Sarkozy est-il le nouveau "Super-Menteur" ?

Publié le 17 décembre 2011 par Letombe

Super-Menteur a été condamné. Jeudi matin, la sentence est tombée. Jacques Chirac sera le premier des présidents de notre République ainsi rattrapé par la Justice.
Un autre Super-Menteur, toujours en poste depuis 241 semaines, faisait encore quelques ravages.
Cette fois, le mensonge était gros, très gros. Impossible de parler d'un revirement, ni de pragmatisme.
Mentir sur le Triple A
Dès samedi, quelques heures après la conclusion douloureuse de l'accord de Bruxelles, Nicolas Sarkozy s'était enfermé avec trois journalistes du Monde, samedi 10 décembre, pour une longue interview qui ne fut publiée que lundi. Il avouait sa résignation à une prochaine dégradation de la note française par les agences Moody's ou Standard and Poor's. Finalement, disait-il, ce ne serait pas si grave.
Pour vendre son accord bruxellois, les arguments de Nicolas Sarkozy étaient poussifs, ses explications mêmes de la crise étaient faibles. Le Monarque mélangeait tout: l'évaluation de l'euro, les déséquilibres publics, la souveraineté partagée (curieux concept), la gouvernance européenne. Il oublia quand même de parler du tarissement du crédit privé...
Qu'avait-il en fait à défendre ? Le contenu même du futur traité reste à écrire, puis à être ratifié. C'est trop flou, trop tardif, et même insuffisant. La prétendue règle d'or est un artifice qui ne convainc même pas les marchés. En milieu de semaine, on s'inquiétait de la remontée des spreads, ces écarts de rendements des emprunts d'Etat vis-à-vis de l'Allemagne.
Puis vint le mensonge: finalement, ce Triple A, triple Graal, « notre trésor collectif » n'était pas si important. En octobre dernier, on lui prêtait pourtant d'avoir déclaré en conseil des ministres: « Si nous perdons le triple A, je suis mort. »  Son ministre des Finances, qui ne parle toujours pas anglais, avait renchéri le 18 octobre dernier: «  Le Triple A, c'est une condition nécessaire pour protéger notre modèle social ».
Et puis samedi, Sarkozy lâche, à propos d'une éventuelle dégradation : « Ce serait une difficulté de plus, mais pas insurmontable. »
Voilà, c'est dit. On attend les excuses...
Mentir sur la reprise
Nous avions pourtant l'habitude de ces pirouettes magistrales de Nicolas Sarkozy. Depuis 2007, elles ont été légions. Ce n'était pas la première fois que notre Monarque était pris en flagrant délit de mensonges. L'inventaire de ses promesses non tenues était déjà éprouvant pour qui veut croire encore en la parole politique. Mais les communicants de l'UMP avaient trouvé la parade: c'était la faute à la crise, cette quintuple crise que nous n'avions pas vu venir en 2007, au moment de la précédente élection: financière, sociale, économique, écologique et même internationale.
Ces derniers temps, Nicolas Sarkozy économisait pourtant sa parole. Ce qui ne l'empêcha pas de mentir au moins trois fois, et très lourdement, sur l'état et l'avenir du pays.
Sur la reprise, le mensonge fut long et fameux: en janvier 2010, puis en février 2011, notre Monarque nous assura que le chômage allait baisser. C'était faux, il le savait. Il aurait pu dire qu'il espérait une reprise de l'emploi, qu'il avait tout fait pour qu'elle arrive. Non, c'était plus fort que lui, il fallait qu'il promette que la reprise serait là.
L'été dernier, Nicolas Sarkozy nous expliqua ensuite que le ralentissement économique avait triomphé des ambitions de croissance. Mais, nous assura-t-on, nous étions quand même sortis de la Grande Crise. Le choc économique était derrière nous grâce à la vigoureuse relance décidée par notre Grand Homme.
En fait, la reprise n'est jamais venue. La crise actuelle n'était pas qu'une affaire de spéculations contre l'euro ou de déficits publics. L'austérité avec un grand A menaçait la reprise, elle l'a finalement cassé. D'après l'INSEE, la France est à nouveau entrée en récession au dernier trimestre, et cela durera au moins jusqu'au printemps 2012. Et jeudi, François Fillon a concédé qu'un troisième plan de rigueur n'était plus exclu.
Mentir sur la justice
Mardi, un ancien ministre de droite était placé en garde à vue, puis inculpé mis en examen. Le juge Renaud van Ruymbeke, qui enquête sur le volet financier de l'affaire de Karachi, le soupçonne d'avoir participé aux détournements de commissions de ventes d'armes au Pakistan et à l'Arabie Saoudite (280 millions d'euros en 1993-1995), au profit de la campagne d'Edouard Balladur en 1995. Il était conseiller du ministre de la Défense. Des témoins l'accusent. On dit que l'étau se resserre. Les juges jouent la montre. Claude Guéant dénonce une instrumentalisation socialiste quand la députée Delphine Batho demande des éclaircissements sur ce que savait Nicolas Sarkozy. Son témoin de mariage Nicolas Bazire, son ancien conseiller Thierry Gaubert (qui a une luxueuse propriété en Argentine), et Ziad Takieddine sont déjà mis en examen dans la même affaire. Ce dernier a été très actif pour rabibocher la Sarkofrance avec le boucher syrien El Assad en 2007. Il a surtout conseillé Claude Guéant, directeur de cabinet du ministre de l'intérieur Nicolas Sarkozy, pour finaliser la vente d'équipements de surveillance à la Libye du colonel Kadhafi en 2005-2007.
