La nécessaire réforme de la finance

Publié le 23 février 2008 par Zozo

L'affaire Kerviel a fait couler beaucoup d'encre. Car l'ampleur des sommes en jeu fait peur, et surtout du fait que l'évènement ne soit pas si isolé que cela. Calyon avait perdu 250 millions en septembre pour une histoire similaire de "trader fou", sans oublier la Barings il y a quelques années. Mais comment peut-on en arriver là ?

A quoi sert la finance ?

La finance, c'est la mise à disposition d'argent de ceux qui en ont pour ceux qui en ont besoin. Si par exemple une entreprise A gagne de l'argent, elle peut mettre à disposition cet argent pour qu'une entreprise B puisse s'endetter et investir. Grâce à cet investissement, B va pouvoir s'enrichir et rendre l'argent à A. Comme A a pris un risque de prêter l'argent à B (B aurait pu faire faillite), A va prendre une certaine rémunération sur ce prêt.
Voilà à quoi sert la finance : redistribuer l'argent entre les acteurs de l'économie. Ainsi, la croissance des entreprises est plus rapide car l'emprunt (donc l'investissement) est facilité.

La finance crée-t-elle de la valeur ?

Non ! Rien, nada ! Lorsqu'on construit de ses propres mimines un objet (un outil, un objet d'art ou n'importe quoi), s'il y a un marché pour acquérir cet objet, alors on crée de la valeur (si bien sûr la valeur de l'objet créé est supérieure à celle des matières premières utilisées).
Dans la finance, rien de tel. Lorsque A prête de l'argent à B, il n'y a qu'un transfert d'argent, et lorsque B rend l'argent à A avec une commission, la valeur de la commission n'a pas été créée par l'échange d'argent, mais bien par l'investissement de B (la valeur que B a produite). Donc la finance ne crée pas de valeur. Mais sans le prêt d'argent de A, B n'aurait pas pu créer de valeur. Donc indirectement, l'échange financier a créé de la valeur, ou pour être précis l'a accéléré.

Où est le problème alors ?

Le problème est que la répartition de la rémunération de l'investissement financier n'est pas très équitable. Lorsqu'un particulier n'est pas rémunéré sur l'argent de son compte courant, et qu'il est content d'avoir 4% sur son contrat d'assurance vie, les banques et assurances ont un rendement de 20% annuel de leurs actifs, et certains fonds d'investissement gardent un cap à 40%. La finance étant un jeu à somme nulle (ou plutôt à somme dépendant de l'économie réelle), si certains gagnent, c'est que d'autres perdent. L'autre problème est la multiplication des échanges. Depuis quelques années, le nombre d'échanges financiers explose et la finance se complexifie. Ce qui a pour conséquence une impossibilité de traquer les risques et aussi d'engraisser les intermédiaires. En effet, plus les échanges sont nombreux, plus l'argent pris au passage est important. Tout ceci se faisant en totale indépendance vis-à-vis de l'économie réelle, l'économie réelle pourrait tourner aussi vite avec beaucoup moins d'échanges. Et grossièrement, comme les meilleurs éléments y travaillent, ces mathématiciens traders pour ne prendre que les cas les plus inadmissibles, au lieu de faire des choses utiles à la société, brassent des millions voire des milliards, n'apportent aucune valeur à la société et pompent une part hallucinante du gâteau.
Quelle est la quantité d'échanges dont l'économie a besoin, et au-delà de laquelle elle ne "crée" plus de valeur ? A-t-on réellement besoin de produits financiers complexes au point que personne ne sait où sont les risques ?
Et en guise de conclusion, un point que je n'ai pas abordé : peut-on réellement faire confiance à la finance tant qu'il existe autant de paradis fiscaux, qui hébergent les comptes de terroristes, chefs d'états ou d'entreprises peu scrupuleux et de personnes qui trouvent normal de surfer sur des millions sans payer un centime de taxe ?