Le Hérisson, miroir de la société.

Publié le 08 janvier 2012 par Livmarlene

***** C’est décidé, ce soir, je regarde Le Hérisson. Mes lecteurs fidèles savent l’affection que je porte à ce petit animal. Et pour cause, je me sens parfois comme la concierge d’un immeuble vide, invisible pour des voisins toujours pressés et anxieux à l’idée qu’on leur demande quoi que ce soit. L’argent va souvent de pair avec cette crainte viscérale d’être approché en prévision de la demande ultérieure d’une faveur. Muriel Barbéry, dans son roman délicieux, L’élégance du hérisson, le montre avec subtilité. Liberté, égalité, fraternité, ce sont de jolis mots qui ornent avantageusement le fronton des écoles publiques et la façade des mairies. Mais dans les faits, on peut se poser la question de la place qu’ils tiennent dans les décisions, à tous les niveaux de la société. Liberté, oui mais pas au sens que Sartre donnait au terme, pas question d’être libre de faire le “mal”, surtout quand ce mal consiste à dépasser la vitesse limite autorisée sur l’autoroute de dix kilomètres par heure. Là, on a toutes les chances de se faire tirer le portrait par un radar fixe ou mieux encore, par un volatile derrière une paire de jumelles ! Et en ce début d’hiver, laissez-moi vous rappeler ceci, chers compatriotes : La liberté d’être malade s’arrête où commencent les jours de carence. Egalité, oui oui, tous égaux devant le droit de fermer notre gueule, puisque les conditions à réunir pour pouvoir organiser un referendum d’initiative citoyenne sont quasiment impossibles à remplir. Puis bon, l’égalité, faudrait quand même pas trop l’idéaliser. D’aucuns lui trouvent des airs de propagande communiste. Imaginez l’horreur, tout le monde possédant la même chose, c’est-à-dire quasiment rien. Alors que les riches, on en a besoin ! Parfaitement.  D’abord, pour faire rêver le petit peuple qui, avec la mise en place de la TVA sociale, risque de se jeter de plus en plus sur les loteries de la Française des jeux.
Les Inconnus Auteuil, Neuilly, Passy par darman40
Ensuite, pour consommer et donc faire tourner l’économie ! (Sauf que plus on a d’argent, plus on en épargne. Du moins, il me semble.)  Enfin, parce que pour qu’il n’y ait plus que des gens modestes en France, il faudrait déjà raboter sauvagement les salaires de la classe politique (Petit hommage à Claude François “Si j’avais un rabot...”) et comme les gens sensés s’abstiennent généralement de scier la branche sur laquelle ils sont perchés, c’est pas demain la veille que les députés seront au SMIC.
Si j'avais un marteau - Claude François par d0___0b
Fraternité enfin, oui oui et reoui, tous français, tous solidaires de Guy Moquet, tous héritiers de Jaurès, De Gaulle et de Jeanne d’Arc (même si techniquement, ce n’est pas possible), tous européens face aux attaques des marchés financiers... Oui mais, attention, y’en a, avec leurs gueules de métèques, y seraient les enfants du facteur que ça n’étonnerait personne... Parce que c’est difficile de se sentir solidaires de gens qui dansent le sirtaki devant des frigos vides (quelle drôle d’idée !). Nous, Français, devons nous mordre la langue pour ne pas leur asséner : “Et bien, chantez maintenant.”
Georges Moustaki : Le Métèque (1969) par TeleMelody
Si ce billet vous a quelque peu sapé le moral, alors je vous conseille de suivre ma suggestion télé pour ce soir, je le répète bien que n’ayant aucun intérêt financier à soutenir  ce programme : Le Hérisson. Si le film est à moitié aussi rafraichissant que le livre, alors vous passerez un bon moment. Mais attention, prenez garde de bien zaper un peu avant la fin, car toujours sous réserve que l’adaptation soit fidèle au roman, la fin pourrait se résumer ainsi : Patatrac !