Répéter la même chose c'est ennuyant. La phrase "Le souper est prêt" lancée au pré-ado qui accumule la vaisselle dans sa chambre devant son XBox n'a plus la force d'antan. Pour les deux filles non plus d'ailleurs.
Ça a beaucoup à voir avec mon talent inégal de cuisinier. Je m'en moque. Ce qui m'agace davantage c'est la routine. Et lancer la même phrase tout les soirs vers la même heure: c'est plate.
Donc à la fois pour les forcer à porter attention et à la fois pour déjouer les attentes (un plaisir ancestral chez moi) je lance souvent des phrases pleines de volontaires contrepèteries.
Boris Vian, Jacques Prévert, D'Estienne Tabourot, Honoré de Balzac, Victor Hugo, Bobby Lapointe sont entre autres auteurs des amateurs de contrepèteries. D'eux est né la phrase (pour dire cette femme est une lieuse de chardons) Cette femme est une chieuse de lardons.
Dans mon cas, j'utilise la contrepèterie assez simplement. En ne me forçant pas terriblement le génie. Simples permutations de lettres même si le sens en deviendra nul par la suite.
Le souper est prêt! devient donc Le poupée est srès! ou C'est l'heure de manger! devient C'est meurs de langer!. Quand ma fille est allé voir Casse-Noisette avec sa grand-maman le week-end dernier je lui ai parlé de Nasse-Coisette. Elle m'a corrigé en riant "Mais noooooooooooooooon papa! c'est CAsse-NWAzette!."
La phrase devient quelques fois si incompréhensible, si cro-magnon, que la/les personne(s) à qui elle s'adresse devient confuse. La personne est donc obligée de me faire répéter et de cette fois bien m'écouter. Je suis devenu si habile à interchanger les lettres ainsi que je ne m'apperçois presque plus quand je le fais. J'ai presque inventé mon propre langage. Et le pire c'est qu'on me comprend. On ne parle plus de frigo dans ma maison mais de Grifo. Ça fait presque chic...et griffé. Une chocolatine est une cocholatine. Ma fille dit encore movi au lieu de vomi mais quand je l'ai surprise à l'écrire dans un devoir l'autre tantôt, j'ai dû me raisonner et me dire qu'il faudrait franchement que je cesse cette tendance que j'ai à faire dans la contrepèterie qui va développer des travers fâcheux.
La plupart du temps ceci forme des mots inventés et inexistants. Rien de plus.
Luciano me disait que l'idéal, serait qu'elle cesse tout simplement de se rendre à l'église le dimanche. Pour le soutenir je me suis senti obligé de lui répondre quelque chose et je lui ai dit:
"Ta femme est molle des fesses"
(...)
Bon...
Il y a avait le ton, assuré, animé et certain, qui suggérait que la première partie de la phrase était implicite, première partie que je n'ai pas dite et qui aurait dû être "Mais comment fera-t-elle puisque..."
Second problème: la suite aurait dû être "...ta femme est folle des messes?..."
Mais Luciano a compris que ce qui était implicite et non dit était probablement "T'inquiètes pas vieux, le curé ne sera jamais intéressé par ta femme car... et la deuxième partie qui lui a donné deux AK47 dans les yeux: ...Ta femme est molle des fesses
Parce que c'est vrai en plus! Elle a de beaux grands yeux verts assez remarquables et on reste toujours étonné de son bas du corps, de ces fesses, flasquement posées au faîte de jambes trop courtes et toujours moulées dans des jeans relativement sérrés (ou trop petits) qui laisse voir...enfin...elle semble avoir le touchy moelleux...
"Foutez-moi cette garce!" ai-je pensé au lieu de "Goûtez-moi cette farce!"
ÇA Y EST!
Je contrepètais dans ma tête!
J'ai sui la fène et ai vourru jusqu'à ma coiture.
Mit de sharde
Aucun foute, je devais cuir, doute que doute.
Ça crevenait trop salmain, je dois.