Cela débute donc comme un bon milliard d'autres films horrifiques et souvent horrifiants : un orphelinat abandonné, de nouveaux propriétaires, une menace sourde qui rôde... Respectueux de codes qu'il affectionnait lorsqu'il n'était que spectateur, le metteur en scène met en place son film avec un vrai respect des conventions, tout en apposant sa propre patte à l'ensemble. Le plus délicieux dans tout ça, c'est la terrible lenteur de la montée en tension. Ce n'est qu'assez tard dans le film que la peur, la vraie, succèdera aux petites craintes. Le plaisir est de tous les plans, chaque idée de mise en scène résonnant un peu plus fort que la précédente (qui après ça osera encore jouer à "1 2 3 soleil" ?). Et les plus terre-à-terre d'entre nous (dont je suis) seront particulièrement séduits par ce désir de plonger dans le fantastique sans pour autant se détacher du réel. D'où une histoire parfaitement crédible, dont la conclusion est si bien troussée que l'on en oublierait presque qu'elle n'est pas tout à fait neuve.
Réservant quelques passages bien effrayants et quelques images d'un gore pour le moins efficace, L'orphelinat mêle cette bonne vieille jubilation ressentie devant n'importe quel film d'horreur pas trop mal troussé, et y ajoute un voile de spleen réaliste qui fait toute la différence. Transcendé par une actrice proprement bouleversante, le film de Bayona a tout pour provoquer la fascination d'un public assez large. Pas étonnant qu'il soit devenu le plus grand succès de l'histoire du cinéma espagnol...
9/10