Ma tendresse

Publié le 20 décembre 2011 par Desfraises


Le lecteur fidèle sait que je n'aime pas Nowel. Pour mille raisons. Je vous épargne la liste des raisons, qu'elles soient objectives ou capillotractées. Frénésie de consommation, achats aussi bêtes qu'obligatoires. Bref. C'est la première année depuis bien bien longtemps que je le fête en famille et je ne vais jouer ni les trouble-fêtes ni les rabat-joie. Mes trois chipies de nièces trépignent à l'idée de trouver ce que le Père Noël a laissé au pied du sapin. Je les ai par ailleurs mises au travail. Elles fabriquent en ce moment mes cartes de vœux sous le regard attendri de leur mère, ma sœur. Je couperai sauvagement dans leurs dessins pour illustrer mes cartes.
Si je décide de vous le souhaiter joyeux ce Nowel, c'est aussi parce que je choisis de transmettre un message simple. Mièvre, diront certains. M'en contrefiche. M'en bats l'œil avec une patte arrière d'axolotl femelle. Dites à vos proches [début de parenthèse] (j'entends ceux que vous aimez, pas vos collègues, pas votre patron, pas votre fromagère (à moins qu'elle n'ambitionne de devenir votre future épouse jusqu'à ce que la mort vous sépare bla bla bli bla bla blou), [fin de parenthèse, accrochez la relative "qu'ils soient" au début de la phrase qui s'est égarée entre deux verres de Sancerre] qu'ils soient parents ou amis que vous les aimez. C'est le plus beau cadeau que vous puissiez leur faire. Pardonnez cet accès de sentimentalisme. Ce blog est un espace personnel, quasiment un journal intime (offert aux anonymes, aux amis, aussi) qu'il faut aussi lire entre les lignes. Il ôte aujourd'hui ses piquants ironiques, sarcastiques, parfois méchants.
La tendresse qu'arbore en titre ce blog est loin d'être une posture. C'est un état d'esprit, une quête, un chemin personnel. Une couleur que je veux donner à ma vie. Venons-en au fait. Je n'ai jamais douté de l'amour que me portaient mes parents, ma famille. Ils en ont apporté une preuve aussi bouleversante qu'irréfutable en 2009 lorsque je les ai abandonnés puis retrouvés. Ils ont recueilli sans jugement, sans ressentiment, l'oiseau tombé du nid et lui ont donné l'énergie de repartir, l'envie de vivre. Pleinement. Amoureusement.
Sois heureux un instant, cet instant c'est ta vie, écrivait le poète Omar Khayyam.
Pas aisé à mettre en pratique, je vous l'accorde. Mais ça vaut le coup d'y réfléchir. Aujourd'hui, alors que je pestais contre le patron lunatique, le client irascible, le con de voisin, etc. je consulte mes mails et manque fondre en sanglots à la lecture des mots envoyés par mon père et ma mère. Il m'écrivent leur tendresse à mon égard. Une tendresse jamais dite, jamais écrite. Ou qu'il m'a semblé ne pas entendre, ne pas lire, quand j'étais enfant, adolescent puis jeune adulte. Bien sûr les actes comptent plus que les mots. Mais si j'accorde tant de valeur aux mots, c'est qu'ils ont un sens [lapalissade], qu'ils précèdent l'acte ou le succèdent. Dire c'est aussi agir.
La pudeur ou l'orgueil m'ont souvent aveuglé. Exprimer ses sentiments, ça n'est pas seulement geindre ou râler, c'est aussi dire la tendresse que l'on a pour l'ami, le parent. C'est bête comme chou, oui. Mais c'est essentiel.
Je vous souhaite de passer de tendres fêtes de fin d'année.