« Kongo sebene » pour défendre les droits de musiciens congolais

Publié le 29 décembre 2011 par Africahit

« Les Créateurs et Editeurs de toutes les nationalités peuvent désormais adhérer à la Société d’auteurs de leur choix ».

La liquidation de la Sonéca (Société Nationale des Editeurs, Compositeurs et Auteurs Congolais) a fait l’objet de débats vigoureux le 25 novembre dernier à Val de Fontenay dans les locaux de l’Association Mond’ Métis de Saak Saakul Ier.
Le même jour est née l’Association Kongo Sebene qui se proclame d’autorité garant des intérêts des artistes (populaires et chrétiens) Congolais en Europe.
D’emblée, Kongo Sebene met en garde le liquidateur et le nouveau Comité d’administration de  la Socoda contre tout accord qui ne privilégierait pas les intérêts des créateurs.
Sa Majesté Saak Saakul Ier assène d’emblée que l’époque où l’argent des artistes était manipulé par n’importe qui n’est plus qu’une mauvaise parenthèse historique ». 
L’artiste produit énormément, mais meurt pauvre », précise Seskain Molenga. Et Nyboma Mwan’Dido de marteler : « On veut voir des changements ». 
« Jamais nous n’accepterons une autre exploitation » ajoute le commandant Dona Mobeti, l’initiateur du projet Kongo Sebene. 
En clair, Kongo Sebene veut une gestion claire de l’argent des musiciens et plus de transparence. Pour ce, il sollicite une collaboration franche avec le Liquidateur.
Faugus Izeidi veut pour sa part savoir comment le liquidateur désigné va s’y prendre pour récupérer les millions de devises détournés par les anciens gestionnaires. 
Rappelons que la Sonéca fut crée par le Maréchal Mobutu par ordonnance loi n°69/064 du 06 décembre 1969 pour une durée de 30 ans renouvelables.
Le 18 mars 2011, une nouvelle société congolaise des droits d’auteur dénommée Socoda  est née sur les cendres de cette coopérative qui a longtemps servi de vache au lait aux différents Ministres qui ont défilé au Ministère de la Culture et des Arts.
Solidaires avec leurs collègues de Kinshasa, les membres de Kongo Sebene approuvent les décisions prises. Notamment la désignation de Jacques Bwenzey Zenda comme liquidateur et de Makileki Don Dass comme Président du Conseil d’administration, mais ils exigent  le recouvrement de leurs droits jusqu’au dernier centime.
Tous comme un seul homme, ils considèrent qu’il faut préserver ce précieux héritage et condamnent  d’avance toute initiative de bradage de leurs droits.
Il est surtout grand temps, estiment-ils, que le liquidateur les consulte au lieu de travailler de façon totalement désordonnée. Ils ont des propositions à lui faire pour trouver un indispensable compromis. S’il ne valide pas ce que les sociétaires lui diront, Bwanzey ne sortirait de l’ambiguïté qu’à ses dépens.
Dans une récente interview, le chanteur Felix Wazekwa s’était enflammé contre la Sonéca qui ne paie  pas les droits qu’elle perçoit, surtout ceux provenant de l’étranger et révélait qu’il n’était pas membre de la Sonéca. 
En conclusion il proposait sa restructuration afin qu’elle devienne crédible.Bénéficiant des conseils d’une juriste expérimentée dans les droits d’auteur, Kongo Sebene veut rendre sa présence plus visible et promet de jouer le dernier rempart contre les détournements et autres abus d’autorité.
Comprenez que les temps ont changé. Les créateurs ne sont plus ligotés par des statuts comme à l’époque du Parti état. 
Avant, les artistes créateurs congolais ne pouvaient pas adhérer à la Sabam ou à la Sacem en raison des obligations qui les contraignaient à obtenir d’abord le consentement de la Sonéca et du Ministère de tutelle.
Dans un passé récent, la Banque du Zaïre s’attribuait 25 pour cent sur les droits étrangers versés en devises sur le compte de la Sonéca ! Celle-ci  s’octroyait quelque 25 %  pour son fonctionnement (paiement du personnel, des fournisseurs et des  loyers). La Sacem qui récoltait ce pactole retirait elle aussi une commission.
