Calendrier de l’avent – jour 16 – Beirut – The rip tide par Laboiteaflo

Par Moimateo

Si il y’a bien un moment où le temps s’arrête c’est à l’écoute des albums de Beirut ! Gulag Orkestar et The Flying Club Cup était déjà des albums teintés de mélancolie où l’on se laissait facilement happer par la voix magistrale de Zach Condon.

The Rip Tide, album sortie fin août 2011, s’inscrit dans cette continuité. Beirut ou plutôt Zach se livre un peu plus dans les textes sur ce nouvel opus et il l’avoue lui-même avoir « vraiment essayé de parler davantage » de lui. Le son, cette patte sonore reconnaissable entre mille de Beirut, mélangeant à la fois cuivre, accordéon venue de l’Est de l’Europe et des arrangements symphoniques mixant de la Pop Folk, voire de l’électro pop, nous plonge dans un univers dont seul Beirut à le secret.

C’est d’ailleurs ce son, ces arrangements qui font toute la puissance de cet album (et de Beirut d’ailleurs). Cette facilité à créer des mélodies à la fois douces et puissantes est une marque de fabrique du génialissime compositeur et orchestrateur qu’est Zach Condon.

La première chanson de l’album A Candle’s Fire résume bien cette capacité à lancer un morceau en douceur et le faire monter en puissance, notamment dans la deuxième partie du titre à coup d’accordéon ou autres petits riffs de ukulélé. On se laisse alors facilement embarquer dans l’album que l’on pense réalisé sur les mêmes bases que The Flying Cup.

Et c’est là que nous sommes surpris lorsque nous attaquons la deuxième chanson : Santa Fe. Cette chanson est tout simplement extraordinaire dans le sens où, le natif de la ville nous plonge dans une électro pop surprenante. Cette chanson marque surtout les tentatives d’évolution dans les arrangements sonores par rapport aux albums précédents. Zach nous offre une chanson entrainante/entêtante qui nous plonge complètement dans cet album.

De Santa Fé nous passons à New York avec le titre East Harlem qui nous rappelle au bon souvenir des précédents albums. On retrouve toute cette pureté dans l’attaque à l’accordéon qui est doucement bousculé par le ukulélé, les cuivres et la batterie. Sur cette chanson, on prend le temps et on écoute cette étrange manière nonchalante qu’a Zach de l’interpréter.

Que dire de Goshen. On se laisse doucement bercer par les premières notes de piano qui ouvrent notre imaginaire et nous bouleversent peu à peu avec la voix suave de Zach Condon. Cette simplicité musicale, mêlée à un texte soigné nous entraine jusqu’à l’arrivée des cuivres qui donnent un autre angle à la chanson sans la dépareiller de sa douceur.

Cet album, nous fait passer par tous les sentiments, il est à la fois émouvant, simple, surprenant parfois mais il est surtout addictif. Les neuf chansons qui composent l’album sont un doux mélange d’un travail d’écriture profond et individuelle porté par Zach Condon et la force d’un enregistrement collectif où chaque instrument est à sa place. Le tout donne un album équilibré, plein de réconfort qui donne envie de l’écouter encore et encore, comme si on redécouvrait à chaque écoute les morceaux. Il y’a juste ce qu’il faut et cela suffit à notre bonheur.

La chanson Payne’s Bay en est un bon exemple. La batterie est omniprésente sur début du morceau sans pour autant masquer la voix grave de Zach. Et puis à 1m30, il y’a ce break ! On pense alors que le morceau est terminé avant d’entendre les cuivres résonner à nouveau et nous entrainer à coup de roulement de tambour et de cymbales dans une sorte de valse balkanique, à la limite de la fanfare. Dans cette deuxième partie du morceau on sent comme une accélération du rythme causé par la batterie mais c’est cette « illusion sonore » qui fait tout le charme de cette chanson.

Parlons du piano ! Lui aussi est très présent sur l’album d’une manière générale et il introduit parfaitement le morceau The Rip Tide pour nous amener simplement vers un arrangement digne d’une symphonie mélancolique. Porté par des violons et des cuivres, c’est surtout la voix, légèrement plus grave, qui nous offre une profondeur dans la chanson malgré une rythmique qui pourrait devenir très vite lancinante.

Vagabond est l’un des titres les plus rythmés de l’album. Zach nous fait profiter de ses talents de trompettiste sur une ballade qui ne pourra pas vous laisser insensible. C’est un titre très abouti, il est à la fois élégant et intelligent dans ses enchainements qui nous plongent tranquillement vers la fin de l’album et c’est là qu’arrive The Peacock. Elle aurait pu être à mon sens la dernière chanson de l’album tant elle est composée dans un style très épuré avec une voix très posée et une certaine lenteur qui nous apaise forcément et donne un côté religieux au morceau. Mais comme Beirut est surprenant, il surprend aussi par le dernier morceau de l’album Port Of Call. Pour ne pas être déçu de cette fin, Zach nous invite au voyage sur ce dernier titre. On se sent transporter dans un autre monde, porté par le ukulélé au début du morceau puis pousser par la batterie et les cuivres. On est dans un avion, dans un bateau, sur la route, bref on voyage d’image en image qui nous traverse l’esprit à l’écoute de cette chanson.

The Rip Tide est le genre même d’album qui vous fait voir la vie en sépia ou qui vous donne ce petit côté nostalgique que certaines chansons peuvent produire. Chaque instrument est parfaitement à sa place ce qui créé un réel équilibre sur chaque morceaux et au final nous touche par une grâce rare dont seul certains artistes ont le secret. Je pourrais faire référence à du Sufjan Stevens au niveau de cet équilibre notamment. Cet album est le plus abouti de tous à mon sens (mais cela n’engage que moi ^^ ). On peut avoir une impression de « déjà entendu », que Beirut fait du neuf avec du vieux mais ce serait trop réducteur. Il y’a cette espèce de nostalgie moderne perpétuelle qui touchera les plus insensibles d’entre vous. Bref c’est un album qui s’écoute par un temps pluvieux ou par un soir d’été, qu’on soit au bord des larmes ou bien remplit d’espoir. C’est tous ces paradoxes qui font de The Rip Tide un album intemporel et qui ne manquera pas de bousculer vos émotions.

Pour finir, je vous propose un petit concert de Beirut presque dans votre salon.

« Sit. Relax. Take a deep breath. Enjoy the Day! » (Linda C. Kobetitsch)

Et surtout un grand merci @MoiMateo pour m’avoir proposé de participer à ce calendrier musical !

un album proposé par @Laboiteaflo

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