Didier Genetier, l’amour du travail bien fait

Publié le 14 décembre 2011 par Simplicitevolontaire

Il est bien des choses qui ne paraissent impossibles que tant qu’on ne les a pas tentée. — André Gide

Didier Genetier est un boulanger bio… qui livre à vélo. Avec, en plus, l’aspect social et un bon relationnel, il n’est guère étonnant que Didier ait acquis une solide notoriété. Son projet a d’ailleurs fini par en inspirer d’autres.

Pétrir, une révélation

Didier, ingénieur INSA Lyon, n’était pas fait pour devenir boulanger. Mais lors de son service civique, il a la chance d’être affecté à une boulangerie, où c’est une révélation.

« Depuis tout petit, j’étais très fragile de la gorge, il me fallait tout le temps un foulard, j’enchainais angine sur rhume sur bronchite… Et là, je rentre dans la boulangerie, et tout d’un coup, pffuit tout se dégage. C’est comme si ma cage thoracique entière s’ouvrait pour la première fois ».

Oublié le foulard, et bienvenu dans le monde de la boulange.

Etre dans le pétrin…

Son autre passion étant le vélo, comment concilier les deux ? Devenir boulanger, livrer à vélo, s’imposent comme une évidence. Il y ajoute les farines bio et le four à bois, pour la cohérence.

Léger problème : « Pour acheter la maison, construire le four et démarrer l’activité, il nous faut un gros crédit ».

Ils ont besoin de 600 000€ et de 16 mois pour terminer les travaux. Ce choix, difficile, est cependant nécessaire, ils n’y a pas d’autre solution. Aujourd’hui encore, Didier et sa femme en payent le prix, en étant « obligés de rembourser », quoiqu’il arrive.

Pédaler pour mieux respirer

Didier pétrit et cuit son pain trois fois par semaine, et les trois autres jours le vend sur les marchés locaux : Villefrance s/ Saône, Le Bois-d’Oingt et XXXXX. Il travaille avec sa femme et un employé.

Pour les marchés, il se lève à 4h du matin et parcour à vélo les 30km pour livrer les 100 à 150 kg de pain. Son vélo, une fois chargé, pèse plus de 200kg ! L’assistance électrique n’est pas superflue, lorsqu’il s’agit de monter la côte du Bois-d’Oingt. La remorque, unique au monde, peut astucieusement se transformer en étal,  sur lequel exposer les pains sur les marchés.

Trouver sa passion, sa raison de vivre

Didier fait clairement un travail difficile. Etre boulanger est déjà contraignant, mais en plus livrer à vélo, cela nécessite une bonne condition physique et beaucoup de motivation. Cependant, ce qui frappe lorsqu’on le rencontre, c’est une joie de vivre, un vrai bonheur, et le regard un peu brillant que peuvent avoir les gens passionnés.

Rechercher la cohérence

Son projet ne s’arrête cependant pas là.

« Je connais des boulangers bio qui roulent en BMW, et qui gagnent très bien leur vie »

Mais lui, non. Il essaye au contraire de vendre son pain au prix plancher, et de le rendre accessible à tous. Son 1er prix, un mélange blé-XXXX, est ainsi vendu à 3.60€/kg, moins cher que bien des boulangeries traditionnelles ou industrielles. Il promeut aussi des céréales peu connues, telles que l’épeautre ou la petite épeautre, et des pâtisseries originales comme la XXXX. Ses pains, bien que paraissant petits, sont lourds et compacts, et durent facilement une semaine sans sécher.

Ses clients ne s’y trompent d’ailleurs pas, et il est assez difficile (pour mon malheur) de lui parler sur le marché, alors que tellement de gens viennent le voir, discutent avec lui et repartent avec 4 pains pour toute la semaine. L’étal du voisin, en comparaison, ne voit venir que 3 personnes, pour cette même matinée.

Une affaire qui tourne bien, comme une roue de vélo bien huilée.