mea culpian

Publié le 04 mars 2008 par Didier T.
source: http://www.yevrobatsi.org
Voilà, ça y est. Après avoir essayé de me raccrocher à mon passé de petit-fils d'immigré arménien arrivé en France dans les années 20, après avoir tenté de m'intégrer dans cette communauté qui est la mienne et qui m'était étrangère depuis des décennies, voilà que j'ai raté le coche. Quelques soucis d'organisation à régler, un décrochage de deux jours vis-à-vis de la fenêtre internet à travers laquelle je regarde tous les jours (ou presque), et voilà que dans mon dos, ce pays que je ne connais toujours pas se met à marcher sur la tête. Dans le présent, dans le vrai, dans la conscience d'une réalité mortelle que je commence, en ce mardi, à comprendre avec effroi. "Mon" pays va mal. "Mon" pays s'est extirpé des griffes de l'empire soviétique au début des années 90, et je croyais naïvement qu'il allait passer outre ses velléités clientélistes propres à ces démocraties en gestation pour devenir un pays libre, un pays plein d'avenir, où la jeunesse un peu insouciante et marquée d'occidentalité allait avancer vers ce que j'ai toujours connu et qui part en couille, c'est à dire un pays comme la France, de ces pays qui vous protègent et calment vos peurs.
La peur est arrivée. Simplement, à cause d'élections étranges, d'élections faussement démocratiques surveillées par des observateurs extérieurs bienveillants, soucieux d'accompagner ce pays nouveau-né vers des cieux de liberté. Je ne cherche pas l'emphase, je décris le voeu pieu. Et voilà qu'un peuple, le mien en l'occurrence, se retrouve à vouloir manifester contre l'injustice d'une élection truquée, manoeuvrée, preneuse d'otage des médias, acheteuse de voix, bourreuse d'urnes, une saloperie à la façon de ces pays qu'on considère souvent comme arriérés.
Un sitting pacifiste qui se transforme en place Tian'anmen, huit morts officielles, sûrement plus. Un peuple qui conteste un résultat anti-démocratique qui s'est servi de ce simulacre démocratique pour assoir un pouvoir qui n'a aucune légitimité. J'avoue que je comprends pas tout. Entre un site comme yevrobatsi.org qui montre les choses comme elles sont et d'autres sites qui se camouflent derrière un discours officiel pour minimiser la crise, je suis paumé.
Mais voilà, les choses sont là, présentes, factuelles, un état d'urgence vient d'être décrété dans ce pays que je croyais plein d'avenir, et qui vient de prouver (son gouvernement je veux dire), que rien n'a changé, que le pouvoir est une drogue et la dose quotidienne sent le sang et la corruption.
Je m'excuse de n'avoir pas attrapé la balle au bond, je m'excuse de n'avoir pas participé aux cris des Arméniens libres qui ont dénoncé l'inconcevable.
Maintenant ? Il ne me reste qu'à écrire un post dérisoire pour me raccrocher au wagon. Mais c'est trop tard, et je n'ai rien fait, à part nager dans ma flaque d'eau alors que l'océan est en pleine tempête.
Publié par les diablotintines - Une Fille - Mika - Zal - uusulu