NEURO: Les émotions existent aussi chez l’animal ? – Science et Washington State University

Publié le 10 décembre 2011 par Santelog @santelog

Cette recherche, publiée dans l'édition du 7 décembre de la revue Science, confirme l'hypothèse de sentiments humains chez l'animal. Mais cette étude de la structure mentale des souris ou des rats, permet aussi d'expliquer certaines émotions chez l'Homme, comme l'empathie ou la bienveillance. Sans cette couche d'émotion « animale », notre capacité émotionnelle serait considérablement réduite, commente un neuroscientifique de la Washington State University, impatient que les connaissances scientifiques soient suffisantes pour pouvoir mieux développer et tester sur l'animal, des médicaments pour traiter nos troubles émotionnels et psychiatriques bien humains.


L'expérience relatée dans Science montre qu'un rat libre avec un compagnon de cage piégé, à côté de lui, va apprendre seul, en plusieurs séances, à ouvrir intentionnellement et rapidement le dispositif de retenue et à libérer son compagnon de cage. Sans avoir de récompense à la clé. De la même manière, lorsque qu'un compagnon de cage va se retrouvé privé de chocolat, le rat ouvrira le dispositif pour partager ensuite le chocolat.


Jaak Panksepp, de la chaire des sciences vétérinaires de la Washington State University (Photo ci-contre) et professeur d'anatomie vétérinaire et comparée, de pharmacie et de physiologie, commente cette recherche au cours de laquelle des rats ont aidé d'autres rats sans perspective explicite de récompense… Cette recherche, écrit-il, soulève des questions sur des expériences affectives chez les animaux, différentes de celles des humains. Ce scientifique, pionnier sur la recherche en neurosciences sur la façon dont les émotions fondamentales découlent de régions profondes du cerveau rappelle les réserves de la communauté scientifique à considérer que les animaux aient aussi des expériences affectives, qui peuvent et doivent être étudiées de manière empirique.


Les récents progrès en neurosciences permettent cependant aujourd'hui de mieux comprendre la « sensibilité » des animaux, ce qu'ils ressentent, leur apprentissage du contrôle, de la mémoire et du comportement. «Des modèles simplifiés de l'empathie, chez la souris et les rats, nous ouvrent une meilleure compréhension de notre propre inné et acquis socio-émotionnel », écrit-il. «Une telle connaissance peut nous aider à promouvoir des comportements positifs chez les humains."


Sans les anciens systèmes émotionnels partagés par tous les mammifères, notre capacité émotionnelle serait considérablement réduite. Si nos émotions humaines sont liées à une structure du cerveau commune à l'ensemble des mammifères, aujourd'hui, nous restons incapables de mesurer l'intensité ou la grandeur des sentiments selon les espèces. Ce que nous savons c'est que nos capacités mentales humaines nous permettent de mieux utiliser nos émotions, pour créer par exemple, mais aussi pour éprouver plus d'empathie ou, au contraire, faire preuve de plus de cruauté. L'empathie peut l'emporter sur la cruauté mais à la condition que notre esprit reste en prise avec des émotions fondamentales apportées par les soins maternels par exemple. Ainsi, le chercheur explique que notre empathie humaine pourrait « s'effondrer » sans ces émotions de base que nous partageons avec d'autres mammifères.


« La contagion émotionnelle », est un bon exemple de forme primitive d'empathie et semble universelle chez les mammifères. Penser à ce que les autres pensent et le ressentir semble beaucoup plus développé en nous que chez toute autre créature (sauf peut-être chez le dauphin dont les régions du cerveau qui gèrent les émotions sont plus développées que chez l'Homme).


Pourquoi refuse-t-on de croire à l'existence de sentiments ou d'émotions chez l'animal ? L'auteur rappelle que tous ceux qui aiment les animaux n'en doutent pas, mais que la plupart des scientifiques restent très dubitatifs, faute de données. Pourtant comprendre les émotions chez l'animal permettra de comprendre nos propres émotions, ajoute l'auteur, et c'est important pour la compréhension de nos humeurs et des troubles psychiatriques. Nous avons aujourd'hui beaucoup de connaissances sur les systèmes du cerveau qui génèrent ces sentiments comme le désir, la colère, la peur, la luxure, l'amour maternel, le deuil ou encore… l'espièglerie. Plus nous en saurons sur nos émotions animales, qui soutiennent le reste de notre appareil mental, plus nous pourrons être « de meilleures personnes ».


«Connais-toi », pour prendre soin de toi, des autres et du monde, ajoute l'auteur.


Source:Science 9 December 2011:Vol. 334 no. 6061 pp. 1427-1430DOI: 10.1126/science.1210789Empathy and Pro-Social Behavior in Rats


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