[Critique DVD] L’ange du mal

Par Gicquel

A défaut de la version originale, je me suis rabattu sur une version française qui malheureusement n’est pas très bonne. Elle édulcore sérieusement la saveur et la couleur de la langue Italienne, surtout quand il s’agit de parler de mafia, braquage et enlèvement.

C’est le lot du quotidien de notre héros Renato Vallanzasca, un personnage qui vit encore aujourd’hui au fin fond d’une prison. Ses mémoires ont inspiré le réalisateur patenté en la matière, Michele Placido , déjà auteur de l’excellent «  Romanzo Criminale ». Un film de gangster sur «  les années de plomb » dont l’esprit est ici curieusement absent. Version française mise à part, Placido est devenu très académique.

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Les faits et méfaits de Vallanzasca ont pourtant de quoi nourrir des images et des dialogues à n’en plus finir. Ce que fait notre réalisateur, pendant plus de deux heures,  mais de manière si formelle que les comédiens  ne savent pas sur quel pied avancer.

Les dialogues sonnent faux, les scènes sont convenues ; les confrontations qui se voudraient tendues, voire dangereuses tombent à plat. Je pense à la relation qu’entretient le héros avec un autre caïd de la place. Et à la gestion calamiteuse de Vallanzasca face à son frère, héroïnomane  de première, qui lui vaudra bien des ennuis.

La dramaturgie est forte, mais la mise en scène ne suit pas ; Placido contemple plus qu’il n’agit. Et quand l’action donne le ton, Kim Rossi Stuart, dans le rôle titre à l’air d’une marionnette d’opérette. Le ralenti, utilisé à contre-emploi, plombe l’édifice.

Au bout du compte le juste portrait de celui que l’on appelait «  L’ange du mal » demeure incertain, noyé dans une succession de méfaits que le réalisateur égrène sans conviction. Il lui faut du temps pour tout mettre en ordre et trouver la bonne dynamique , l’expression vraie d’un personnage qui avait certainement plus à dire que ce que le film veut bien nous faire voir et entendre.

LES SUPPLEMENTS

  • Le making of

Tout le monde s’y exprime, notamment sur la rencontre avec le vrai gangster. On le trouve alors sensible et très gentil, «  et il ne fallait pas que je me laisse influencer par le personnage alors, qu’il venait de passer 40 ans en prison. Il en a presque 70 aujourd’hui et ce n’est plus le même homme » prévient le réalisateur, laissant tout loisir à son acteur de poursuivre ses entretiens avec le prisonnier. S’en dégage le portrait d’un homme adulé par toute une population et notamment par les femmes.

  •  Les scènes coupées

Elles sont intéressantes à voir, surtout la dernière, quand notre héros raccompagne sa conquête auprès de sa mère. Ceci dit elles n’apportent rien de plus au film. Coupées à juste titre, donc.

  •  Entretien avec Kim Rossi Stuart

De «Romanzo criminale » à «  L’ange du mal », le comédien ne peut s’empêcher d’établir des comparaisons sur les deux personnages qu’il interprétait, sous les ordre du même metteur en scène. Ou l’histoire de l’Italie, à travers ses bandits «  à cette époque à Milan c’était quasiment le western ». Le comédien évoque aussi la bronca contre ce film qui «  soi-disant faisait la part trop belle à Vallanzasca ». Des policiers distribuaient des tracts devant les salles de cinéma. Le film a été largement boycotté.

Après quoi Stuart parle de son premier film en tant que réalisateur (l’excellent «Libero », tourné en 2006)  de ses rapports avec le metteur en scène, de sa culture cinématographique…