Il faut simplement savoir que Laurent Achard ,possède une écriture cinématographique si particulière, qu’il peut en peu de mots et autant d’images, relater des faits inextricables, commenter des absences, et surligner d’infimes détails.
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Il y a déjà tout ça dans « Dernière séance » qui tout en rendant hommage au cinéma ( le critique Noël Simsolo y joue un petit rôle ) de papa Renoir, évoque la disparition des salles de quartier, et le quotidien peu banal de Sylvain.Une fois la bobine terminée,ce projectionniste s’exerce à l’arme blanche, sur de jeunes femmes à qui il substitue les oreilles et les boucles qui vont avec.
Ce rituel meurtrier, à peine assumé dans la pénombre des rues et des caves trouve peut-être son explication dans une enfance traumatique. La mère du héros (Karole Rocher une comédienne qui se fait trop rare) voulait justement en faire un héros de cinéma. Devenu seulement projectionniste, le gamin poursuit le rêve maternel à travers les images qu’il scotche sur un mur.
Laurent Achard pose ainsi les termes du débat intérieur qui agite Sylvain, avec une rigueur quasi monastique. C’est le cinéma pour le cinéma, avec ses codes et ses repères. Il filme juste, c’est-à-dire sans fioriture, ni emphase. Il va au plus près de son personnage, de son sujet.
J’ai lu qu’il s’agissait d’une œuvre de commande pour « French frayeur » de Canal Plus. Film à petit budget, sur un temps restreint, ce dont le cinéaste s’acquitte, sans démériter. Pour le reste, il saute sur l’occasion pour nous dire tout son bonheur de filmer en dehors des conventions imposées par ce qui aurait dû être plus ou moins un film d’horreur. Et ça donne un film rare.