Rétrospective Clint Eastwood à la Cinémathèque : make your day !

Par Cineblogywood @Cineblogywood

Artiste : Clint Eastwood à la Cinémathèque, c’est déjà de la vieille histoire… 1984 : Pale Rider est présenté à Cannes, tandis que le réalisateur reçoit les honneurs d’une rétrospective à la Cinémathèque de Chaillot. C’est alors un événement, car Clint était alors considéré comme un habile faiseur, limite réac… Quasiment 30 ans après, l’événement passe quasi-inaperçu, tant son œuvre s’est depuis imposée, amplifiée, enrichie. Au point d’incarner à elle seul un pan de l’Amérique. 
Plutôt que revenir sur l’œuvre immense de cet immense cinéaste, comme dirait Eddy Mitchell, le point sur douze raretés, nanars ou trésors oubliés du grand Clint, à la subjectivité parfaitement assumée, et que vous pourrez découvrir à Bercy jusqu’au 12 janvier prochain. De quoi patienter jusqu’au 11 janvier pour découvrir J. Edgar, qui le replace parmi les grands, après les sérieux coups de mou qu’étaient Invictus et Au-delà.
  L’Homme des hautes plaines (1972) : son 1er western, où il stylise à l’extrême son personnage et son intrigue : le vengeur de nulle part, surgissant à Lago, village peuplé de pleutres, situé au bord d’un lac salé dominé par les mouettes. Et qui force ses habitants à peindre en rouge leurs maisons. Une fabuleuse parabole sur la nécessité et les dangers de l’homme providentiel, un étrange traité de science politique sous forme de western à méditer avant d’aller voter en mai prochain !
Breezy (1973) : Sur la route de Madison, 20 ans avant. Sur une musique de Michel Legrand, une bluette entre un quinqua au seuil de la vieillesse et une jeune hippie. Son film le plus fleur bleue, incompris à sa sortie. Très émouvant et très ironique à la fois.

L’Epreuve de force
(1978) : période Sondra Locke-orang-outan (suivi de Doux, dur et dingue) ! Road movie anecdotique au Texas, qui dresse en creux un portrait de l’Amérique des laissés pour compte et des outsiders. A réévaluer ?

Firefox
(1982) : 1er film produit par Eastwood, totalement irregardable ! Car idéologiquement - en pleine reaganomanie anti-soviétique – et techniquement – les effets spéciaux ont très mal vieilli – daté. Un vrai nanar
Honky Tonk Man (1983) : son chef-d’œuvre secret. Hommage à l’Amérique de la Dépression des années 30, à la musique de Nashville, c’est aussi un voyage picaresque et initiatique, grave, tendre et bouleversant. Son film le plus intime, qu’il interprète aux côtés de son fils Kyle. Bide noir à sa sortie.
Chasseur blanc, cœur noir (1990) : curieux film sur l’obsession, la chasse aux éléphants et le cinéma. En relatant le tournage d’African Queen, Eastwood rend hommage à un cinéaste qui lui ressemble, par sa désinvolture, son dilettantisme et sa passion du cinéma : John Huston.
Minuit dans le jardin du bien et du mal (1998) : à la fois film choral, portrait d’une ville sudiste aux pouvoirs mystérieux – Savannah – et film de procès, c’est également une œuvre dans laquelle Clint livre quelques clés sur son rapport au cinéma, et à l’art en général. Déroutant et passionnant à la fois.
Space cowboys (2000) : les papys font de la résistance pour sauver la NASA ! Film débonnaire et revigorant, qui bénéficie de spectaculaires effets spéciaux. Le double réussi de Firefox, en somme. En prime, un final d’anthologie sur Fly me to the moon, de Franck Sinatra, poétique et classieux. Plus fin qu’il n’y paraît.
Les Pleins pouvoirs (1997) / Jugé coupable (1999) / Créance de sang (2001) : 3 films pas toujours très réussis, avec de vrais morceaux eastwoodiens dedans, qui valent surtout par la mise en avant d’un Clint Eastwood papy plus ou moins gâteau : une course poursuite avec poussette ; un goût du travestissement à la Clouseau ; les 1ers signes de vieillissement et d’essoufflement. Il faut se ranger des voitures, Clint !

L’Echange
(2008) : mal-aimé ici, c’est pourtant l’un de ses plus gros succès en France, l’un de ses films les plus riches scénaristiquement parlant. Et l’un de ses plus complets : toute son œuvre s’y trouve condensée. En plus, il offre à Angelina Jolie le seul grand rôle d’une carrière pourtant déjà bien remplie – quantitativement…
Travis Bickle