaient dans son dos, tous lui témoignaient de vives marques d’amitié lorsqu’ils le croisaient: en partie parce qu’ils se sentaient soudain plus proches de Pierre, qui avait su faire preuve d’une grande sagacité pour hériter de la veuve Verdeuil, aussi parce qu’il était devenu en l’espace de vingt-quatre heures l’un des hommes les plus riches du village.