 L’auteur devait se contenter de 3%  payés en monnaie locale gravement dévaluée. Cette époque est révolue.
 Les nouvelles règles professionnelles pour les sociétés des droits d’auteurs adoptées par le Conseil d’Administration de la Cisac et validées par l’assemblée générale du 1juin 2007 prévoient  à l’article 9 a et b permettent désormais aux créateurs et aux éditeurs de toutes les nationalités d’adhérer à la société d’auteur de leur choix.
C’est dire que tous les auteurs-compositeurs longtemps exploités par leurs patrons peuvent maintenant, s’ils le souhaitent, se confier  à la Sacem ou à la Sabam  pour la gestion de leurs droits  dans le monde.
A l’exclusion de la République Démocratique du Congo, évidemment. C’est dire que la Sonéca n’est plus le propriétaire de vos droits.
S’agissant de la problématique des auteurs décédés membres de la Sacem, leurs héritiers peuvent se présenter, au Département Juridique, munis des documents notariés ou du Tribunal attestant leurs qualités d’ayant droit de la personne disparue.
Voilà l’information que le nouveau Liquidateur de la Sonéca n’a certainement pas livrée aux sociétaires.
Selon Saak Saakul qui a mené une enquête personnelle à la source, la Sacem garde précieusement cet argent en attendant que la situation se décante à la Socoda.
Il faut signer des pétitions pour que les anciennes pratiques ne se répètent pas. Les hommes passent, les institutions restent.
L’assemblée est allée encore plus loin. Dans le communiqué final Kongo Sebene sollicite l’intervention de l’Autorité compétente pour que justice soit rendue aux Créateurs Congolais : « tout ce qui a été volé doit-être rendu ».
« Mond’Métis qui représente les musiciens Congolais en Europe s’est à son tour dressé pour qu’aucun détournement ne soit opéré. Des questions ont été posées à la Sacem et des réponses rassurantes ont été obtenues.
Une pétition bien documentée et écrite par un expert est en préparation, et sera adressée au nouveau Gouvernement.
Dona Mobeti, l’initiateur du projet Kongo Sebene  précise : « Ici, on parle des droits de  musiciens, pas de politique. Pensez que des artistes aussi immenses que Nyboma, Faya Tess, Faugus Izeidi ici présents ont été froidement exploités dans leurs orchestres et par la Sonéca ».
Saak Saakul témoigne à son tour : « Depuis 1977, je n’ai rien eu auprès de la Sonéca ». 
Nyboma : »Le manque à gagner est énorme, mais la  Sonéca a été un formidable atout dans le respect des droits des créateurs congolais. Beaucoup d’artistes africains nous enviaient pour cette Société. La propriété déposée est à vie et la transmission se conserve pour des générations. Sacem le dit clairement. »
Madame Masengu révèle : « L’artiste musicien congolais est doué par l’oreille et exécute son art sans qu’une partition ne circule. Le monde nous envie cet héritage. Nos artistes sont immenses et la musique congolaise continue d’avancer. »
Comprenez pourquoi nos musiciens mouraient pauvres et dans le plus grand dénuement. Les Dona Mobeti,Nyboma Mwan’Dido,Sa Majesté Saak Saakul Ier,Seskain Molenga,Faya Tess,Loko Masengo Djeskain,Faugus Izeidi  et autre Jeanpy Wable qui ont participé à cette première réunion de Kongo Sebene ne tiennent pas à ce que leurs jeunes frères revivent  cette situation qui les a condamnés à vivre de la manne de fans et autres mécènes au grand cœur.Si la Socoda doit exister, cela doit se faire sur des bases nouvelles et non d’exploitation des musiciens. A ce jour, les droits ne sont pas correctement rétrocédés.Pour l’heure, il n’est pas question de contester le travail effectué par les collègues de Kinshasa.CP Nila Mbungu/MMC