Intouchables

Publié le 08 janvier 2012 par Sheumas

   Berlioz... Est-ce une cité HLM ou un grand musicien romantique ? La musique de Vivaldi ou de Bach vaut-elle mieux que celle de Cool and the Gang ? Pourquoi un tableau où le peintre « a saigné du nez » sur un fond blanc (et qui se vend plus quarante mille euros dans une galerie branchée) suscite-t-il une émotion artistique ? Une femme est-elle plus réceptive à la poésie de Charles Baudelaire ou au contact sur ses doigts du lobe de l’oreille de son partenaire ? Il y a là sujets à délicieuses polémiques...

     Surtout lorsque l’interlocuteur est paraplégique, que la frontière de ses sensations s’interrompt au niveau de ses épaules et qu’il s’est enfin trouvé un drôle de garde-malades un brin iconoclaste... Un vrai régal dans un palace où tout est glace et dorure. D’autant que le garde-malades vient d’un autre monde, un monde où il a notamment appris le sens de l’humour et de la répartie.

   Certes, le grand gaillard dérange dans ce milieu. On le trouve mal élevé, vulgaire et violent. Mais il a du cœur et il aime la vie. Pas la vie médicalisée, mais la vie qui parle de grand air, de parapente, de grosses voitures et de belles meufs qu’on kiffe grave. Les intouchables sont devenus inséparables. En compagnie de son copain paraplégique, le grand noir voltige. Il n’apprend pas son métier, il improvise, il improvise parce qu’il sent qu’à son contact, son patient est devenu aérien au-dessus de son fauteuil roulant, et que le spectateur, accroché aux accoudoirs, a lui aussi décollé !