Gary (Indiana) ou comment une ancienne cité industrielle en vient à captiver les cinéastes

Publié le 01 décembre 2011 par Rene Lanouille

Gary, l'Hollywood de l'est Fondée en 1906 par la compagnie américaine des aciéries (United States Steel Corporation), Gary a connu la prospérité grâce à son industrie. La délocalisation et la fermeture d’aciéries dans les années 1960 entraîneront une crise importante et un taux de chômage sans précédent jusque là. La ville a vu depuis grimper la criminalité et bon nombre de commerces ont du fermer leurs portes ; la population (qui comporte une majorité d’afro-américains) est minée par une pauvreté, qui semble sans issue…C’était sans compter l’arrivée d’une autre industrie, celle du cinéma, qui trouve dans les quartiers à priori délabrés de Gary des décors de choix !

Si plusieurs quartiers sont en ruines et quelques routes défoncées, cela constitue un atout non négligeable pour une certaine catégorie de films (la ville a par ailleurs l’avantage de se trouver en bordure du lac Michigan). Selon Kely McClung, réalisateur de films d’action, « pour que des films à petit budget paraissent au contraire avoir été réalisés avec beaucoup d'argent, rien de tel que de la rouille, de la poussière et de la saleté ». Celui-ci réside à présent dans le secteur et confie également qu’il s’agit de l’endroit idéal pour tourner un film à suspense. « De nombreuses histoires peuvent être racontées dans ce genre d'endroit »...

Ben Clement, ex présentateur de télévision de l’Ohio, n’est pas étranger à cet interêt grandissant des studios pour Gary . Actuellement en charge du développement économique de la ville, il a décidé de tirer le meilleur parti de ce paysage de cendres, le coût de la démolition des bâtiments abandonnés étant trop onéreux. Depuis la création en 1997 du Gary Office of Film and Television, il est parvenu à attirer dans la cité déclinante quelques centaines d’équipes de tournage, en mettant en avant le charme si particulier des lieux : « Vu que de toute manière ces bâtiments se trouvent là et qu'ils ont un certain intérêt esthétique ou ésotérique, attractif pour les réalisateurs, pourquoi ne pas en tirer avantage? »

On peut souligner la présence d’une église gothique en ruines, délaissée depuis une trentaine d’années, qui a été le théâtre d’environ 75 tournages (dont le blockbuster « Transformers 3 » et le film d’épouvante « Altered » de Kely McClung, sortie à venir en 2012). Le miracle économique n’a hélas pas encore eu lieu : la ville manque cruellement de stuctures hotelières pour accueillir les équipes et celles-ci ont tendance à se rabattre sur Chicago et d’autres villes de sa banlieue. De plus, la location des lieux à l’abandon génère relativement peu de revenus à la mairie : 500 dollars par jour seulement pour un long-métrage et 250 dollars pour un court-métrage.

Malgré tout, la machine à rêves est lancée et la ville a pu voir se créer en février 2011 son propre festival de cinéma, consacré aux réalisateurs noirs américains. Le cinéma aura au final redonné un semblant d’espoir aux habitants de Gary et dans le fond, n’est-ce pas cela le plus précieux ?


Aurélie Falleau