Les mots de la politique : la germanophobie par Romain Pigenel

Publié le 04 décembre 2011 par Letombe

Amis Allemands qui lisez ces lignes, je sollicite votre totale attention pendant quelques secondes. Si vous vivez actuellement en France, PRENEZ GARDE. Gardez votre calme, conservez un sourire constant, mais rassemblez vos affaires, regagnez votre domicile, et réservez de toute urgence un billet nach Berlin. Vous n’êtes plus en sécurité. Un terrible péril vous guette dans l’Hexagone : la bête immonde de la germanophobie.

Tous les jours, d’innocents passants en salopette de cuir et tee shirt Oktoberfest se font lyncher par des foules gauloises démentes, la bave aux lèvres, quand elles ne sont pas occupées à brûler des drapeaux allemands en pleine rue. La CGT bloque des dépôts alimentaires pour y organiser des autodafés de conserves de choucroute. Pas plus tard qu’hier, une meute d’étudiants de l’UNEF a défoncé les portes de l’ambassade d’Allemagne à Paris, passant à tabac son personnel et dévastant ses locaux.

A moins que ce ne soit l’ambassade d’Angleterre à Téhéran ? Le doute m’envahit. Peut-être, ami allemand, que tu ne risques en fait rien en France. Si l’on ne peut plus faire confiance à d’aussi grandes éminences intellectuelles que Jean Quatremer, Dany Cohn-Bendit ou Alain Juppé, où allons-nous, je vous le demande ! Tous ont, la main sur le cœur, le cœur au bord des lèvres, dénoncé solennellement la germanophobie qui envahit notre beau pays. « Germanophobie hystérique », même, selon Jean Leonetti, « ministre des affaires européennes » dont on découvre l’activité ministérielle au détour de cette saillie – c’est déjà ça.

La cause de cette subite indignation ? Quelques mots des socialistes Arnaud Montebourg et Jean-Marie Le Guen, qui ont eu le malheur d’émettre un comparatif, pour l’un, entre Merkel et Bismarck, et pour l’autre entre les renoncements à répétition de Nicolas Sarkozy et celui de Daladier à Munich. Honte, honte à eux et sur toute la gauche ! Que la première comparaison vienne en vérité du patron des socialistes … allemands, Sigmar Gabriel, et que la seconde soit un lieu commun éculé de la langue française n’a apparemment frappé personne. Que l’inénarrable Quatremer soit en guéguerre personnelle contre Arnaud Montebourg depuis des semaines, que Cohn Bendit, Juppé et Leonetti soient en compétition électorale avec le PS, n’a, sans aucun doute, aucun lien non plus avec la violence de leurs réactions.

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par Romain Pigenel

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