Hasard ou coïncidence, le Wall Street Journal, relayé par le site Owni, a publié cette semaine une très instructive enquête sur l'espionnage informatique mis en place par Amesys, devenue filiale de Bull, pour surveiller les journalistes. Le directeur général d'Amesys avait été décoré de la Légion d'Honneur cet été par Nicolas Sarkozy.
Le scandale Karachi est d'Etat. En mai 2002, il y a eu mort d'hommes, 15 personnes fauchées par une bombe. Depuis bientôt 10 ans, tout a été fait pour empêcher l'instruction de progresser.
Un autre scandale, plus long mais sans mort d'hommes, a connu son épilogue cette semaine. Jeudi, Jacques Chirac a été condamné à deux années de prison avec sursis pour abus de confiance, détournement de fonds publics et prise illégale d'intérêt. On sait que l'ancien président et ses avocats étaient parvenus à dézinguer l'essentiel des charges initiales sur cette affaire d'emplois fictifs à la Mairie de Paris depuis 17 ans déjà. On sait aussi que cette instruction est née de révélations obtenues en pleine guerre des droits, notamment grâce à l'action d'un certain Nicolas Sarkozy.
17 ans plus tard, le Monarque préférait ne pas « oublier l'engagement constant de Jacques Chirac au service de la France, ce qui lui vaut et lui vaudra encore l'estime des Français ». Sans doute voudra-t-il que son successeur prononce une similaire éloge s'il est condamné pour détournement de fonds dans l'affaire Karachi.
Mentir sur le Produire Français
Mardi, Nicolas Sarkozy voulait parler de la production française. Il était chez Rossignol, le fabricant de skis installé en Haute-Savoie. Il s'est félicité d'un label prétendument attractif pour inciter à la production nationale, « Origine France Garantie ».
L'inévitable table ronde organisée avec caméras, spots et assistance, s'est mal déroulée. Deux entrepreneurs locaux ont publiquement regretté que ce label autorise jusqu'à la moitié de valeur ajoutée produite à l'étranger. En allégeant la qualification française, Nicolas Sarkozy voulait-il favoriser quelques multinationales françaises pour qu'elles puissent produire ailleurs jusqu'à 50% de la valeur ajoutée de produits tout de même labellisés par l'Etat ? Ce même jour, le Monarque se lança dans un périlleux exercice de pédagogie sur les bonnes et les mauvaises délocalisations.
Plus globalement, la politique industrielle depuis 2007 est un désastre. L'emploi s'y est effondré. Même la filière nucléaire semble atteinte, sans que la catastrophe de Fukushima y soit encore pour quelque chose. Mercredi, la direction d'Areva a promis des suppressions de postes. C'est la faute aux mines d'uranium, trop coûteuses. Une sacrée mauvaise nouvelle pour Nicolas Sarkozy. Depuis son élection, il s'était fait le chantre de l'atome à la Française, adoptant même une diplomatie atomique des plus dangereuses avec nombre de dictatures.
Mentir sur sa candidature
Il fait campagne mais sans être candidat. Il dit qu'il travaille au service des Français, mais ses déplacements n'ont d'autre but que de faire la pédagogie de son action. Son discours de Toulon, le 1er décembre dernier, a fait flop, comme le confient quelques dirigeants de l'UMP.
L'UMP s'agite de conventions en meetings de motivations, elle vient même de publier son projet pour 2012-2017, mais l'entourage du Monarque précise que Sarkozy « ne reprendra rien du projet de l’UMP! ». Il paraît même qu'il peaufine une annonce incroyable, avec peut-être un livre qui serait rédigé avec l'aide du couple infernal Henri Guaino/Patrick Buisson. Sa tournée des voeux sera très provinciale, comme chaque année. On nous promet Metz, Brest, Lyon, Lille, Mulhouse, Marseille, le Poitou-Charentes et peut-être la Guyane. Une vraie tournée de star !
Henri Guaino, justement, conseiller « spécial » du Président, sillonne tout « spécialement » la France aux frais du contribuable, pour prêcher la bonne parole sarkozyenne.
Bref, Nicolas Sarkozy et son aréopage de communicants mentent à répétition.
En politique plus qu'ailleurs, le mensonge est un cancer. Il vous ronge sans limite.
Ami sarkozyste, comment peux-tu avoir confiance ?
Ami sarkozyste, reste cAAAlme.

Sarkofrance