Petites notes en guise de cadeaux de fin d'année

Publié le 24 décembre 2011 par Bababe

Quand pas loin, coulaient un fleuve et une rivière…

Il arrive parfois qu’une musique  pénètre la chair,  donne à l'âme la liberté d’errer, et à l’être le pouvoir de se détacher de lui-même et du lieu où il se trouve. Cela arriva à  Satala  alors qu’au milieu d’un public nombreux, il assistait à un des derniers cafés littéraires de l’année,  organisé par un passionné de livres, pour ceux qui aiment les lire, les aiment et les défendent, ou les conçoivent et les partagent...

 Cela se passait dans une commune  où la forêt n'a heureusement pas cessé d'être, dans un département qui porte les noms d'un fleuve et d'une rivière (Seine et Marne). Les notes nostalgiques du hoddu* d'un bambaado (OG), avaient entraîné Satala  très loin de cette minuscule " mésopotamie " du bassin parisien.

 "Cet instrument et moi  sommes des siamois, comme l'ont été mes aïeuls et les siens." avait dit O.G

 Satala avait-t-il entendu  les mots par lesquels O.G  présentait à l’assistance son hoddu et lui-même ?  Ou les  premières notes du hoddu l'avaient –elles propulsé en des lieux où l'on nomme le fleuve : maayo ?

 Du temps où mille et sept espèces y pullulaient, le maayo  était  craint et respecté. Á cette époque, pas si lointaine que cela, la famille de Satala déversait des calebasses de lait et des "mortiers" de koddé dans les flots rugissants, pour honorer l’alliance mythique entre l’ancêtre fondateur et le maayo …

 Les notes du hoddu s’arrêtèrent. Satala regretta qu’on n’ait pas laissé la musique prendre son temps. Son imagination avait un peu voyagé, et il accepta l’intermède comme un cadeau inespéré.

  La lecture d'un extrait d'une histoire douloureuse le ramena à la réalité. Le fleuve d'antan était mort. Personne ne le craignait plus. Il s’était vidé de sa force, et n'est plus une menace, même s'il  continue de porter comme nom : maayo, dérivé du mot  maaydé qui signifie la mort. 

 Aujourd’hui, le fleuve  ne répand plus l'odeur parfumée des uguudé*. Il doit le savoir. Mais qu’en est-il du  peuple qui lui a donné son nom de maayo ? Ce peuple si fier de sa fierté qu’il s'est toujours cru au dessus des autres,  illusion que Satala partage, sans toujours vouloir le reconnaître. Peut être  parce que sa fierté est son unique «  richesse ».

 Et pourtant, le peuple de Satala est dans le même état que le maayo,  vidés de toute richesse et de toute substance. C'est la raison pour laquelle, certains hymnes et incantations ne pouvaient être savourés ; ils étaient consacrés aux héros et aux guerriers… non  à ceux qui s’étaient "retirés" des cendres du jeeri ou du waalo.

 

Encore un intermède musical, et une dame, au sein du public discipliné et intéressé,  vint donner ces appréciations du "monsieur" qui l'avait surprise par sa diction impeccable. Pourquoi surprise ? Parce que le français n’est pas la langue maternelle du  "monsieur" ?  Ou parce que ce “plus qu'un lecteur”  fait partie de ces artistes  dont le savoir se camoufle derrière un jean usé, et dont la discrétion, loin de signifier fausse modestie, est juste à l’aune de son talent ?

Finalement, poésie, convivialité et partage prirent le pas sur le sang et les larmes, au cours de cette soirée d’échanges et de communion, où le donner-recevoir fut le plus beau des cadeaux de fin d’année.

Joyeux noel !

Bonnes fêtes à tous !