place monge

Publié le 20 février 2008 par Leonor

« C’est tout simple alors ça paraît évident comme respirer, manger ou marcher. Mais rien n’est facile, on croit toujours qu’il suffit seulement de se promener pour apprendre mais non, ce n’est pas seulement voir qu’il faut, c’est voir avec attention, avec intention, c’est regarder (silence) regarder, oui, ce qui est écrit dans les livres, et aussi le reste qui n’est pas dit, caché et qu’on doit chercher, et alors après beaucoup de temps pris et voulu, et donné et subi, les choses rentrent là (il montre sa grosse tête de pro - je le revois debout devant le tableau, et je suis installé au milieu de la classe sur un banc fixé au sol, seul avec l’objet laconique de cette rédaction : « écrire-décrire » que cette vieille carne nous a donné à ronger pour deux heures, mais avec les années il y a prescription je peux dire) et après hein mon grand c’est toute ta vie que tu vas écrire, tout et n’importe quoi et tu te perdras dans les mots, t’iras en chercher dans le magasin des que tu crois bons, tu voudras parfois en faire des tonnes et un jour tu verras bien la macédoine, la quincaillerie des mots c’est rien et c’est tout ; le passé de l’homme, son avenir, le commerce, les sciences, l’amour, tout quoi (il se tait, la moitié d’une vie passe, nous sommes assis sous les arbres de la Place Monge, le diabète lui a mangé les yeux, mais sa voix n’a pas pris une ride) tu vois ? » il dit encore.

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