Guérir de son accouchement

Publié le 05 décembre 2011 par Caramelyne

Je ne parle pas de la guérison au sens propre (de ce point de vue là j’ai eu une chance inouïe : j’étais en pleine forme le lendemain de l’accouchement et je retrouvais mon poids 1 mois plus tard sans difficultés mais moins de fermeté of course). Non, je souhaiterais parler de la guérison psychologique, de cette boule dans la gorge et de ce goût amer que laisse un accouchement qui ne se passe pas comme on  l’espérait.

La plaie ouverte par mon premier accouchement ne s’est toujours pas refermée, sans doute ne se refermera-t-elle jamais  complètement, après tout on ne me rendra jamais la première journée de vie de ma fille, ni son premier regard ou le contact de son petit corps gluant contre le mien.

Mon cœur s’est brisé quand, 24h après l’accouchement, j’ai enfin pu aller la voir en néonat et que parmi tous ces bébés, j’ai réalisé que je n’avais aucune idée duquel était le mien…

Mais aujourd’hui je vais mieux, beaucoup mieux, je trouve même que je me suis plutôt bien débrouillée. Ce qui m’a évité une bonne dépression voire un burn out, c’est de m’accrocher à cette ultime chose sur laquelle je pouvais encore agir, ce tout petit fil si fragile et déjà bien entamé qui me reliait encore à mon bébé : l’allaitement. C’était tout pour moi, tout ce qui me restait à offrir à ma fille après sa naissance ratée.


Je m’y suis accrochée aussi fort que j’ai pu et j’ai persévéré, c’était aussi bénéfique pour elle que pour moi. Un prolongement de la grossesse, une façon de créer ce lien, pour moi l’allaitement c’était d’abord ça. Au-delà de l’aspect nourricier, c’était une façon de récupérer ces premiers instants perdus. Il aura fallu 14 mois d’allaitement pour « rattraper » ses premières 24h.

Au bonheur de nourrir ma fille s’est ajouté celui de l’élever, de la voir évoluer et d’établir une relation forte avec elle. Au fil du temps j’ai compris que le lien avec son enfant se construit petit à petit, peu importe le démarrage et ses erreurs. Chaque petit sourire, chaque petits pas, chaque câlin agit comme un petit pansement.

On n’oublie jamais. On apprend à vivre avec comme on apprend à devenir maman. Et finalement la guérison, c’est de son enfant qu’elle vient.